Au départ de votre réforme de l'AMU, il y a la constatation d'abus. C'est cela ?

Première chose : il faut revenir sur un certain nombre d'éléments. Le contrôle n'est pas nouveau. Quand j'entends que le contrôle est une nouveauté, c'est une erreur. Il existait des CPAS très concrètement avant la réforme Mediprima. On contrôlait soit via un médecin, soit via un administratif. Vous avez le rapport du KCE (Centre fédéral d'expertise des soins de santé, NDLR) qui recommande en 2015 que la Caami (Caisse auxiliaire d'assurance maladie invalidité, NDLR) se charge des contrôles. En effet, je pense que cela peut poser problème qu'un contrôle soit posé par un administratif à la place d'un MG ou d'un médecin hospitalier. Ce qui est proposé dans ce rapport, c'est qu'un médecin va parler à un médecin. Donc, je pense que par rapport à l'exigence de connaissance, c'est beaucoup plus approprié qu'un administratif qui ne connaît rien aux questions de santé. Il s'agit donc d'un progrès, contrairement à ce que l'on raconte. Car avant, certains CPAS contrôlaient et d'autres pas. Était-ce une politique objective ? Ici, vous aurez la Caami. Point. Tout le monde sera logé à la même enseigne.

En tant que responsable politique, s'il y a des abus tels que nous l'a communiqué un médecin de la Caami, eh bien, nous devons veiller à ce que les soins prodigués le soient dans le cadre de l'AMU.

Le Conseil national de l'Ordre des médecins recommande que tous les soins soient prodigués à ces personnes, conformément à la dignité humaine. C'est évidemment très large. Il se réfère à la déontologie médicale.

En réalité, il n'y a pas de réforme de l'AMU sur le plan des soins nécessaires et urgents. Il n'y a pas de remise en question : ce qui était pris en charge avant cette réforme le sera encore demain, à l'exclusion des abus constatés par un professionnel médecin de la Caami qui a produit un rapport. Il y aurait eu 6 % d'abus, c'est-à-dire de soins qui ne relèvent pas de l'AMU. Nous avons rencontré le Conseil national de l'Ordre des médecins qui n'a pas remis en cause le texte présenté. Le principe du contrôle n'est pas remis en question. L'Ordre l'accepte complètement. Lorsqu'il fait référence à la dignité humaine, il se réfère à un texte qui concerne le demandeur d'asile, ce qui est une autre problématique.

Un syndicat de MG, le GBO, se plaint du fait que le contrôle se fasse a posteriori. On pourrait ainsi se trouver dans la situation où un généraliste soigne et risque ensuite de n'être pas remboursé.

Je pars du principe qu'à partir du moment où des contrôles ont lieu a posteriori, cela doit se faire entre médecins. Je constate que ces problèmes se posent depuis bien avant mon arrivée. J'ai lu dans un éditorial sans doute trop peu documenté, qu'un membre de l'Exécutif voulait faire telle chose. Non : c'est un projet passé par le conseil des ministres. Vous direz à Samuel (le dessinateur du journal du Médecin : NDLR) qu'il se documente un petit peu. Donc, il s'agit dans ce cadre-là d'opérer le contrôle par la suite. Ce que je souhaite (et le conseil national a déjà été consulté deux fois sur le sujet et je le consulterai encore ainsi que d'autres acteurs de soins) c'est que dans le cadre de l'Arrêté royal qui établit la relation entre le médecin hospitalier ou le MG et le médecin de la Caami, il y ait une relation franche. Je veux articuler cet AR de manière à avoir un équilibre, un respect pour le prestataire de soins mais aussi un respect par ce qu'on entend par Aide médicale urgente et de veiller à ce que l'on reste dans ce cadre-là. Donc, à moins qu'il s'agisse d'une personne qui s'est fait renverser par une voiture - et cela fera l'objet d'une réflexion autour de cet arrêté-, que l'on soit dans le cadre d'un échange et pas d'une logique tendue.

Médecins du Monde dénonce les disparités de traitement entre les bénéficiaires de l'AMU...

Justement, ils doivent analyser la réforme. Je les rencontrerai d'ailleurs prochainement. Je veux tendre la main et me mettre autour de la table même si le projet a déjà été voté en deuxième lecture. On a justement un contrôle à caractère médical et non par un administratif, je le répète. C'est préférable à une enquête sociale opérée par les CPAS. Ce n'était par leur job. Le système entraînait des disparités...

Médecins du Monde dénonce aussi le fait que des personnes déboutées remplissent en réalité les critères pour être couvertes.

