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Les séjours hospitaliers, souvent inévitables pour traiter des affections graves, sont parfois accompagnés de risques liés à des erreurs médicales. Les premières études sur ce sujet ont suscité des alarmes disproportionnées. En 1999, une étude estimait que les erreurs médicales provoquaient entre 44 000 et 98 000 décès par an aux États-Unis. En 2016, ces chiffres ont explosé avec une estimation de 251 454 à 400 000 décès annuels, plaçant ces erreurs comme la troisième cause de mortalité après les maladies cardiaques et les cancers. Une telle évaluation, relayée massivement par les médias, a laissé entendre que 35 à 38 % des décès hospitaliers seraient dus à des erreurs médicales.Cependant, ces chiffres doivent être interprétés avec précaution. Une telle proportion ferait des hôpitaux des lieux d'une incompétence systémique, une hypothèse invraisemblable. Les études ultérieures ont corrigé ces excès. Une analyse menée entre 1990 et 2016 a recensé 123 063 décès directement attribuables à des effets indésirables des traitements médicaux (EITM), comme des erreurs chirurgicales. Cela représente environ 4 750 décès par an, soit moins de 2 % des estimations de 2016.Traduit en termes de risque relatif, un séjour hospitalier moyen aux États-Unis n'augmente le risque de décès d'un individu que de 20 à 30 %, bien loin des scénarios alarmistes initiaux. Ce constat démontre les progrès constants de la médecine moderne et sa capacité à gérer les risques inhérents aux soins.En comparaison, d'autres causes de mortalité méritent davantage d'attention. Par exemple, les accidents de la route et les empoisonnements accidentels provoquent plus de décès que certains cancers redoutés, comme celui du sein. Ces données mettent en lumière l'importance de mesurer les risques dans leur juste proportion, en tenant compte des contextes et de la durée d'exposition.La surmédiatisation des erreurs médicales masque souvent les progrès réels réalisés dans le domaine de la santé. Loin d'être des lieux dangereux, les hôpitaux restent des piliers essentiels pour sauver des vies, même si la vigilance face aux risques évitables doit rester une priorité.Par ailleurs, on sera étonné d'apprendre que les homicides aux États-Unis, avec un taux de 6 pour 100 000 habitants en 2017, provoquent presque autant de décès que la leucémie, qui atteint 7,2 pour 100 000. Ce dernier chiffre témoigne à la fois des progrès réalisés dans le traitement de cette tumeur et de la dangerosité de la société américaine, note Vaclav Smil.Les chutes accidentelles, quant à elles, causent 11,2 décès pour 100 000 habitants, un chiffre comparable à celui du cancer du pancréas (13,5 pour 100 000), une maladie à la survie particulièrement courte après diagnostic.Les accidents de la route sont deux fois plus meurtriers que le diabète, avec un taux de 52,2 contre 25,7 pour 100 000 habitants, affectant en outre un nombre disproportionné de jeunes.Enfin, les empoisonnements accidentels et l'exposition à des substances nocives provoquent 19,9 décès pour 100 000 habitants, dépassant même le taux de mortalité lié au cancer du sein, qui s'élève à 13,1 pour 100 000.[1] ISBN : 978-2-84225-290-8