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Les symptômes de la sclérose en plaques, maladie inflammatoire et dégénérative chronique du système nerveux central, varient considérablement d'un patient à l'autre et s'aggravent souvent avec le temps. L'évolution de la maladie est largement imprévisible. Les outils actuellement disponibles, comme l'IRM, n'ont qu'une valeur pronostique limitée. Des chercheurs du Centre de microbiologie VIB-KU Leuven (Dr Lindsay Devolder et Pr Jeroen Raes) et du département de neurologie VUB/UZ Bruxelles (Dr Ayla Pauwels et Pr Marie D'Hooghe), avec le Centre national de la sclérose en plaques de Melsbroek, ont découvert un lien entre le microbiome intestinal et l'aggravation du handicap clinique dans la sclérose en plaques. Cela pourrait faire du microbiome un biomarqueur potentiel pour prédire l'évolution de la maladie. Les résultats ont été publiés dans la revue Gut Microbes."Le lien entre la SEP et le microbiome intestinal a déjà été largement décrit. Cependant, les études précédentes étaient pour la plupart transversales, c'est-à-dire que les données étaient collectées à un moment donné. Les études portant sur une période plus longue et visant à explorer l'association entre le microbiote intestinal et l'aggravation de la maladie restent rares. C'est sur ce point que porte notre étude", explique le Dr Lindsay Devolder dans un communiqué du VIB.Pour ses recherches, l'équipe a recueilli des échantillons de selles de 111 patients atteints de sclérose en plaques. Des évaluations neurologiques, telles que des tests de marche et de dextérité manuelle, ont été effectuées au début et tout au long de l'étude. Ces évaluations neurologiques ont été comparées sur une période moyenne de 4,4 ans afin de déterminer si l'état de la SEP s'était aggravé ou était resté stable. "Il s'agit d'une cohorte unique, en raison de la combinaison de l'échantillonnage séquentiel des selles dans un groupe de patients en grande partie non traités, et d'un suivi clinique approfondi sur plusieurs années", explique le Dr Pauwels. À la fin de l'étude, 41 % des patients présentaient une aggravation significative de leur handicap. L'analyse des échantillons de selles a montré que l'entérotype Bacteroides 2 (Bact2) - une composition spécifique du microbiome intestinal indiquant un microbiote perturbé - était présent chez 43,6 % des patients dont l'état s'était aggravé . À titre de comparaison, dans le groupe des patients dont l'état ne s'est pas aggravé, seuls 16,1 % des patients présentaient un entérotype Bact2.L'entérotype Bact2 se caractérise par une charge et une diversité microbiennes intestinales réduites, ainsi que par une abondance moindre de bactéries bénéfiques et anti-inflammatoires du genre Faecalibacterium. Bien que la conception de l'étude ne permette pas de déduire une relation de cause à effet, ces résultats indiquent un lien entre la prévalence d'un entérotype Bact2 et l'aggravation des symptômes de la sclérose en plaques. La présence de Bact2 était relativement stable au fil du temps dans les échantillons fécaux ultérieurs, ce qui suggère son potentiel en tant que biomarqueur pronostique de la SEP dans la pratique clinique."Les résultats sont très prometteurs, mais nous devons les valider dans des groupes plus importants. Cela dit, les premières données sont encourageantes. Cette étude suggère que le microbiome intestinal est potentiellement précieux en tant que biomarqueur pronostique pour des maladies telles que la sclérose en plaques", déclare le Pr Jeroen Raes."Les implications de ces résultats sont extrêmement importantes", ajoute la Pr Marie D'Hooghe. "Elles nous offrent de nouvelles perspectives sur la complexité des voies impliquées et nous encouragent à approfondir les liens entre le système immunitaire, le microbiome intestinal et le système nerveux central. Le fait de savoir à l'avance quels patients verront leur état s'aggraver dans les années à venir nous aidera à faire des choix thérapeutiques appropriés à un stade très précoce".