Je ne vais pas rentrer dans une polémique. Je vais les rencontrer. Ce sont des médecins. Donc ils sont sensibles au fait que c'est un médecin qui va opérer les contrôles. Je veux apaiser les tensions à ce sujet. Je l'ai dit à la Chambre, face à des gens qui me disent : " Vous voulez faire des économies ". Non : les chiffres démontrent que le budget augmente. Aujourd'hui, il y a encore une peur dans le chef des personnes en situation irrégulière. Mais nous prévoyons dans cette réforme une possibilité de pré-enregistrement. Qu'un certain nombre d'enquêtes sociales puissent déjà avoir lieu sur le plan médical plus rapidement. Le pré-enregistrement concerne les cas où il n'y a pas de besoin médical. Quand il n'y avait pas de besoin médical, la personne pouvait s'enregistrer administrativement pour faire accélérer la procédure au moment où elle aurait un besoin médical. Le premier impératif est de ne pas toucher au principe fondamental de l'AMU. On a un devoir moral par rapport à un groupe déjà précaire, par rapport à ce type de population. Cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas dire un moment qu'il y aurait des abus. En tant que responsable politique, s'il y a des abus tels que nous l'a communiqué un médecin de la Caami, eh bien, nous devons veiller à ce que les soins prodigués dans le cadre de l'AMU le soient dans ce cadre-là et pas un autre. On doit veiller de manière équilibrée à ce qu'il fonctionne. Je ne me serais pas permis d'indiquer qu'il y aurait des abus si un professionnel de la médecine ne m'en avait pas fait part. Ces abus restent marginaux, c'est un fait. Mais dans le cadre d'un dialogue entre médecins, pas dans une logique de flicage.

Jusqu'où va notre devoir de soins envers ces personnes face à une partie de l'opinion publique qui se demande si l'argent n'est pas dépensé à mauvais escient eu égard aux soins délivrés aux Belges... On parle ici de l'homme de la rue...

Vous en avez d'autres des questions comme ça ? Je vous ai dit que c'est un devoir moral. Et il faut le dire à l'homme de la rue. Et c'est tout à notre honneur. L'AMU ne doit pas être revue sur les fondamentaux pour aider des personnes qui sont déjà extrêmement vulnérables. C'est la volonté de ce gouvernement. C'est pourquoi vous verrez que le nombre de bénéficiaires est en augmentation. +27 % de l'AMU en 2 ans, vous constaterez que le gouvernement prend pleinement en charge les besoins de ces personnes tenant compte du fait aussi que l'enveloppe évolue à la hausse beaucoup plus rapidement que le nombre de bénéficiaires. Cela veut dire que beaucoup plus de soins sont pris en charge par patient. Donc nous allons continuer à veiller à ce que le dialogue qui doit être mis en oeuvre soit respectueux du médecin hospitalier ou du MG dans le cadre de l'AMU. C'est également dans le respect que je rencontrerai l'Ordre des médecins et Médecins du Monde.

