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Publié pour la première fois l'année passée, la médiatisation de ce rapport dans la presse générale n'avait pas fait que des heureux. Certains hôpitaux avaient eu l'impression d'être cloués au pilori suite à la présentation de tableaux comparatifs par région.Dans ce nouvel opus, l'institut scientifique de santé publique estime que des progrès importants ont été observés en 2015 au niveau de tous les points faibles identifiés en 2013. Le site de l'ISP dévoile les scores des 103 hôpitaux participants pour 3 indicateurs : l'organisation, les ressources et les actions entreprises. Ces trois indicateurs sont construits en se basant sur plusieurs sous-indicateurs. Par exemple, pour l'indicateur "ressources" sont pris en compte 7 critères : nombre total de participants aux formations en hygiène hospitalière (HH), nombre total d'heures de formation interne dispensée par l'équipe HH au personnel de l'hôpital, nombre de référent par USI... Le rapport révèle qu' "il existe une grande variabilité entre les hôpitaux en ce qui concerne le nombre d'heures de formation ainsi que le nombre de participants à ces activités." 4 hôpitaux ont un score bas dans la catégorie "moyens" (voir graphique N°1). Au niveau des indicateurs d'"organisation", 7 hôpitaux sur 10 ont intégré leur plan stratégique en hygiène hospitalière dans leur plan stratégique de l'hôpital. Ils n'étaient que 4 sur 10 en 2013. L'ISP constate également une amélioration de la surveillance des infections aux soins intensifs (68% en 2015 VS 52 % en 2013) et de celle des infections de site opératoire (40% vs 18%)). Au total, un seul hôpital à un score d'organisation faible (voir figure N°2). Quant aux indicateurs d'"action" (voir figure N°3), les hôpitaux sont plus nombreux en 2015 qu'en 2013 à rapporter des audits locaux de processus concernant l'hygiène des mains, les voies centrales, la ventilation assistée, les sondes urinaires, la prévention des infections de site opératoire. L'ISP révèle une diminution constante de l'incidence des infections cliniques à MRSA acquises dans les hôpitaux aigus. On est passé de 3.3/ 1000 admissions en 2003 à 0.9/1000 admissions en 2014. Autres sources de satisfaction : les recommandations de bonne pratique pour l'hygiène des mains dans les unités de soins intensifs sont bien observées et les performances sont globalement très bonnes en ce qui concerne les indicateurs d' "organisation" et de "moyens". Par contre, l'incidence des septicémies sur cathéter central n'a pas diminué entre 2013 et 2015"Ces résultats sont à interpréter avec nuance, souligne le Dr Lambert. En l'absence de contrôle de qualité externe des données, la fiabilité des résultats dépend exclusivement du soin mis par les hôpitaux à enregistrer des données correctes. Le nombre d'indicateurs récoltés dans le cadre de projet est limité: il faut donc se garder d'interpréter les scores comme une évaluation globale de la qualité dans le domaine de l'hygiène hospitalière, et encore moins de la qualité de la prévention des infections à l'hôpital, car plusieurs éléments de celle-ci (par exemple, l'usage prudent des antibiotiques) ne sont pas repris dans ces scores. Il est encore trop tôt pour mesurer l'impact du projet sur l'incidence des infections acquises à l'hôpital."L'ISP recommande aux autorités de mettre en place un système de contrôle de qualité externe pour les données récoltées dans le cadre des indicateurs de qualité en hygiène hospitalière. Des recommandations sont aussi adressées à l'ensemble des acteurs, y compris l'ISP : encourager le développement d'audits de processus et la participation à la surveillance des infections dans les unités de soins intensifs, et les infections de site opératoire, en particulier en renouvelant les protocoles actuels et poursuivre la réflexion en cours quant à l'élargissement du projet au-delà des missions de l'équipe d'hygiène hospitalière. Test-Achats regrette qu'aucun effort n'ait été fait pour développer un instrument de comparaison qui soit pertinent pour le consommateur malgré ses recommandations émises lors de la publication de la première étude. "La présentation actuelle des résultats donne une image beaucoup trop restreinte. L'ISP indique dans le rapport en question une série de points d'amélioration, mais manifestement cette instance de recherche ne pèse pas, ou pas suffisamment, sur la stratégie mise en place par la plateforme fédérale de l'hygiène des hôpitaux. Cette plateforme qui est composée d'un groupe restreint de médecins et d'infirmiers experts en hygiène des hôpitaux, décide des indicateurs ; l'ISP collecte les données et publie les résultats dans un rapport sur son site web."L'organisation des consommateurs estime qu'il faut évoluer vers un plus système ambitieux et significatif, entre autres vers un contrôle des données. "Ce rapport ne reflète que l'évolution positive globale de la bactérie MRSA alors que d'autres germes résistants sont en constante progression, comme les entérocoques résistants et les entérobactéries."Test-Achats réclame aussi des indicateurs plus exhaustifs et plus pertinents. "Les indicateurs sont limités à l'hygiène, alors que qu'une utilisation réfléchie des antibiotiques est essentielle pour une diminution significative des infections résistantes. Il faudrait rendre publiques les mesures prises par hôpitaux ayant un lien plus direct avec la qualité des soins." Et de renvoyer au projet de qualité flamand qui intègre déjà des mesures pour le respect des conditions de base pour une bonne hygiène des mains et publiera en 2017 les résultats sur le nombre d'intoxication du sang par infections MRSA.Test-Achats propose aussi d'ouvrir le groupe de travail "indicateurs de qualité", jugé trop unilatéral, à des représentants des patients.