Le procès De Gelder aura mis en avant le rôle important joué par les experts-psychiatres. Face aux nombreuses critiques, ceux-ci répliquent et s'expliquent. Et dénoncent au passage des conditions de travail peu engageantes.
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Le rôle joué par les experts-psychiatres dans le procès De Gelder aura fait couler beaucoup d'encre. Et entraîné de nombreuses critiques. D'aucuns ont ainsi avancé que des experts ne pouvaient dresser un diagnostic en passant " à peine quelques heures " avec l'accusé." C'est une critique extérieure, d'analystes qui ne connaissent pas l'univers médical. Ou qui n'ont tout simplement pas réfléchi ", rétorque le Dr Walter Poelman qui, même si le terme n'existe pas officiellement, se définit comme " psychiatre-légiste ". " Voir quelqu'un, lui parler, suffit pour dire s'il est fou ou non. Attention, décrire sa personnalité, c'est autre chose, cela demande une anamnèse très fouillée, une véritable enquête, ... Mais quant à savoir si c'est quelqu'un qui délire ou non, si vous êtes psychiatre, vous aurez rapidement la réponse. "" Il y a des pathologies mentales qui ne demandent que quelques minutes ", confirme le Dr Paul Lievens, vice-président de l'Union professionnelle belge des médecins spécialisés en psychiatrie. " Pour nous, c'est comme constater une jambe cassée. On a parfois l'impression, lorsqu'on écoute certains, que les choses qui prennent du temps sont forcément mieux faites. Mais c'est une erreur. "Formés sur le tasDurant les dernières semaines, plusieurs experts-psychiatres ont profité de leur présence dans les médias du Royaume pour dénoncer leurs conditions de travail. Et leur rémunération. " Oui, si on nous payait à l'heure, ce serait pas mal... ", sourit le Dr Lievens. " On ne se rend parfois pas compte que derrière notre avis, se cachent un travail de réflexion et un travail de rédaction."Chaque expertise, quelle qu'elle soit, est payée 350 euros. " C'est tout simplement ridicule ", glisse le Dr Poelman. " La charge de travail varie, dépend de l'âge et de la personnalité de l'accusé, du type de crime commis, ... Quand on est plusieurs experts, cela prend du temps, il faut comparer les avis, le rapport circule. On doit aller en prison, s'humilier dans les détecteurs, attendre. Attendre longtemps, parfois. Sans oublier une incroyable pression, celle des magistrats qui veulent le rapport, des médias, des plaignants, ... "Les magistrats étant libres de choisir leurs experts, n'importe quel psychiatre peut être appelé à la barre. " Un magistrat cherche quelqu'un, on cite votre nom, on vous contacte et voilà. La formation a lieu sur le tas ", indique le Dr Poelman, qui fréquente les cours et tribunaux depuis une trentaine d'années. " Si on veut faire ça sérieusement, on peut évidemment se renseigner, lire de la documentation, poser des questions, étudier les réponses. On acquiert de l'expérience au fur et à mesure. Mais il est impossible de bâtir toute une carrière dans cet univers-là. Pourquoi le faire alors ? Je ne vois que deux explications : soit c'est par passion ou par idéalisme, soit c'est par obligation, pour ceux qui n'ont plus que ça. ">>> Découvrez l'intégralité de cet article dans les pages du Journal du médecin paru ce vendredi 29/03.