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A Epicura, nous avons créé un réseau avant que la ministre De Block ne le demande au secteur hospitalier. A partir de 2007, j'ai commencé à travailler en tant que consultant au regroupement des hôpitaux de Baudour et d'Hornu, explique le directeur général, ingénieur commercial de formation. Il a fallu cinq ans pour que les pouvoirs organisateurs aient le courage et la clairvoyance de conclure un accord entre des "frères ennemis" historiques pour créer un réseau pluraliste. La concurrence était très forte entre ces institutions. En tout, il aura fallu dix ans pour créer notre réseau. A cet égard, Maggie De Block est, me semble-t-il, fort ambitieuse en voulant créer 25 réseaux en 1 an et en réclamant à court terme des déclarations d'intention des hôpitaux, des RGM communes, une intégration médicale, des contrats communs, la mobilité entre les sites hospitaliers..."Pour François Burhin, la clé de la réussite pour fédérer des hôpitaux est la structuration. "Lors d'une fusion, mettre tous les acteurs autour de la table ne suffit pas. Vous aurez un banc d'un côté et un second de l'autre, comme au sein du parlement anglais. Dans le cas d'Epicura, durant 2 ans - entre 2012 et 2014 - il ne s'est presque rien passé. Les protagonistes étaient méfiants. Le premier geste significatif qui a concrétisé l'intégration a été le rassemblement de l'ensemble du pôle mère-enfant sur le site d'Hornu. Une telle unification prend du temps. Aujourd'hui, 5 ans plus tard, les horaires ne sont pas encore harmonisés. Les sages-femmes venues de Baudour suivent toujours leurs anciens horaires. Celles d'Hornu en ont d'autres. Depuis 2014, nous avons travaillé sur tous les éléments qui permettent d'intégrer des équipes. Il a fallu 1 an et demi pour définir le mode de rétribution des médecins. Une réglementation générale, un projet médical et un contrat médical ont été adoptés. Depuis 2015, un Conseil médical unique représente les médecins des différents sites."Dans un second temps, depuis les dernières élections sociales, un conseil d'entreprise unique a été mis sur pied. " Nous allons enfin pouvoir discuter de la réglementation de travail pour le personnel hospitalier, d'un accord de grève commun... Ce sont des éléments basiques de l'intégration des entreprises. Il est impossible de les imposer. Ils font l'objet de négociation entre les acteurs, soit 2.500 employés, 450 médecins... Il y a eu un important travail de concertation."L'hôpital a également décidé de regrouper plusieurs services administratifs (facturation, comptabilité, IT...) en dehors des institutions de soins dans l'EpiCenter. Une manière de gagner intramuros de la place pour les services médicaux et techniques. "Cette décision s'inscrit dans une logique d'optimiser l'espace, de dédier les surfaces hospitalières principalement aux activités médicales et aux fonctions de soins. Elle favorisera par ailleurs le renforcement du sentiment d'appartenance à Epicura en réunissant sur un seul site des équipes, aujourd'hui éclatées géographiquement, et en permettant ainsi aux services de collaborer plus efficacement dans un environnement administratif moderne et fonctionnel", annonçait en mai Epicura.En quelques années, Epicura a réorganisé son offre de soins. " Rien que pour les accouchements, par exemple, souligne François Burhin, nous pouvons proposer plusieurs approches en fonction des souhaits des patientes et des médecins qui les pratiquent en collaboration avec les sages-femmes." La fusion s'est également concrétisée par le renouvellement du matériel médical lourd et des services médicaux sur les différents sites : installation de 2 RMN à Hornu et Ath, réorganisation des services d'urgences, nouvelle unité de cardiologie interventionnelle, ouverture d'une stroke unit, d'un pôle gériatrique à Baudour, du pôle mère-enfant du Borinage...Il y a quelques mois, trois groupes hospitaliers - le Chwapi, le CHR Haute-Senne et Epicura-annonçaient leur intention de créer ensemble un "réseau hospitalier pluraliste et ouvert" qui s'étendra de Braine-le-Comte à Tournai. Qu'en est-il aujourd'hui ? "Un groupe de travail médical évalue les points forts et faibles des différentes institutions. Le calendrier incertain de la réforme hospitalière lancée par Maggie De Block ne nous pousse pas à accélérer ce processus de rapprochement. Nous observons aussi les alliances qui se forment entre d'autres hôpitaux de la région. Si cette réforme se met en place, nous aurons déjà pu réaliser une première phase exploratoire."Le Journal du Médecin reviendra, le 24 novembre, dans une édition spéciale sur les réalisations et projets d'Epicura.