Paroles de médecins # Sans Voix, dans le JDM du 13 janvier 2022, N°2698. Extraits.

Dr Sylvie Lepiece: " Je suis vraiment découragée et choquée du manque de réflexion sur le fond de la crise actuelle. ..."

Dr Caroline Depuydt: " ...soigner ...sans être noyée d'injonctions contradictoires..."

Dr Nora Lodiso: "... les revaloriser (le personnel) pour que nos hôpitaux retrouvent toutes les mains nécessaires."

Dr Florence Bonkain: " ...corvéable à merci...sur le plan administratif..., ne pas impliquer, voire bypasser... la première ligne."

Dr David Simon: " ...Je suis sans voix quand le ministre propose une loi qui prévoit de confisquer les données du dossier médical..."

La réflexion sur le fond de la crise

La demande de réflexion du Dr Lepiece risque d'être inaudible. Pour deux motifs: 1° le cloisonnement confortable des statuts et des métiers, 2° une attirance malsaine pour les opinions clivantes. Toute réflexion sur le fond exige un regard panoramique s'efforçant de suivre comment les trois fronts de la liberté (physique, politique et économique) traversent la société. Il y a là un continuum d'aspects éminemment généralistes, continuum brisé par les pseudo spécialisations. Au point que les médecins ne devraient plus s'occuper ni d'éthique ni de psychologie ni de justice ni de communication, mais suivre les directives d'experts sans plus oser se fier à leur expérience des malades, à leur propres capacités de dialogue et à leur jugement, qualités généralistes essentielles même dans l'exercice de spécialités pointues. Là se situe sans doute une des causes de l'impact des marchands de doutes, des fabricants de fake news et autres complotistes. Dans une telle atmosphère, parler de subtilité dans l'art de répartir les libertés décisionnelles ne produit pas plus de décibels qu'un murmure. Et pourtant, ce murmure, il faut l'amplifier envers et contre tout, de bouche à oreilles entre malades, médecins, soignants et autres métiers au contact du réel.

Tant que les libres-choix du médecin, du type de pratique et de l'hôpital restent garantis, notre système conserve sa qualité primordiale: LA LIBERTÉ.

Faiblesse politique, est-ce grave, docteur?

Tant que les libres-choix du médecin, du type de pratique et de l'hôpital restent garantis, notre système conserve sa qualité primordiale: LA LIBERTÉ. Les étrangers la découvrent avec bonheur alors que les Belges n'en sont plus conscients. Peut-on alors vraiment parler de faiblesse politique? La pandémie a montré que oui. Pour les médecins et plus encore pour les soignants et bien d'autres métiers de terrain. Car l'ampleur de la menace virale, objet de controverses dès le début, a entraîné des réactions de panique avec des attentes considérables des autorités politiques et scientifiques. Malheureusement les vraies incertitudes résistent à toutes les expertises. Nul ne disposant d'un savoir inédit pour départager les scientifiques, qui croire et qui doit trancher? Les politiques, décideurs de dernier recours par définition. Mais cela ne veut pas dire qu'ils doivent tout imposer dans les détails. Que les médecins aient cru devoir se plier à des quasi interdictions de soigner signe indéniablement une faiblesse politique. Reste à éviter que cela ne se reproduise.

L'essentiel à retenir

-Face à des incertitudes à grande échelle, éviter les centres de décisions uniques. En cas d'erreur, des décisions massives ont des conséquences massives.

-Au contraire, déployer une subtile hiérarchie de centres de décisions flexibles étagés des gouvernants aux gouvernés jusqu'au praticiens de terrain. Cela permet de restreindre le nombre de victimes en cas de mauvaise décision et d'ajuster rapidement les mesures en comparant les résultats des uns et des autres. A l'échelle des états, de telles analyses enrichissent déjà les informations sur le bon usage des tests, de la vaccination, de la ventilation... et sur les personnes à protéger prioritairement.

Suite dans l'épisode 4/11 Faiblesse économique des médecins. Qui va le croire?

