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Le modèle de soins en 1815 et donc pendant cette journée fatidique à l'Empereur Napoléon (lire encadré) reste inspiré de l'époque de Louis XV avec une séparation des rôles de chirurgien, médecin et pharmacien sous l'autorité d'un inspecteur général. Chez les Anglais, c'est le Dr James Robert Grant qui occupe la fonction.Début 19e siècle il existe quatre Collèges royaux de chirurgie en Angleterre, mais contrairement à la France on y enseigne pas la médecine militaire. Une fois diplômé, les étudiants peuvent choisir entre la médecine civile ou militaire.Sur le terrain, le système français repose sur des ambulances constituant de multiples unités de soins chacune regroupant des fonctions et du personnel bien précis. Les unités sont réparties sur le champ mais une ou plusieurs ambulances centrales en constituent toujours la charpente.A Waterloo, en 1815, les deux armées, française et anglaise, comptent trois officiers de santé par régiment parmi lesquels des "chirurgiens régimentaires" et des aide-chirurgiens.Les "Alliés" ont une seule ambulance centrale située sur le site de la Ferme de Mont-Saint-Jean. Mais les Anglais rapatrient dès le 17 juin 1815 de nombreux blessés sur Bruxelles en réquisitionnant hôpitaux, casernes et églises.Les ambulances à deux roues (à cheval) ont été conçues par le chirurgien français Dominique Jean Larrey. Ces voitures légères avec tout le nécessaire médical et d'une grande souplesse de mouvement permettent une grande rapidité des soins apportés aux blessés sur le champ de bataille.En juin 1815, le Dr Larrey a 49 ans et n'a plus beaucoup à prouver son dévouement et ses compétences. Toutefois, Napoléon lui préfère au départ son aîné et rival, le baron Pierre-François Percy au poste de commandement des services de santé du Nord de la France. Ägé de 61 ans et souffrant du coeur il ne pourra cependant pas gérer le chaos de la bataille de Waterloo.Chez les "Alliés", c'est le Dr John Gunning qui seconde le Dr Grant au commandement des soins de santé. Il est chirurgien responsable de la Ferme ambulance à Mont-Saint-Jean. Il sera assisté de Charles Bell et George Guthrie.Charles Bell, anatomiste et physiologiste écossais, a publié avec son frère John plusieurs traités d'anatomie. Il offrira donc de très intéressantes planches détaillant les blessures des uns et des autres. A Waterloo, Bell a pratiqué 145 amputations dite primaires avec 40 décès et 225 dites secondaires avec 106 décès.Parmi les nombreux instruments à disposition des médecins et exposés dans le musée, notons des couteaux pour inciser la peau, les tissus et les muscles avant de scier l'os de la jambe, un tenaculum pour ligaturer les vaisseaux sanguins, une paire de grosses pinces à os pour régulariser les aspérités osseuses, un petit trocart pour pratiquer des ponctions et sa canule servant à l'évacuation des liquides, une paire de longues pinces pour atteindre en profondeur les os infectés et une lancette de gomme pour gratter les gencives ou drainer les abcès dentaires. Les médecins disposent également d'un trépan crânien monté d'une petite scie circulaire, une spatule élévatrice pour remonter les fragments d'os et de crâne défoncé, une petite brosse pour nettoyer les dents de la scie à crâne, une petite cuvette pour gratter les blessures, quatre instruments d'extraction dentaire, un rasoir pour la tête, une sonde et des instruments de suture pour recoudre les plaies.Lors de la bataille de Waterloo, les connaissances médicales sont encore balbutiantes, l'anesthésie n'est découverte qu'en 1846 et l'asepsie vers 1865 grâce à Pasteur.Dès lors, au début du 19e siècle, les chirurgiens doivent travailler vite et enlever les chaires tuméfiées et les os broyés avant que la plaie ne s'enflamme. L'amputation reste alors le principal recours. Le choc de l'opération peut parfois achever le blessé par hémorragie car la transfusion n'existe pas non plus. Une amputation peut prendre de 15 à 20 minutes.En cas de bras arraché par un boulet de canon, les soldats souffrent de tétanos présent dans le purin de cheval parsemé sur les champs. La bactérie Clostridium tétani libère une toxine qui provoque des contractions violentes des muscles. La maladie est traitée avec du laudanum ou amputation des membres infectés...