Une nouvelle étude de la Mutualité chrétienne révèle que non seulement les bénéficiaires de l'intervention majorée sont plus nombreux, mais qu'ils sont également de plus en plus jeunes...
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Près d'un Belge sur cinq bénéficie aujourd'hui du statut BIM, mais quel est son profil ? Un invalide, un pensionné, une personne handicapée, une famille monoparentale, des chômeurs... Mais, plus étonnant, parmi les bénéficiaires de ce statut, on trouve désormais aussi de nombreux jeunes. Le service d'études de la Mutualité chrétienne s'est penché sur l'augmentation importante (+54% entre 2002 et 2021, selon l'Agence intermutualiste) du nombre de bénéficiaires du statut BIM. Même si les pensionnés restent prépondérants, on constate de manière générale un rajeunissement des bénéficiaires BIM.Dans les trois premières tranches d'âges (0-18, 19-35, 36-49 ans), les proportions de BIM augmentent fortement : de 2008 à 2022, elles ont presque doublé. Dans les deux dernières (66-75, 76+ ans), par contre, elles diminuent d'environ 30% (bien qu'elles restent les plus élevées chez les 76+, avec 33%). Les tranches d'âge supérieur voient leur poids diminuer, tandis que les tranches d'âge jeunes augmentent en importance, souligne l'étude." C'est un phénomène inquiétant et nouveau, les bénéficiaires de l'intervention majorée sont de plus en plus jeunes. Nous le constatons dans notre étude?: en 2022, 18,1% des bénéficiaires du BIM avaient 18 ans et moins contre 11,6% en 2008", souligne Elisabeth Degryse, vice-présidente de la Mutualité chrétienne. "La situation dans les grandes villes est interpellante. Ainsi, à Bruxelles, 37% des jeunes de 18 ans et moins sont BIM, ils sont 35% à Liège et Charleroi, 40% à Anvers. Des chiffres à mettre en parallèle avec le revenu moyen par habitant. Il est 12% plus bas que la moyenne nationale à Anvers (ville), 21% plus bas à Bruxelles et 28% plus bas à Charleroi (selon les statistiques sur les revenus fiscaux de STATBEL). Dans les faits, la situation des jeunes est héritée des faibles niveaux de revenus de leurs parents. Si ces jeunes bénéficient de l'intervention majorée, c'est bien en raison du faible niveau de revenus des ménages dont ils font partie."Pourquoi les 'jeunes' ont-ils plus de risque d'être BIM ? Plusieurs éléments sont avancés :- Le taux de chômage est 2,6 (en 2008) à 2,9 (en 2021) fois plus élevé dans la tranche des 15-24 ans par rapport au taux de chômage relatif à l'ensemble de la population active ;- Le nombre de 'jeunes' bénéficiaires du revenu d'intégration sociale (RIS) augmente: le nombre moyen mensuel de bénéficiaires entre 18 et 24 ans du RIS passe d'environ 24.000 en 2008 à 52.000 en 2021. De même, pour la tranche entre 25 et 44 ans, le nombre moyen mensuel de bénéficiaires du RIS augmente de 31.000 en 2008 à 65.500 en 2021.S'il n'y a pas de différence de proportions de BIM (autour de 14-15%) entre la population de nationalité belge et celle provenant d'un pays d'Europe occidentale, pour les membres de la mutualité issus d'autres pays, la proportion de BIM monte à 51,7%, soit 3,6 fois plus que dans la population belge, relève l'étude. Pourquoi ? Parce que l'accès à l'emploi est plus difficile : en 2021, le taux d'emploi des ressortissants hors Union européenne était de 43,3%, contre 71,9% pour les personnes de nationalité belge.Combien de personnes BIM par ménage ? Pour les ménages d'une personne, la proportion est très élevée : 32% en 2022. Puis elle diminue au fur et à mesure que la taille du ménage augmente mais, à partir des ménages de cinq personnes, elle augmente à nouveau. Elle est ainsi la plus élevée (47% en 2022) chez les ménages de sept à dix personnes. A noter que la proportion de ces ménages a fortement augmenté puisqu'elle était de 32% en 2008.L'augmentation importante du nombre de bénéficiaires ne s'explique toutefois pas uniquement par une paupérisation de la population. Le pays a aussi connu des évolutions législatives, permettant un meilleur échange des informations entre les différentes instances, pour notamment éviter le phénomène dit de non take-up, soit le fait que certaines personnes ne demandent pas / n'obtiennent pas le statut BIM alors qu'elles y ont pourtant droit. Intérêt non négligeable, le statut BIM ouvre l'accès à d'autres aides en dehors de l'AO : c'est ainsi que le droit au tarif social "énergie" a été ouvert aux BIM pour faire face à la crise énergétique, l'an dernier. Parmi les procédures nouvelles, le droit automatique au statut pour les personnes ayant déjà un droit social spécifique délivré par une autre administration (après enquête sur les revenus, par exemple le RIS) et le "flux proactif", qui recourt aux données fiscales pour détecter les ménages ayant un droit potentiel au statut BIM afin qu'ils soient contactés par leur mutuelle pour introduire une demande. "Pour près de 45% de nos membres BIM, le droit leur a été ouvert automatiquement", note l'étude de la MC. Mais une faiblesse du dispositif est son aspect 'binaire' : on a le statut ou pas. Pour changer cela, il faudrait intégrer une progressivité dans la prise en compte des revenus.Cette proactivité pourrait cependant encore être améliorée, note la mutualité, en donnant accès à des informations plus récentes sur les revenus (les données fiscales étant par définition en retard sur la réalité économique) et ainsi ouvrir plus rapidement et d'office le droit au statut BIM. Pour diminuer davantage le non take-up, les organismes assureurs font des propositions précises : ouverture automatique du droit en faveur des familles surendettées en règlement collectif de dettes, ouverture " d'office " pour les personnes isolées, les familles monoparentales qui ont une des indications suivantes : être en incapacité de travail et/ou au chômage (minimum trois mois), en invalidité, pensionné.