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Parmi ces vaccins, trois sont à base d'ARN messager (Pfizer/BioNTech, Moderna et CureVac) et deux à vecteurs viraux non réplicatifs (AstraZeneca et Janssen). Le vaccin mis au point par Pfizer/BioNTech, appelé Comirnaty, est le premier qui a reçu une autorisation de mise sur le marché conditionnelle de la commission européenne sur base d'une opinion positive de l'EMA (21 décembre 2020). Une fiole contient six doses de 0,3ml et doit être conservée à -75-80°C. Après décongélation, le vaccin se conserve maximum cinq jours à 2-8°C. Il peut être administré à partir de 16 ans. Il a montré une efficacité globale de 95%, avec deux doses, espacées de 21 jours minimum. "Cette efficacité est presque inattendue, puisqu'il s'agit d'une nouvelle plateforme. Nous n'avions aucune donnée à grande échelle concernant des vaccins à ARNm. Les événements indésirables observés sont ceux d'une réactogénicité propre à la vaccination comme les douleurs à l'injection. C'est l'effet indésirable le plus fréquent (>80% des cas). Les effets indésirables systémiques les plus fréquents sont la fatigue, les maux de tête, les myalgies et de la fièvre. Ils sont modérés et apparaissent principalement chez les moins de 55 ans et de façon plus importante après la seconde dose", explique le Pr Jean-Michel Dogné, directeur du Département de pharmacie de l 'UNamur, expert à l'AFMPS, l'EMA et à l'OMS, et membre de la Task force pour l'opérationnalisation de la stratégie de vaccination Covid-19. "Jusqu'à présent, plus de dix millions de personnes ont reçu le vaccin Pfizer dans le monde. Les données d'utilisation sont donc relativement massives et le profil de sécurité correspond à celui des études cliniques, avec des cas de réactions allergiques graves survenus dans la vie alors qu'on n'en avait pas vu en étude clinique. Ce qui est logique puisqu'elles apparaissent dans environ un cas tous les 100.000 vaccinés". La moyenne de 11,1 chocs anaphylactiques par million de doses administrées (vs 1,3/M pour les vaccins contre la grippe) reste un effet "excessivement rare ." Le vaccin de Pfizer en fiole doit être reconstitué avec du sérum physiologique. "Initialement, il était prévu d'y prélever au minimum cinq doses. Or, on a constaté qu'il en restait une sixième. La firme a donc soumis auprès de l'EMA une demande de modification de l'information indiquant qu'on peut prélever six doses, à condition d'utiliser des seringues qui n'ont pas de volume mort trop important (<35m L). L'EMA a validé cette sixième dose le 8 janvier dernier."La Belgique a fait initialement l'acquisition de cinq millions de doses du Comirnaty. "Frank Vandenbroucke a annoncé que 7,5 M de doses supplémentaires sont envisagées, voire encore 2,5 M en plus, soit 15 M au total. Jusque fin janvier, on devrait recevoir en moyenne 90.000 doses/semaine (86.500, cette semaine)."Le 6 janvier, le vaccin développé par Moderna est le deuxième à avoir obtenu le feu vert de la Commission européenne. Il est administré en deux doses, espacées de 28 jours. Il est autorisé à partir de 18 ans. Une fiole contient 10 doses de 0,5ml et doit être conservée à -20°C. Après décongélation, le vaccin se conserve 30 jours entre 2 et 8°C. Il est néanmoins instable aux chocs. Il présente le même type de profil d'efficacité et de sécurité que le vaccin Pfizer, y compris pour les réactions anaphylactiques. "Ces deux vaccins sont entourés par une couche de protection lipidique qui contient pour un des lipides du polyéthylène glycol qu'on soupçonne être à la base de ces réactions allergiques. Ces vaccins n'ont pas de contre-indication si on a eu une allergie par le passé, à l'exception d'une hypersensibilité à la substance active ou à l'un des excipients. Il est recommandé de surveiller attentivement les sujets vaccinés pendant au moins 15 minutes après la vaccination. La seconde dose du vaccin ne doit pas être administrée chez les personnes ayant présenté une réaction anaphylactique après la première dose", note le Pr Dogné. La Belgique a acheté deux millions de doses: les 8.000 premières sont arrivées au cours de la deuxième semaine de janvier. Les vaccins à vecteurs viraux développés par AstraZeneca et Janssen se conservent à 2-8°C. "La plateforme à vecteur viral non réplicatif utilisée par AstraZeneca n'a pas fait l'objet d'autorisation par le passé. Il s'agit d'un vaccin innovant utilisant un adénovirus de chimpanzé. Dans certaines études, ils ont utilisé des demi-doses pour la première dose, et puis une dose standard pour la deuxième, ce qui s'est avéré plus efficace que deux doses standards. C'est pour cela qu'ils renseignent une efficacité moyenne de l'ordre de 70%. Il y a moins de données chez les >65 ans tant pour la sécurité que l'efficacité." Les effets secondaires sont ceux d'une réactogénicité propre aux vaccins. "Il n'y a pas eu de surprise en étude clinique, sauf un arrêt pour un cas de myélite transverse. La pharmacovigilance va suivre cela de près."Il s'administre en deux doses espacées de 4-12 semaines. L'EMA envisage de donner une opinion pour fin janvier. La Belgique en a commandé 7,5 millions de doses. Ce vaccin utilise un adénovirus humain de sérotype 26 qui a déjà été commercialisé pour des vaccins dans le monde (notamment Ebola). "Il fait l'objet d'études cliniques de grande ampleur, aussi bien en une qu'en deux doses. Ses données d'immunogénicité en phase 1-2a viennent d'être publiées dans le NEJM: elles indiquent que le candidat vaccin est sûr et immunogène chez les adultes plus jeunes et plus âgés. Ces résultats en combinaison avec les résultats des études précliniques sont encourageants. Les études de phase 3 sont en cours. On espère avoir dans les semaines à venir des informations de l'EMA", indique-t-il. Cinq millions de doses sont prévues pour la Belgique. Enfin, on dispose actuellement de très peu de données sur le cinquième vaccin attendu par la Belgique (trois millions de doses). "L'étude clinique est en cours et CureVac vient de s'associer à Bayer pour accélérer le développement de son produit. Il s'agit d'un vaccin à ARNm qui devrait être administré en deux doses."Jean-Michel Dogné se réjouit de voir notre porte folio s'enrichir petit à petit de vaccins: "Et surtout de vaccins différents qui seront peut-être plus adaptés tant d'un point de vue logistique que des caractéristiques pour des populations plus spécifiques. Aucun vaccin n'a été testé chez la femme enceinte en étude clinique, par exemple, mais on commence à avoir des données avec le vaccin Pfizer parce que, notamment aux Etats-Unis, de plus en plus de femmes enceintes sont vaccinées. Néanmoins, en Belgique, vu l'absence de données spécifiques, le CSS ne recommande pas actuellement la vaccination systématique de la femme enceinte sauf si la balance bénéfice-risque est en faveur de cette vaccination.""Si notre pays reçoit toutes les doses prévues (Pfizer (15M), Moderna (2), AstraZeneca (7,5), Janssen (5)), soit 30 millions, cela représentera plus de doses que nécessaire. Elles seront alors bien sûr remises dans le circuit européen et international", précise le Pr Dogné.