Quatre médecins sur dix présentent des caractéristiques d'épuisement professionnel. Ce chiffre s'élève à près de 60% chez les médecins spécialistes en formation. Un médecin sur cinq boit (légèrement) plus que ce qui est recommandé. 2,2% se situent dans une zone de danger. 17,8% des médecins se prescrivent eux-mêmes des substances psychoactives.

Thomas Orban, généraliste-alcoologue et ancien président de la SSMG, commente la consommation d'alcool de ses confrères, évaluée par notre enquête.

Un certain nombre d'indicateurs révèlent une consommation d'alcool plus élevée que la moyenne chez les médecins urgentistes. Un quart d'entre eux déclarent qu'ils sont parfois incapables d'arrêter de boire. En termes de consommation de substances et de médicaments, les psychiatres obtiennent des scores supérieurs à la moyenne. Et les anesthésistes sont les premiers à prendre des distances par rapport à leur travail.

" Ce qui me préoccupe, ce sont ces médecins qui ont besoin de boire dès le matin ou chez qui la consommation d'alcool provoque des oublis. C'est problématique pour eux, mais aussi pour leurs patients... et comme ils restent très attachés à leur statut, demander de l'aide est difficile pour eux ", commente le Pr Kris Van den Broeck, psychologue clinique, titulaire de la chaire professorale Public Mental Health de l'université d'Anvers et directeur de la Vlaamse Vereniging voor Psychiatrie.

Six médecins sur dix (59,1%) sont parfois fatigués avant même de commencer à travailler. C'est particulièrement vrai pour les jeunes médecins - 75% de ceux âgés de moins de quarante ans, 63,8% de ceux âgés entre 40 et 50 ans. L'équilibre entre vie professionnelle et vie privée pèse probablement plus lourd sur eux que sur leurs collègues plus âgés. La partie de cette enquête consacrée au stress et au burn-out révèle un certain nombre de données intéressantes. Il va sans dire que la pandémie de Covid a influencé les résultats.

Un médecin sur quatre (24,9%) a pris des substances pour des raisons médicales au cours de la dernière année. 8,3% l'ont fait pour des raisons non médicales - pour les médecins de moins de 40 ans, cette proportion atteint même 11,1%. Les analgésiques classiques tels que le paracétamol (79,1%), les hypnotiques (18,6%) et les sédatifs (11,7%) sont particulièrement appréciés.

Près de la moitié des médecins (47,1%) boit un verre d'alcool par semaine. Chez un cinquième d'entre eux, cette consommation est presque quotidienne, quatre fois ou plus par semaine. Elle augmente avec l'âge. Six seniors de 60 à 70 ans sur dix boivent au moins deux fois par semaine. "Seul" un tiers des jeunes confrères (moins 40 ans) les imitent.

L'enquête "Consommation de substances et burn-out" visait d'une part à mesurer l'usage / mésusage de substances psychoactives chez les professionnels de santé. Nous voulions également cartographier avec précision l'épuisement professionnel.

La santé mentale par et pour le prestataire de soins (et dans le cas qui nous occupe, le médecin), est et reste extrêmement importante. Non seulement pour le médecin, sa famille et son entourage, mais aussi en raison de l'impact sur la vie professionnelle, les performances et, en fin de compte, le "patient-outcome" (Mangory, Ali et al. 2021). En tant que médecins, nous exerçons une profession avec d'énormes responsabilités. Une bonne santé mentale et physique fait partie intégrante de notre bien-être professionnel. Pourtant, l'attention portée à nous-mêmes, notamment en ce qui concerne les éventuels problèmes de santé mentale, reste trop peu abordée.