Au départ de votre réforme de l'AMU, il y a la constatation d'abus. C'est cela ?Première chose : il faut revenir sur un certain nombre d'éléments. Le contrôle n'est pas nouveau. Quand j'entends que le contrôle est une nouveauté, c'est une erreur. Il existait des CPAS très concrètement avant la réforme Mediprima. On contrôlait soit via un médecin, soit via un administratif. Vous avez le rapport du KCE (Centre fédéral d'expertise des soins de santé, NDLR) qui recommande en 2015 que la Caami (Caisse auxiliaire d'assurance maladie invalidité, NDLR) se charge des contrôles. En effet, je pense que cela peut poser problème qu'un contrôle soit posé par un administratif à la place d'un MG ou d'un médecin hospitalier. Ce qui est proposé dans ce rapport, c'est qu'un médecin va parler à un médecin. Donc, je pense que par rapport à l'exigence de connaissance, c'est beaucoup plus approprié qu'un administratif qui ne connaît rien aux questions de santé. Il s'agit donc d'un progrès, contrairement à ce que l'on raconte. Car avant, certains CPAS contrôlaient et d'autres pas. Était-ce une politique objective ? Ici, vous aurez la Caami. Point. Tout le monde sera logé à la même enseigne.Le Conseil national de l'Ordre des médecins recommande que tous les soins soient prodigués à ces personnes, conformément à la dignité humaine. C'est évidemment très large. Il se réfère à la déontologie médicale.En réalité, il n'y a pas de réforme de l'AMU sur le plan des soins nécessaires et urgents. Il n'y a pas de remise en question : ce qui était pris en charge avant cette réforme le sera encore demain, à l'exclusion des abus constatés par un professionnel médecin de la Caami qui a produit un rapport. Il y aurait eu 6 % d'abus, c'est-à-dire de soins qui ne relèvent pas de l'AMU. Nous avons rencontré le Conseil national de l'Ordre des médecins qui n'a pas remis en cause le texte présenté. Le principe du contrôle n'est pas remis en question. L'Ordre l'accepte complètement. Lorsqu'il fait référence à la dignité humaine, il se réfère à un texte qui concerne le demandeur d'asile, ce qui est une autre problématique.Un syndicat de MG, le GBO, se plaint du fait que le contrôle se fasse a posteriori. On pourrait ainsi se trouver dans la situation où un généraliste soigne et risque ensuite de n'être pas remboursé.Je pars du principe qu'à partir du moment où des contrôles ont lieu a posteriori, cela doit se faire entre médecins. Je constate que ces problèmes se posent depuis bien avant mon arrivée. J'ai lu dans un éditorial sans doute trop peu documenté, qu'un membre de l'Exécutif voulait faire telle chose. Non : c'est un projet passé par le conseil des ministres. Vous direz à Samuel (le dessinateur du journal du Médecin : NDLR) qu'il se documente un petit peu. Donc, il s'agit dans ce cadre-là d'opérer le contrôle par la suite. Ce que je souhaite (et le conseil national a déjà été consulté deux fois sur le sujet et je le consulterai encore ainsi que d'autres acteurs de soins) c'est que dans le cadre de l'Arrêté royal qui établit la relation entre le médecin hospitalier ou le MG et le médecin de la Caami, il y ait une relation franche. Je veux articuler cet AR de manière à avoir un équilibre, un respect pour le prestataire de soins mais aussi un respect par ce qu'on entend par Aide médicale urgente et de veiller à ce que l'on reste dans ce cadre-là. Donc, à moins qu'il s'agisse d'une personne qui s'est fait renverser par une voiture - et cela fera l'objet d'une réflexion autour de cet arrêté-, que l'on soit dans le cadre d'un échange et pas d'une logique tendue.Médecins du Monde dénonce les disparités de traitement entre les bénéficiaires de l'AMU...Justement, ils doivent analyser la réforme. Je les rencontrerai d'ailleurs prochainement. Je veux tendre la main et me mettre autour de la table même si le projet a déjà été voté en deuxième lecture. On a justement un contrôle à caractère médical et non par un administratif, je le répète. C'est préférable à une enquête sociale opérée par les CPAS. Ce n'était par leur job. Le système entraînait des disparités...Médecins du Monde dénonce aussi le fait que des personnes déboutées remplissent en réalité les critères pour être couvertes.Je ne vais pas rentrer dans une polémique. Je vais les rencontrer. Ce sont des médecins. Donc ils sont sensibles au fait que c'est un médecin qui va opérer les contrôles. Je veux apaiser les tensions à ce sujet. Je l'ai dit à la Chambre, face à des gens qui me disent : " Vous voulez faire des économies ". Non : les chiffres démontrent que le budget augmente. Aujourd'hui, il y a encore une peur dans le chef des personnes en situation irrégulière. Mais nous prévoyons dans cette réforme une possibilité de pré-enregistrement. Qu'un certain nombre d'enquêtes sociales puissent déjà avoir lieu sur le plan médical plus rapidement. Le pré-enregistrement concerne les cas où il n'y a pas de besoin médical. Quand il n'y avait pas de besoin médical, la personne pouvait s'enregistrer administrativement pour faire accélérer la procédure au moment où elle aurait un besoin médical. Le premier impératif est de ne pas toucher au principe fondamental de l'AMU. On a un devoir moral par rapport à un groupe déjà précaire, par rapport à ce type de population. Cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas dire un moment qu'il y aurait des abus. En tant que responsable politique, s'il y a des abus tels que nous l'a communiqué un médecin de la Caami, eh bien, nous devons veiller à ce que les soins prodigués dans le cadre de l'AMU le soient dans ce cadre-là et pas un autre. On doit veiller de manière équilibrée à ce qu'il fonctionne. Je ne me serais pas permis d'indiquer qu'il y aurait des abus si un professionnel de la médecine ne m'en avait pas fait part. Ces abus restent marginaux, c'est un fait. Mais dans le cadre d'un dialogue entre médecins, pas dans une logique de flicage.Jusqu'où va notre devoir de soins envers ces personnes face à une partie de l'opinion publique qui se demande si l'argent n'est pas dépensé à mauvais escient eu égard aux soins délivrés aux Belges... On parle ici de l'homme de la rue...Vous en avez d'autres des questions comme ça ? Je vous ai dit que c'est un devoir moral. Et il faut le dire à l'homme de la rue. Et c'est tout à notre honneur. L'AMU ne doit pas être revue sur les fondamentaux pour aider des personnes qui sont déjà extrêmement vulnérables. C'est la volonté de ce gouvernement. C'est pourquoi vous verrez que le nombre de bénéficiaires est en augmentation. +27 % de l'AMU en 2 ans, vous constaterez que le gouvernement prend pleinement en charge les besoins de ces personnes tenant compte du fait aussi que l'enveloppe évolue à la hausse beaucoup plus rapidement que le nombre de bénéficiaires. Cela veut dire que beaucoup plus de soins sont pris en charge par patient. Donc nous allons continuer à veiller à ce que le dialogue qui doit être mis en oeuvre soit respectueux du médecin hospitalier ou du MG dans le cadre de l'AMU. C'est également dans le respect que je rencontrerai l'Ordre des médecins et Médecins du Monde.