Réagissant à l'annonce de la suppression du remboursement des corticoïdes nasaux au 1er janvier 2017, l'Union professionnelle belge ORL (GBS) déplore "le manque de concertation devenant chronique entre les instances gouvernementales et les associations professionnelles pourtant expertes en la matière, réunissant praticiens universitaires et non universitaires."
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"Certes les corticoïdes nasaux constituent un budget significatif - c'est le médicament le plus prescrit et de loin en ORL - et toute économie semble actuellement bonne à prendre mais cette économie ne doit pas se faire sans discernement, recommandent les ORL. Rappelons que les corticoïdes nasaux constituent un pilier- dont l'efficacité est scientifiquement prouvée internationalement et d'ailleurs soulignée dans les Fiches de Transparence du SFP Santé Publique - du traitement de la rhinite allergique mais aussi de la rhino-sinusite chronique en particulier de la polypose naso-sinusienne, permettant d'éviter la prise d'autres médications (antihistaminiques, corticoïdes généraux) mais aussi des interventions chirurgicales (turbinales et/ou sinusiennes), traitements dont les coûts et risques sont supérieurs."Pour rappel, la ministre De Block prévoit de réaliser une économie de 15,3 millions d'euros en proposant 7 sprays nasaux en vente libre à partir du 1er janvier 2017. Les patients ne devront plus se rendre chez leur médecin pour obtenir une prescription.L'union professionnelle des ORL rappelle que les corticoïdes nasaux ne sont pas anodins. "Ils sont destinés à une prise chronique et un contrôle médical doit être réalisé périodiquement pour prévenir des effets secondaires locaux comme les épistaxis mais aussi éventuellement généraux (déstabilisation d'un diabète, précipitation de certaines formes de glaucome). Chez l'enfant, pris chroniquement, ils pourraient ralentir la croissance."Les ORL sont également inquiets de l'augmentation des coûts à charge des patients suite au déremboursement de ces produits. "Le coût d'un traitement chronique aux corticoïdes nasaux risquent de devenir exorbitant et impayable pour les patients moins fortunés. Ces derniers risquent de s'orienter vers d'autres molécules moins chères et redoutablement efficaces, les vasoconstricteurs nasaux, entraînant malheureusement assez rapidement une véritable dépendance qui nécessitera alors une prise en charge médicale de désintoxication, onéreuse et parfois dangereuse avec des molécules dérivées de l'amphétamine quand il ne faut pas de nouveau recourir à un traitement médico-chirurgical ou chirurgical pour libérer le patient."L'union des ORL regrette que les autorités ne se soient pas livrées à une étude approfondie sur tous les aspects du sujet (notamment médicaux et sociaux) avant de prendre cette mesure, qui risque finalement de coûter beaucoup plus cher à la sécurité sociale. "Des alternatives auraient ainsi pu être recherchées visant une limitation raisonnée et raisonnable tant des corticoïdes nasaux que des vasoconstricteurs nasaux. Enfin, s'il est essentiel de garder le patient au centre de nos préoccupations et de le transformer en "acteur" de sa propre santé, encore faut-il lui donner tous les moyens nécessaires pour faire un bon choix et aussi les moyens de se payer ce choix et ne pas se limiter à un choix uniquement économique."Selon nos informations, il va être difficile de mettre en pratique ce déremboursement pour le 1er janvier 2017. Certaines sociétés pharmaceutiques concernées vont devoir faire modifier les actuelles conditions de mise sur marché (entre autres via prescription) qui ont initialement été négociées au niveau européen. Cela pourrait prendre plusieurs mois.