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Examinons le rôle du politique de plus près. Tout décider d'en haut, est-ce vraiment possible ? Certains le refusent au nom de la liberté tandis que d'autres le demandent au nom de l'efficacité.Par définition, le pouvoir politique occupe une position en surplomb de toute la société. D'où l'idée qu'il devrait régler les problèmes dans les moindres détails sur base des savoirs présentés par ses experts. Mais savoirs et pouvoirs interagissent de manière bien plus complexe que l'idée tellement répandue que tout savoir est pouvoir. Que faire quand les experts expriment des désaccords ? Comment s'assurer que des intérêts cachés n'orientent pas leurs avis ?Souvenez-vous du début de cette série en mars 2020. Covid-19 : la métaphore du crocodile et du triple bâton (jdM 2623). Toutes les sociétés humaines peuvent se voir comme des échafaudages de bâtons de savoirs et de pouvoirs composés d'habileté technique, de respect humain et de récompense financière. L'image du bâton a été choisie pour sa mesure à l'échelle d'une personne. Car de bas en haut de la société, des plus discrets aux plus en vue, ce sont toujours des personnes qui mettent en oeuvre des savoirs ou exercent des pouvoirs. Les bâtons de savoirs s'ancrent dans des corpus de connaissances établies, les bâtons de pouvoirs dans les profondeurs des caractères et des talents. Dès leurs mises en pratique, les bâtons de savoir s'articulent à ceux du pouvoir, bien plus difficile à saisir, mais indispensables pour apaiser les tensions et contenir les fureurs suscitées par certains événements. Les sociétés humaines ont une base active sur le terrain des pratiques, une multitude d'étages intermédiaires et au sommet, des dirigeants chargés de prendre des décisions pour l'ensemble. Mais que se passe-t-il si les gouvernements veulent tout décider face à des problèmes pleins d'incertitudes ? L'incertain l'est autant pour eux que pour les autres. L'affronter exige des aptitudes éminemment personnelles que sont le courage, l'intuition, la réflexion, le dialogue et tant d'autres manières d'être relevant de l'alchimie des relations humaines. Les dirigeants politiques n'en ont pas l'exclusivité.Que peuvent-ils imposer au médecin généraliste confronté à un diagnostic difficile dans une chambre mal éclairée, au chirurgien qui doit arrêter une hémorragie, à l'urgentiste ne sachant plus où donner de la tête, bref à tous ceux qui se démènent sur le terrain mouvant de la pratique dans le climat capricieux des intérêts et des sentiments ?Mais la raison principale pour laquelle tout ne doit pas se décider d'en haut, est tout simplement l'ampleur des dégâts si la décision s'avère mauvaise. En tout cas, en médecine, une vision unique imposée à coups de belles paroles comporte trop de risques d'erreurs et de dérives.Et pourtant...Philosophie et médecine / Élections médicales, année de tous les dangers.Suite 5/6: la liberté en bas pour tout le monde, ça ne marche pas non plus!