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Dans un marché entièrement libre, la concurrence est généralement une bénédiction. S'agissant des soins de santé, elle pousse toutefois les organismes assureurs à rembourser des prestations absolument injustifiées telles que des séances de sauna ou des traitements homéopathiques... et ce n'est sans doute vraiment pas ce que le législateur avait en tête lorsqu'il a défini le cadre de l'assurance complémentaire ! Vouloir y voir une sorte de laboratoire d'EBM ou d'antichambre à l'assurance obligatoire est un non-sens. Il n'en est rien : simplement, les différentes unions investissent dans leur chasse aux affiliés des moyens non négligeables qui pourraient être consacrés à des fins (bien) plus utiles.Les mutuelles doivent aujourd'hui faire face à bien des vents contraires, et pas seulement en provenance du gouvernement de centre-droit. Alors que l'informatisation et l'efficience sont les maîtres-mots en cette année 2015, force est bien d'avouer qu'elles pourraient faire nettement mieux dans ce domaine. On touche toutefois ici à l'essence même du système : si la facturation devient entièrement électronique, ces structures doivent-elles vraiment encore toucher plus d'un milliard de subsides publics ? L'e-proposition de Domus Medica frappe les mutuelles en plein coeur, ce qui suffit déjà à compromettre sérieusement ses chances de réussite.C'est vrai, ce sont là de méchantes pensées au moment du départ à la retraite de Marc Justaert, l'homme qui a dirigé les Mutualités chrétiennes pendant 21 ans et a longtemps été considéré comme l'une des personnalités les plus influentes de notre système de santé (voire continue à l'être).Mais ce n'est pas tout. Rien n'est jamais gratuit : que ce soit dans les transports en commun ou dans les soins de santé, il faudra toujours que quelqu'un assume les coûts. Dans l'éternelle quête de nouveaux moyens financiers, l'introduction d'une franchise généralisée dans les soins de santé représente sans doute une piste séduisante. Ne pas rembourser les premiers 50, 75 ou 100 euros de frais médicaux ne représenterait qu'un faible surcoût pour le citoyen lambda, et si cette économie pouvait être réinjectée dans le système, ce serait tout bénéfice pour ceux qui ont réellement besoin de soins importants. Gros désavantage : on fait une nouvelle fois appel à la solidarité de la classe moyenne. Avant d'en arriver là, il serait donc indiqué de commencer par corriger autant que possible les inefficiences du système - et Dieu sait qu'il y en a ! (?)