Le médecin généraliste ne peut pas demander au médecin de garde de prendre le relai pour les patients qui ne présentent pas de problème urgent qu'il n'aurait pas eu le temps de prendre en charge avant la garde. L'interdiction de la facturation de codes de nomenclature d'urgence par le médecin de garde si le problème n'est pas urgent en est la preuve.
Il serait inutile d'exiger des médecins généralistes qu'ils allongent leur temps de travail car cela ne changerait rien au problème de la saturation des services des urgences. Il est fréquent en effet que les patients dont le problème n'est pas urgent décident de se rende au service des urgences si le rendez-vous que leur propose leur médecin généraliste ne leur semble pas suffisamment rapide. Ils pensent, souvent à tort, que le service des urgences leur garantira une prise en charge plus rapide.
Nous avons déjà proposé aux urgentistes de renvoyer les patients présentant un problème qui n'est pas urgent chez leur médecin généraliste. Ils nous ont opposé un refus justifié par le risque de poursuites qu'ils courent si un dommage résultait de ce renvoi. Il faudrait en outre que leurs employeurs les y autorisent. Souvenons-nous que dans la célèbre série "Urgences", le service des urgences était appelé "la mine".
La seule solution pour désengorger les services d'urgences est donc que leur accès soit soumis, comme dans d'autres pays, à l'autorisation préalable d'un d'un tri comme l'est celui au médecin généraliste de garde grâce au 1733. Cette centrale d'appel doit être placée sous la responsabilité de l'État.
Les fonctionnaires responsables de la centrale du 1733 d'Arlon qui couvre les provinces de Liège et du Luxembourg ont récemment fait défaut trois nuits durant. Aucun d'entre eux n'a fait l'objet de poursuites car ils sont protégés par leur statut de salariés. Pour pallier cette catastrophe, le ministre Vandenbroucke a proposé aux représentants des médecins généralistes le financement de centrales d'appel privées auxquelles les cercles feraient appel pour prendre ce tri de nuit en charge. Pris par l'urgence imposée par ce mouvement social, nos représentants ont accepté cette solution qui constituait en réalité un piège. Elle permit en effet au ministre de transférer la responsabilité du tri de nuit sur les médecins administrateurs des cercles qui risquent désormais des poursuites si un dommage venait à résulter de ce tri. C'était à l'État de pallier un manquement de ses fonctionnaires en déléguant leur mission à une centrale d'appel privée placée sous sa responsabilité comme le sont les numéros 112 et 1733.
Les urgentistes ne devraient-ils pas se joindre aux médecins généralistes et faire leurs les revendications de ces derniers pour résoudre l'engorgement des services d'urgences dont ils sont les premières victimes ?
Docteur David SIMON
Médecin de Famille à Colfontaine