"La santé numérique est un changement positif, à condition d'opérer quelques choix politiques fondamentaux au niveau européen avant qu'il ne soit trop tard." Telle est la principale conclusion de l'avis d'initiative intitulé "Impact de la révolution numérique en matière de santé sur l'assurance maladie", que le Comité économique et social européen (CESE) a adopté récemment (le 21 septembre).

"La révolution numérique va radicalement modifier la manière de fournir les soins de santé dans les prochaines années: on passera d'un système curatif à une médecine participative, préventive, personnalisée et même prédictive, ou la "santé des 4 P". La technologie se déploiera dans l'ensemble du secteur et changera le mode de fonctionnement de tous ses acteurs: les professionnels de la santé, l'industrie pharmaceutique, les hôpitaux, les centres de recherche médicale, les compagnies d'assurance santé (telles que les mutuelles) et, bien entendu, les citoyens."

Risques génétiques

Dans cinq à dix ans, les diagnostics seront effectués par des machines, ce qui permettra aux médecins de se centrer sur la relation avec leurs patients. Les citoyens seront de plus en plus maîtres de leur santé, en s'aidant d'une multitude d'applications et de dispositifs qui leur fourniront des informations sur leur état, détaille l'avis. "Grâce au décryptage du génome et à d'autres grandes avancées scientifiques, ils prendront conscience de leurs risques génétiques et pourront adapter leur mode de vie en conséquence", souligne le CESE.

Mais derrière ces avancées, certaines menaces sourdent car le risque existe que l'esanté "puisse accentuer les différences sociales et creuser la fracture numérique entre ceux qui ont accès à la santé numérique et ceux qui n'en bénéficient pas".

"La solidarité est la pierre angulaire des systèmes européens de soins de santé, que ce soit dans les anciens ou dans les nouveaux États membres. La santé doit continuer d'être considérée comme un bien commun, dont jouissent tous les citoyens", a déclaré le rapporteur de l'avis, Alain Coheur, directeur des affaires européennes et internationales de l'Union nationale des mutualités socialistes de Belgique.

Les citoyens-patients doivent utiliser les possibilités numériques pour activer leurs "droits fondamentaux, à savoir le droit à l'information et le droit aux soins de santé, qui sont les clés de nos systèmes de sécurité sociale."

Selon le CESE, la santé numérique, en accentuant l'inconnue en matière de risque met à mal la mutualisation des risques et débouche sur une sélection possible de ceux-ci. "En recourant à la médecine prédictive, les compagnies d'assurance à visée lucrative pourraient vouloir personnaliser le profil de risque d'une personne, par exemple en s'appuyant sur la probabilité qu'elle développe un cancer dans les cinq à dix années suivantes."

"Si nous ne voulons pas de ce modèle, nous devons le dire clairement, car c'est ce qui pourrait se produire avec la numérisation."

Responsabilisation des patients

M. Coheur a également mis en garde contre le danger lié à une trop grande responsabilisation des patients du fait de la révolution numérique: au vu du volume d'informations disponibles, ils risquent de devenir entièrement responsables de leur propre santé. "C'est peut-être un objectif valable, mais nous ne sommes certainement pas capables de contrôler tous les éléments qui ont une incidence sur notre santé."

Enfin, une autre question essentielle que l'UE doit aborder, selon le CESE, est la protection des données personnelles relatives à la santé.

Le partage des données d'un patient avec et entre des professionnels de la santé peut contribuer à améliorer le traitement. Mais "il existe aussi des 'disrupteurs' du numérique, tels que les GAFAMA (Google, Apple, Facebook, AMazon, Ali Baba, ndlr)

, qui récoltent et traitent désormais des données sur les comportements individuels (exploration de données). Tous ces grands acteurs du numérique sont basés en dehors de l'Europe, donc nous devons garantir notre capacité de protéger la souveraineté des États membres, mais aussi les systèmes de soins de santé. Malheureusement, en Europe, nous sommes à ce jour incapables de faire face à ces défis numériques. L'Europe a un rôle essentiel à jouer dans la mise en place d'un cadre réglementaire à cet effet."

