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Une étude de l'EEA constate que la pollution de l'air provoque quelques 432.000 décès prématurés par an en Europe, essentiellement à cause des particules fines. " Au-delà de ces décès prématurés, ce sont toute une série de maladies qui résultent de la mauvaise qualité de l'air, comme des maladies cardiaques, des troubles respiratoires ou encore des cancers, et ce malgré les efforts fournis jusqu'ici ", regrette la Cellule permanente environnement santé du SPW. " Et non seulement la pollution de l'air réduit notre espérance de vie et impacte notre santé, mais elle influence notre portefeuille via l'augmentation des frais médicaux et la réduction de la productivité au travail (absentéisme). " Le paradoxe belge Pour la Belgique, le nombre de décès prématurés liés à l'environnement s'élève à 11.000, " auxquels il faudrait ajouter 700 liés à la problématique du radon, comme nous en informe l'Agence fédérale sur la sécurité nationale ", ajoute le député Edmund Stoffels (PS) en Commission santé wallonne (CSW).Pourtant, la qualité de l'air s'améliore en Wallonie. Une tendance confirmée, statistiques à l'appui, par le ministre de l'Environnement Di Antonio, avec des diminutions parfois de l'ordre de 50% sur les polluants. " Le grand paradoxe est que toutes ces informations encourageantes ne se traduisent pas ou pas encore en chiffres concrets concernant la santé ", s'étonne Edmund Stoffels. Des études en cours " De nombreuses études analysent l'impact de la réduction de la concentration en particules ou en ozone troposphérique. Ces études démontrent que des économies peuvent être réalisées si ces taux diminuent, notamment grâce à une réduction du nombre d'hospitalisations ou du nombre de décès prématurés", explique de son côté Maxime Prévot.Mais, pour le ministre, il est très difficile de faire un lien de cause à effet entre la pollution de l'air et l'observation de la mortalité. Le ministre rappelle d'ailleurs qu'en moyenne, en Wallonie, la qualité de l'air est meilleure actuellement qu'il y a quelques années. " Si l'état de santé ne s'améliore pas dans les mêmes proportions, c'est en raison de la multicausalité de la plupart des pathologies. En effet, les maladies chroniques comme les cancers, les maladies cardiovasculaires et respiratoires sont liées à l'environnement, mais aussi aux comportements néfastes pour la santé comme la sédentarité, le tabagisme, ou encore l'alimentation peu équilibrée. "Cela ne veut pas dire que rien n'est fait pour comprendre la situation. La Région wallonne dispose notamment de données sur les effets à court terme de la pollution extérieure et l'infarctus du myocarde à Charleroi, grâce à une étude menée par l'ULB en 2012, portant sur la période de 1999 à 2008. Les résultats de cette étude montrent une association entre concentration en particules ou dioxyde d'azote et déclenchement de l'infarctus du myocarde. Cette association est plus forte pendant les périodes chaudes de l'année comparée aux périodes froides.L'analyse des relations entre pollution atmosphérique et effets sanitaires aigus se poursuit en 2015-2016, l'objectif étant maintenant de comparer trois zones wallonnes aux caractéristiques distinctes et de disposer, au niveau de l'administration, d'un outil ad hoc pour réitérer de telles analyses dans le temps.L'ULB, en collaboration avec l'ISP, a aussi étudié l'impact de la température et de l'ozone sur la mortalité totale. " Le rapport est en cours de validation et sera disponible début 2016 ", précise Maxime Prévot. Quid de l'avenir ? " Les résultats de l'étude européenne sont intéressants et permettent de continuer à évaluer nos moyens, nos efforts et nos restrictions notamment en matière d'environnement ", conclut le ministre de la Santé. " Il faut une vision de santé publique qui prenne en compte tous les déterminants de la santé, y compris environnementaux afin de continuer la mise en oeuvre d'une prévention qui soit la plus utile et efficace possible. "Une vision qui satisfait moyennement Edmund Stoffels. " Il ne faut pas seulement étudier, légiférer ou adopter des arrêtés du Gouvernement ; il faut surtout veiller à ce que tous les règlements que nous mettons en oeuvre soient appliqués scrupuleusement. "