"Je viens de San Pedro Sula, j'avais un atelier mécanique là-bas. Les gangs voulaient que je les paie, mais j'ai refusé... D'abord, ils m'ont dit que si je restais sans payer, ils prendraient mon sang et celui de mes enfants. L'année dernière, ils m'ont tiré trois fois dans la tête, vous pouvez voir les cicatrices. Mais ce qui est le pire, c'est que je ne peux plus vivre dans mon pays; j'ai peur chaque jour de me faire tuer ou qu'ils s'en prennent à ma femme ou à mes enfants. Ça me peine de devoir fuir sans arrêt".

Ces mots ont été prononcés par un père de 30 ans en provenance du Honduras lors d'une entrevue avec les équipes médicales Médecins Sans Frontières (MSF) au Mexique. Il est l'une des 300 000 personnes qui quittent le Salvador, le Honduras et le Guatemala chaque année. Son histoire souligne la réalité de beaucoup de gens qui se déplacent vers le nord par le Mexique pour fuir leur pays d'origine, où les niveaux de violence s'apparentent à ceux des zones de guerre comme l'Afghanistan ou le Yémen.

Exposés à l'extorsion, à la violence et à la torture

Enlèvements, extorsions, viols, agressions, torture et meurtres figurent parmi les menaces auxquelles font face les migrants sur leur route. Ces risques ont été grandement amplifiés par le resserrement du contrôle des frontières mis en oeuvre ces dernières années pour freiner le flux de migrants vers le nord au Mexique et vers les États-Unis. Depuis le lancement en 2014 du plan mexicain Frontera Sur, un resserrement de la sécurité des frontières financé en partie par les États-Unis, les migrants se sont retrouvés dans une double impasse : ils ont été forcés de s'engouffrer encore davantage dans la clandestinité en empruntant les voies opérées en toute impunité par le crime organisé, en plus d'être davantage susceptibles de rester piégés là-bas, incapables de fuir vers le nord ni de revenir dans leur pays natal. Les murs de frontière virtuels érigés en 2014 ont entraîné une augmentation de 19% de la violence subie par les patients de MSF le long des routes migratoires du Mexique, où ils ont été exposés à la torture, à la cruauté et à des traumatismes horribles.

68% des interrogés sont victimes de violences

MSF offre une aide médicale de base et des consultations en santé mentale à différents endroits le long de ces routes migratoires et a également ouvert un centre de réadaptation à Mexico destiné aux victimes de torture, qui nécessitent souvent des soins complets (chirurgicaux et neurologiques) pour recouvrer une fonctionnalité de base.

Sur les 467 personnes interrogées par les équipes de MSF, plus de 68% ont déclaré avoir été victimes de violence en voyageant vers le nord par le Mexique, et plus d'un dixième d'entre eux ont été victimes d'au moins trois événements violents. Près d'un tiers des femmes interrogées avaient été victimes de violence sexuelle. Un quart des consultations médicales dans les programmes de migrants de MSF résultaient d'un traumatisme intentionnel perpétré par les gangs et les forces de sécurité mexicaines.

Près de 40% des répondants ont cité les attaques directes et les menaces de violence dans leur pays d'origine comme raisons de leur déplacement. Près de la moitié d'entre eux avaient un parent mort dans la violence au cours des deux dernières années; pour les Salvadoriens seuls, cette proportion était de 56%.

Ces chiffres cliniques témoignent du niveau de dépravation rencontré par les victimes de cette violence : les mutilations infligées pour obtenir de force les numéros de téléphone des membres de sa famille pour l'extorsion, des meurtres grotesques commis à titre de "violence exemplaire" dans le but de terroriser les autres.

Le droit de fuir la violence et de demander l'asile

Le renforcement des frontières a un impact humain sur ceux qui cherchent non seulement des opportunités, mais aussi la plus élémentaire sécurité pour eux-mêmes et leurs familles. Ces personnes jouissent du droit internationalement reconnu de fuir des niveaux insoutenables de violence, les conflits et la persécution dans leur pays d'origine et de demander l'asile.

Remettre en question ces politiques n'est pas un appel simpliste pour des contrôles de frontières plus ouverts ou généreux. C'est un rappel des responsabilités et obligations humanitaires des pays, en particulier pour les réfugiés qui fuient la violence et des conditions semblables à la guerre-- notamment dans des endroits comme le Honduras, le Salvador et le Guatemala, que nous ne considérons habituellement pas de cette manière.

Même les politiques de dissuasion les plus vigoureuses-- allant des mesures d'interdiction et des déportations jusqu'à la construction de murs -- n'empêcheront pas les gens de chercher la sécurité ou tenter de survivre. Mais ils forcent les réfugiés et les demandeurs d'asile désespérés à se tourner vers des réseaux de migration clandestins de plus en plus cruels et violents. En conséquence, ils ne sont pas en mesure d'obtenir des soins médicaux, même s'ils se trouvent davantage exposés à des traumatismes, à l'abus, et même à la mort.

Chaque personne a le droit d'échapper à sa situation en quête de sécurité, et sa capacité à le faire est protégée en vertu du droit international des réfugiés. Cela s'applique aux familles qui fuient la violence en Amérique centrale, autant qu'à celles qui fuient la guerre en Syrie ou ailleurs. Et bien que les pays où ces gens se réfugient ne sont pas tenus d'accorder l'asile à tous ceux qui arrivent sur leur territoire, ils ont la responsabilité d'examiner toutes les demandes et d'assurer que personne n'est renvoyé dans les pays où ils risquent la persécution ou la torture.

