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Les escarres sont le cauchemar des infirmiers dans les services qui accueillent des patients immobilisés ou grabataires. Ces plaies risquant rapidement devenir très profondes, jusqu'au tissu musculaire et osseux sous-jacent, et étant particulièrement difficiles à guérir, leur prévention est d'une grande importance.La prévention passe par un repositionnement régulier du patient pour soulager la pression prolongée sur les zones de contact. Elle recourt aussi à des matelas et coussins spéciaux qui réduisent cette pression. S'y ajoute, ces dernières années, l'application préventive de pansements dits "en mousse multicouches siliconés". Ces pansements sont déjà utilisés dans le traitement de divers types de plaies, "mais leur efficacité en prévention des escarres ne reposait pas sur bases scientifiques très solides", souligne le Centre fédéral d'Expertise des Soins de Santé (KCE).Pour combler cette lacune, le programme "KCE Trials" du KCE a financé un essai clinique randomisé dans huit de nos hôpitaux afin de déterminer si l'utilisation de ces pansements chez des patients hospitalisés présentant des risques d'escarres permettait de réduire leur apparition. En 2020 déjà, cet essai avait conclu à l'efficacité préventive des pansements au niveau du sacrum : dans le groupe de patients qui en avaient bénéficié, 2,8 % ont développé une escarre, contre 4,8 % dans le groupe contrôle, qui n'avait bénéficié que de la prévention classique, sans pansements. Ces résultats ont fait l'objet d'un article dans le British Journal of Dermatology.Les nouveaux résultats s'inscrivent dans la continuité de ce premier essai et visent à déterminer si la prévention des escarres du sacrum à l'aide de pansements est coût-efficace, c'est-à-dire si leur utilisation génère suffisamment de bénéfices de santé par rapport à leur coût.Les chercheurs ont calculé que l'économie moyenne par escarre évitée pendant le séjour à l'hôpital contrebalance déjà le coût initial de ces pansements. "Si l'on tient également compte du fait que le traitement des escarres peut nécessiter une prolongation plus importante de la durée du séjour à l'hôpital ou entraîner des coûts supplémentaires après la sortie, ou encore qu'il peut y avoir des remises de prix sur les pansements, etc., les résultats de cette analyse sont encore plus favorables", souligne le KCE.A noter par ailleurs que cette étude est une première, le KCE menait jusqu'à présent ses évaluations économiques en se basant sur des données issues de la littérature. Or de telles données ont leurs limites, elles ne sont par exemple pas nécessairement transposables à la situation belge. "Grâce au programme KCE Trials, dont les essais cliniques sont menés en Belgique et sur des patients traités dans les conditions de la vie réelle, les chercheurs disposaient dans ce cas-ci de données spécifiques à la population belge", conclut le Centre fédéral d'expertise. Lisez l'étude complète ici.