Avis à consulter dans son intégralité ici

"La santé numérique est un changement positif, à condition d'opérer quelques choix politiques fondamentaux au niveau européen avant qu'il ne soit trop tard." Telle est la principale conclusion de l'avis d'initiative intitulé "Impact de la révolution numérique en matière de santé sur l'assurance maladie", que le Comité économique et social européen (CESE) a adopté récemment (le 21 septembre). "La révolution numérique va radicalement modifier la manière de fournir les soins de santé dans les prochaines années: on passera d'un système curatif à une médecine participative, préventive, personnalisée et même prédictive, ou la "santé des 4 P". La technologie se déploiera dans l'ensemble du secteur et changera le mode de fonctionnement de tous ses acteurs: les professionnels de la santé, l'industrie pharmaceutique, les hôpitaux, les centres de recherche médicale, les compagnies d'assurance santé (telles que les mutuelles) et, bien entendu, les citoyens." Dans cinq à dix ans, les diagnostics seront effectués par des machines, ce qui permettra aux médecins de se centrer sur la relation avec leurs patients. Les citoyens seront de plus en plus maîtres de leur santé, en s'aidant d'une multitude d'applications et de dispositifs qui leur fourniront des informations sur leur état, détaille l'avis. "Grâce au décryptage du génome et à d'autres grandes avancées scientifiques, ils prendront conscience de leurs risques génétiques et pourront adapter leur mode de vie en conséquence", souligne le CESE.Mais derrière ces avancées, certaines menaces sourdent car le risque existe que l'esanté "puisse accentuer les différences sociales et creuser la fracture numérique entre ceux qui ont accès à la santé numérique et ceux qui n'en bénéficient pas". "La solidarité est la pierre angulaire des systèmes européens de soins de santé, que ce soit dans les anciens ou dans les nouveaux États membres. La santé doit continuer d'être considérée comme un bien commun, dont jouissent tous les citoyens", a déclaré le rapporteur de l'avis, Alain Coheur, directeur des affaires européennes et internationales de l'Union nationale des mutualités socialistes de Belgique. Les citoyens-patients doivent utiliser les possibilités numériques pour activer leurs "droits fondamentaux, à savoir le droit à l'information et le droit aux soins de santé, qui sont les clés de nos systèmes de sécurité sociale."Selon le CESE, la santé numérique, en accentuant l'inconnue en matière de risque met à mal la mutualisation des risques et débouche sur une sélection possible de ceux-ci. "En recourant à la médecine prédictive, les compagnies d'assurance à visée lucrative pourraient vouloir personnaliser le profil de risque d'une personne, par exemple en s'appuyant sur la probabilité qu'elle développe un cancer dans les cinq à dix années suivantes." "Si nous ne voulons pas de ce modèle, nous devons le dire clairement, car c'est ce qui pourrait se produire avec la numérisation."M. Coheur a également mis en garde contre le danger lié à une trop grande responsabilisation des patients du fait de la révolution numérique: au vu du volume d'informations disponibles, ils risquent de devenir entièrement responsables de leur propre santé. "C'est peut-être un objectif valable, mais nous ne sommes certainement pas capables de contrôler tous les éléments qui ont une incidence sur notre santé." Enfin, une autre question essentielle que l'UE doit aborder, selon le CESE, est la protection des données personnelles relatives à la santé. Le partage des données d'un patient avec et entre des professionnels de la santé peut contribuer à améliorer le traitement. Mais "il existe aussi des 'disrupteurs' du numérique, tels que les GAFAMA (Google, Apple, Facebook, AMazon, Ali Baba, ndlr), qui récoltent et traitent désormais des données sur les comportements individuels (exploration de données). Tous ces grands acteurs du numérique sont basés en dehors de l'Europe, donc nous devons garantir notre capacité de protéger la souveraineté des États membres, mais aussi les systèmes de soins de santé. Malheureusement, en Europe, nous sommes à ce jour incapables de faire face à ces défis numériques. L'Europe a un rôle essentiel à jouer dans la mise en place d'un cadre réglementaire à cet effet."Avis à consulter dans son intégralité ici