"Je viens de San Pedro Sula, j'avais un atelier mécanique là-bas. Les gangs voulaient que je les paie, mais j'ai refusé... D'abord, ils m'ont dit que si je restais sans payer, ils prendraient mon sang et celui de mes enfants. L'année dernière, ils m'ont tiré trois fois dans la tête, vous pouvez voir les cicatrices. Mais ce qui est le pire, c'est que je ne peux plus vivre dans mon pays; j'ai peur chaque jour de me faire tuer ou qu'ils s'en prennent à ma femme ou à mes enfants. Ça me peine de devoir fuir sans arrêt".Ces mots ont été prononcés par un père de 30 ans en provenance du Honduras lors d'une entrevue avec les équipes médicales Médecins Sans Frontières (MSF) au Mexique. Il est l'une des 300 000 personnes qui quittent le Salvador, le Honduras et le Guatemala chaque année. Son histoire souligne la réalité de beaucoup de gens qui se déplacent vers le nord par le Mexique pour fuir leur pays d'origine, où les niveaux de violence s'apparentent à ceux des zones de guerre comme l'Afghanistan ou le Yémen.Exposés à l'extorsion, à la violence et à la tortureEnlèvements, extorsions, viols, agressions, torture et meurtres figurent parmi les menaces auxquelles font face les migrants sur leur route. Ces risques ont été grandement amplifiés par le resserrement du contrôle des frontières mis en oeuvre ces dernières années pour freiner le flux de migrants vers le nord au Mexique et vers les États-Unis. Depuis le lancement en 2014 du plan mexicain Frontera Sur, un resserrement de la sécurité des frontières financé en partie par les États-Unis, les migrants se sont retrouvés dans une double impasse : ils ont été forcés de s'engouffrer encore davantage dans la clandestinité en empruntant les voies opérées en toute impunité par le crime organisé, en plus d'être davantage susceptibles de rester piégés là-bas, incapables de fuir vers le nord ni de revenir dans leur pays natal. Les murs de frontière virtuels érigés en 2014 ont entraîné une augmentation de 19% de la violence subie par les patients de MSF le long des routes migratoires du Mexique, où ils ont été exposés à la torture, à la cruauté et à des traumatismes horribles.MSF offre une aide médicale de base et des consultations en santé mentale à différents endroits le long de ces routes migratoires et a également ouvert un centre de réadaptation à Mexico destiné aux victimes de torture, qui nécessitent souvent des soins complets (chirurgicaux et neurologiques) pour recouvrer une fonctionnalité de base.Sur les 467 personnes interrogées par les équipes de MSF, plus de 68% ont déclaré avoir été victimes de violence en voyageant vers le nord par le Mexique, et plus d'un dixième d'entre eux ont été victimes d'au moins trois événements violents. Près d'un tiers des femmes interrogées avaient été victimes de violence sexuelle. Un quart des consultations médicales dans les programmes de migrants de MSF résultaient d'un traumatisme intentionnel perpétré par les gangs et les forces de sécurité mexicaines.Près de 40% des répondants ont cité les attaques directes et les menaces de violence dans leur pays d'origine comme raisons de leur déplacement. Près de la moitié d'entre eux avaient un parent mort dans la violence au cours des deux dernières années; pour les Salvadoriens seuls, cette proportion était de 56%.Ces chiffres cliniques témoignent du niveau de dépravation rencontré par les victimes de cette violence : les mutilations infligées pour obtenir de force les numéros de téléphone des membres de sa famille pour l'extorsion, des meurtres grotesques commis à titre de "violence exemplaire" dans le but de terroriser les autres. Le renforcement des frontières a un impact humain sur ceux qui cherchent non seulement des opportunités, mais aussi la plus élémentaire sécurité pour eux-mêmes et leurs familles. Ces personnes jouissent du droit internationalement reconnu de fuir des niveaux insoutenables de violence, les conflits et la persécution dans leur pays d'origine et de demander l'asile.Remettre en question ces politiques n'est pas un appel simpliste pour des contrôles de frontières plus ouverts ou généreux. C'est un rappel des responsabilités et obligations humanitaires des pays, en particulier pour les réfugiés qui fuient la violence et des conditions semblables à la guerre-- notamment dans des endroits comme le Honduras, le Salvador et le Guatemala, que nous ne considérons habituellement pas de cette manière.Même les politiques de dissuasion les plus vigoureuses-- allant des mesures d'interdiction et des déportations jusqu'à la construction de murs -- n'empêcheront pas les gens de chercher la sécurité ou tenter de survivre. Mais ils forcent les réfugiés et les demandeurs d'asile désespérés à se tourner vers des réseaux de migration clandestins de plus en plus cruels et violents. En conséquence, ils ne sont pas en mesure d'obtenir des soins médicaux, même s'ils se trouvent davantage exposés à des traumatismes, à l'abus, et même à la mort. Chaque personne a le droit d'échapper à sa situation en quête de sécurité, et sa capacité à le faire est protégée en vertu du droit international des réfugiés. Cela s'applique aux familles qui fuient la violence en Amérique centrale, autant qu'à celles qui fuient la guerre en Syrie ou ailleurs. Et bien que les pays où ces gens se réfugient ne sont pas tenus d'accorder l'asile à tous ceux qui arrivent sur leur territoire, ils ont la responsabilité d'examiner toutes les demandes et d'assurer que personne n'est renvoyé dans les pays où ils risquent la persécution ou la torture.