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Dans une récente communication de la Commission européenne, l'exécutif européen annonçait son soutien aux États membres afin de renforcer l'offre de soins de santé mentale de première ligne, en particulier la détection précoce et la prévention auprès des enfants et des jeunes. Dans le cadre de cette communication, Stella Kyriakides, commissaire européenne à la Santé, visitait ce lundi, en compagnie du ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke, la maison médicale Jean Jaurès, à Schaerbeek. Car si les soins psychologiques devraient être pris en charge dans des lieux dédiés, dans la pratique, ce sont souvent les médecins généralistes qui sont les premiers confrontés aux problèmes de santé mentale. Via la journal du Médecin, Stella Kyriakides a d'ailleurs souhaité lancer un appel aux généralistes: "Pendant la pandémie de covid, beaucoup de médecins généralistes ont dû prendre en charge des patients atteints d'anxiété, de solitude et de dépression. Il est important que tous les médecins soient capables de reconnaître les problèmes de santé mentale pour être étroitement liés aux services communautaires et pour travailler dans une approche multidisciplinaire." En Belgique, dans le cadre de plusieurs réformes fédérales dans les soins en santé mentale, une nouvelle convention avec l'Inami est née en septembre 2021. Celle-ci permet un financement des soins psychologiques dans la première ligne. Cette convention est déployée sur le terrain via les réseaux de soins en santé mentale. Ils concluent des accords de convention avec des psychologues et orthopédagogues cliniciens et d'autres prestataires. Grâce à l'intervention de l'assurance obligatoire, le citoyen a accès à un certain nombre de séances avec un psychologue de première ligne, avec une participation financière très limitée (2,50 euros pour une séance de groupe, 4 ou 11 euros une séance individuelle). La première séance est toujours gratuite, pour clarifier la demande via un premier contact et soutenir la démarche vers l'aide et les soins. Mais penser qu'un simple remboursement des séances chez un psychologue sera suffisant pour diminuer la prévalence des troubles est utopiste. Chercher de l'aide ne va pas de soi. Parmi les obstacles, on peut citer la peur de la stigmatisation, la méconnaissance de l'offre de soins, l'effort trop conséquent que cela représente pour la personne... "Mais, souvent, le frein le plus important est lié à la conviction de la personne qu'elle n'a pas besoin d'aide et qu'elle va résoudre son problème elle-même", regrette l'Inami. Le projet des soins psychologiques dans la première ligne souhaite donc modifier la culture, rapprocher les soignants des citoyens. "Le réseau Brumenta et la maison médicale Jean Jaurès s'inscrivent totalement dans cette vision de santé préventive de quartier", se réjouit Frank Vandenbroucke. "Pour rendre possible ce changement culturel, nous investissons plus de 330 millions d'euros par an dans toutes les étapes de notre prise en charge en santé mentale, et donc aussi dans les soins psychologiques de première ligne: environ 165 millions pour la première ligne (dont environ un tiers pour les jeunes)." Les psychologues et orthopédagogues cliniciens conventionnés sont encouragés à sortir de leur cabinet privé, à se rendre dans d'autres lieux de rencontre, au plus près des publics vulnérables: dans les écoles, les services sociaux, les centres médicaux, des lieux de loisirs... Cela est rendu possible par l'établissement de partenariats multidisciplinaires locaux, directement avec des acteurs de la première ligne (ex: pharmaciens, médecins, assistants sociaux, agents de quartier, enseignants, éducateurs). Les psychologues et orthopédagogues cliniciens sont également encouragés à développer une offre d'intervention en groupe en plus des consultations individuelles. Le format de groupe permettrait de renforcer les compétences de résilience et d'autosoin. La nouvelle convention met également l'accent sur l'interdisciplinarité. Tout le monde y trouvera son compte: patient, psychologue, mais également le médecin. "À la maison médicale Jean Jaurès, nous voyons comment la psychologue de première ligne présente au sein de l'institution apporte un soutien concret aux médecins généralistes en exercice, en réfléchissant ensemble aux problèmes qui se posent lors des consultations des patients", souligne encore le ministre de la Santé. "Les médecins sont déjà assez occupés avec leur pratique que pour devoir en plus assumer la charge psychologique des patients qui les consultent. De plus, les médecins et les psychologues ont des expertises complémentaires. Bien sûr, le patient se confiera souvent à son médecin. Mais c'est alors au médecin, dans les cas où cela semble nécessaire, de le référer vers un psychologue en qui il a confiance. Ceci permet une meilleure prise en charge pour le patient et plus de soutien pour le médecin. Notre convention permet justement cette multidisciplinarité et l'entraide qui en découle."