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La riposte aux économies budgétaires n'est pas chose aisée. Se lancer derechef dans une grève hospitalière brutale serait insensé sans avoir préalablement testé les troupes. Un sondage réalisé au GBS (Groupement belge des spécialistes) débouche certes sur des taux staliniens (98%) de médecins spécialistes prêts à en découdre. Mais entre le dire et le faire, il y a loin de la coupe aux lèvres. " Juridiquement, le gouvernement est dans son droit ", souligne le président Marc Moens (photo). En effet, la ministre de tutelle a demandé l'avis des médecins dans les commissions d'accord. Le biologiste clinicien ne conseille donc pas la rupture unilatérale de l'accord. En outre, comme le souligne Roland Lemye, le système d'accord, mis en place il y a 50 ans, reste meilleur pour le corps médical qu'un système ex cathedra où le ministre déciderait de tout. Avant d'en arriver à cette extrémité, mieux vaut donc mettre en place une action qui monte lentement en puissance. Pour ce faire, une feuille de route est nécessaire. La première salve pourrait être la grève " virtuelle " à la Japonaise : brassard aux bras des médecins, autocollants dans les salles d'attente, histoire de sensibiliser les patients à la cause médicale qui est aussi la leur.Etape suivante : les médecins hospitaliers fermeraient boutique à 16, 17 ou 18 heures. Plus tôt on ferme, plus difficile sera l'accès aux soins. Si on veut toucher les gestionnaires hospitaliers là où cela fait mal, les médecins pourraient, dans la mesure du possible car cela ne peut se faire en un jour, sortir les très rémunératrices polycliniques du coeur des hôpitaux. Certains envisagent même de se passer des codes de nomenclature pour déstabiliser les services de l'Inami ou une espèce de désobéissance civile consistant à ne pas les appliquer. L'escalade des actions déboucherait in fine sur de véritables grèves de médecins, quitte à affronter des sanctions (dans les années 50 on a même emprisonné des médecins !) voire des réquisitions de thérapeutes.Une certitude : si le monde politique ne brille pas par son courage, le ras-le-bol monte chez les médecins spécialistes syndiqués. Ils estiment que la coupe est pleine et que s'ils cèdent cette fois-ci, c'est la porte ouverte au financement all-in et peut-être pire encore.