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"Je reconnais aujourd'hui que mon addiction était incompatible avec ma profession", "je regretterai ce décès toute ma vie", a-t-elle déclaré devant le tribunal correctionnel. Mince, chevelure courte grisonnante, pull-over turquoise, l'anesthésiste a lu une déclaration, sans un regard pour la famille de la victime, Xynthia Hawke, en expliquant qu'elle souhaitait ensuite garder le silence pour ce procès qui dure jusqu'à vendredi. "Je considère qu'on m'a fait porter seule le poids de ce drame", a notamment justifié celle qui a souvent minimisé sa responsabilité au cours de l'enquête, invoquant notamment des difficultés de communication au sein de l'équipe du bloc. Elle a expliqué n'être "pas encore capable de maîtriser" son alcoolisme, tout en assurant ne pas vouloir se "faire passer pour une victime". Six ans après les faits, l'anesthésiste doit répondre d'"homicide involontaire", un délit punissable de trois ans de prison maximum. Sous contrôle judiciaire, elle vit chez ses parents en Belgique. Le 26 septembre 2014, alors qu'elle était sous l'emprise de l'alcool, elle avait multiplié les erreurs médicales lors d'une césarienne pratiquée sur Xynthia Hawke, Britannique de 28 ans, dont le terme était dépassé de quelques jours, selon l'accusation. Le Dr Wauters, de garde, lui avait posé une péridurale dans l'après-midi mais l'accouchement se compliquant, une césarienne en urgence était devenue nécessaire. A son retour, l'anesthésiste sentait l'alcool selon des témoins. Alors que le bébé était extrait vers 22H20, tout avait basculé. "Xynthia va se mettre à bouger, se réveiller, elle vomit. Elle se débat et réussit à s'arracher le tube", a relaté le major de gendarmerie dans sa déposition devant le tribunal. D'après les témoignages confirmés par une expertise, le médecin, en poste depuis une dizaine de jours, avait intubé les voies digestives, au lieu des respiratoires. Puis le médecin avait utilisé un ballon non relié à de l'oxygène au lieu du respirateur du bloc, qu'elle ne savait pas utiliser. La jeune Britannique était décédée quatre jours plus tard des suites d'un arrêt cardio-respiratoire, sans voir son bébé, sain et sauf. Devant les enquêteurs, elle reconnaîtra avoir commencé sa journée par un mélange de vodka et d'eau, "comme tous les jours" depuis dix ans et être sortie dans la soirée prendre un "verre de rosé" ou deux chez des amis. Etudiante "brillante", selon le gendarme, cette ancienne internationale de hockey sur gazon, née d'un père gynécologue et d'une mère économiste, avait plongé dans l'alcoolisme après une séparation d'avec sa compagne en 2005. Malgré deux licenciements pour faute grave liés à son alcoolémie en Belgique, "ses antécédents n'ont jamais été signalés à l'ordre des médecins belges", a relevé l'enquêteur de gendarmerie.AFP