Résumé : un virus remet les pendules de LA LIBERTÉ

Un virus remet les pendules de LA LIBERTÉ à l'heure des garde-fous pour la défendre.Un tour de la petite aiguille des droits pour douze tours de la grande aiguille des devoirs.Et chacun de lire les cadrans et d'en écouter les tictacs selon ses dispositions.La liberté se joue sur trois fronts indissociables, physique, politique et économique.Les bien-portants n'aiment guère la frugalité favorable à la santé, reine des libertés physiques ; les citoyens oublient combien leurs libertés politiques dépendent autant d'eux-mêmes que des partis ou des institutions ; enfin, le confort financier efface toute idée de contrainte sur la liberté économique. Pourtant, loin d'être du grand n'importe quoi, LA LIBERTÉ ne va pas sans pressions physiques et sociales.Cela semble évident mais ne l'est pas du tout, car les décisions ne se prennent pas de la même manière sur le terrain des pratiques, dans les étages intermédiaires et aux sommets des grandes organisations.Pour les malades, la perte de liberté physique justifie une certaine soumission à d'autres, médecins, soignants, pompiers, ambulanciers.... À la nuance près que d'en haut, la loi protège la liberté des soignés puisque rien ne peut leur être prescrit sans leur consentement. Il y aurait donc une hiérarchie subtile des libertés. Hélas, la subtilité ne s'étend pas à nombre de décisions unilatérales, dictées d'en haut. C'est préoccupant, car face à des situations pleines d'incertitudes, une subtile répartition de centres libres de décider permet de limiter les conséquences d'éventuelles erreurs. La faiblesse des praticiens sur le front politique mérite donc toute notre attention.

Paroles de médecins # Sans Voix, dans le JDM du 13 janvier 2022, N°2698. Extraits.Dr Sylvie Lepiece: " Je suis vraiment découragée et choquée du manque de réflexion sur le fond de la crise actuelle. ..." Dr Caroline Depuydt: " ...soigner ...sans être noyée d'injonctions contradictoires..." Dr Nora Lodiso: "... les revaloriser (le personnel) pour que nos hôpitaux retrouvent toutes les mains nécessaires." Dr Florence Bonkain: " ...corvéable à merci...sur le plan administratif..., ne pas impliquer, voire bypasser... la première ligne." Dr David Simon: " ...Je suis sans voix quand le ministre propose une loi qui prévoit de confisquer les données du dossier médical..." La demande de réflexion du Dr Lepiece risque d'être inaudible. Pour deux motifs: 1° le cloisonnement confortable des statuts et des métiers, 2° une attirance malsaine pour les opinions clivantes. Toute réflexion sur le fond exige un regard panoramique s'efforçant de suivre comment les trois fronts de la liberté (physique, politique et économique) traversent la société. Il y a là un continuum d'aspects éminemment généralistes, continuum brisé par les pseudo spécialisations. Au point que les médecins ne devraient plus s'occuper ni d'éthique ni de psychologie ni de justice ni de communication, mais suivre les directives d'experts sans plus oser se fier à leur expérience des malades, à leur propres capacités de dialogue et à leur jugement, qualités généralistes essentielles même dans l'exercice de spécialités pointues. Là se situe sans doute une des causes de l'impact des marchands de doutes, des fabricants de fake news et autres complotistes. Dans une telle atmosphère, parler de subtilité dans l'art de répartir les libertés décisionnelles ne produit pas plus de décibels qu'un murmure. Et pourtant, ce murmure, il faut l'amplifier envers et contre tout, de bouche à oreilles entre malades, médecins, soignants et autres métiers au contact du réel. Tant que les libres-choix du médecin, du type de pratique et de l'hôpital restent garantis, notre système conserve sa qualité primordiale: LA LIBERTÉ. Les étrangers la découvrent avec bonheur alors que les Belges n'en sont plus conscients. Peut-on alors vraiment parler de faiblesse politique? La pandémie a montré que oui. Pour les médecins et plus encore pour les soignants et bien d'autres métiers de terrain. Car l'ampleur de la menace virale, objet de controverses dès le début, a entraîné des réactions de panique avec des attentes considérables des autorités politiques et scientifiques. Malheureusement les vraies incertitudes résistent à toutes les expertises. Nul ne disposant d'un savoir inédit pour départager les scientifiques, qui croire et qui doit trancher? Les politiques, décideurs de dernier recours par définition. Mais cela ne veut pas dire qu'ils doivent tout imposer dans les détails. Que les médecins aient cru devoir se plier à des quasi interdictions de soigner signe indéniablement une faiblesse politique. Reste à éviter que cela ne se reproduise. -Face à des incertitudes à grande échelle, éviter les centres de décisions uniques. En cas d'erreur, des décisions massives ont des conséquences massives. -Au contraire, déployer une subtile hiérarchie de centres de décisions flexibles étagés des gouvernants aux gouvernés jusqu'au praticiens de terrain. Cela permet de restreindre le nombre de victimes en cas de mauvaise décision et d'ajuster rapidement les mesures en comparant les résultats des uns et des autres. A l'échelle des états, de telles analyses enrichissent déjà les informations sur le bon usage des tests, de la vaccination, de la ventilation... et sur les personnes à protéger prioritairement.