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Un temps première mondiale en morts Covid par million d'habitant, la Belgique était quatrième européenne derrière l'Espagne, le Royaume-Uni et l'Italie selon les données les plus récentes utilisées par Solidaris, notamment celles rassemblées par le Financial Times[1].De début mars 2020 à début, juin, notre pays a observé une surmortalité de 9.000 personnes, proche des plus 10.000 morts attribuées au Covid dans notre pays.Dans sa tentative d'aller plus dans les détails de cette pandémie, le Service d'études de Solidaris a utilisé la méthodologie habituelle : la surmortalité attribuée au Covid-19 a été calculée en comparant, d'une part, le nombre de décès survenu durant les semaines du 16 mars au 10 mai 2020 (semaines 12 à 19 du calendrier) des affiliés présents au 31 décembre 2019 avec, d'autre part, le nombre moyen de décès sur la même période au cours des cinq dernières années (2015-2019) des affiliés Solidaris présents au 31 décembre de l'année précédant l'année du décès. La différence entre les deux donne la surmortalité en chiffres absolus.Les chercheurs ont ensuite calculé la surmortalité relative (en divisant le nombre de décès en 2020 par le nombre moyen de décès entre 2015 et 2019).Afin de comparer 2020 aux années précédentes, ils ont utilisé des taux de mortalité (directement) standardisés par âge et par sexe.Cette mesure de la surmortalité indique dans quelle mesure le taux de mortalité standardisé calculé pour les semaines du 16 mars au 10 mai en 2020 est (dans le cas présent) supérieur au taux de mortalité standardisé moyen calculé pour la même période lors des années 2015 à 2019." Dans l'interprétation des résultats, nous posons l'hypothèse que la surmortalité ainsi observée est directement liée au Covid-19, car l'épidémie annuelle de grippe hivernale a atteint son point culminant au début février et n'a pas entraîné de surmortalité dans la période allant de janvier à début mars 2020. "Dans les statistiques publiées à intervalles réguliers, les chiffres de surmortalité vont rarement plus loin qu'une ventilation par âge, sexe et région. Solidaris a voulu creuser un peu et s'est penché sur la différence au sein de ses affiliés entre le fait de résider ou non en maison de repos et de soins (MRS), mais aussi sur le degré d'urbanisation de la commune de résidence de l'affilié (densité de population), le statut BIM (statut socio-économique plus faible généralement) et l'état de santé de l'affilié (statut maladie chronique, patient diabétique, patient prenant des médicaments pour la BPCO/Asthme et patient cardiaque).Assurant 30% de la population belge, Solidaris dispose d'un échantillon représentatif. Cependant, les caractéristiques sanitaires, socio-économiques et géographiques de ses affiliés ne sont pas distribuées de manière tout à fait équivalente à l'ensemble de la population belge. On ne peut donc les extrapoler à tout le pays, prévient la Mutualité socialiste.Sur les 3,3 millions d'affiliés de Solidaris, il en décède en moyenne 30.000 par an, 600 par semaine. En 2020, à partir du 16 mars, Solidaris constate pourtant une augmentation conséquente du nombre de décès et même un pic lors de la semaine du 6 avril (" semaine 15 ") d'environ 1.200 morts (voir figure). La courbe des décès redescend ensuite vers la moyenne 2015-2019, autour de 600 morts par semaine, à partir du 11 mai (" semaine 20 ")." Notre analyse confirme les observations de surmortalité durant le confinement. Entre le 16 mars et le 10 mai 2020, 7.296 affiliés de la Mutualité Solidaris sont décédés. C'est 56% de plus que le nombre moyen de décès au cours de la même période lors des années 2015 à 2019. " Parmi eux, Solidaris constate que la majorité du surplus de décès (en chiffres absolus) s'observe dans les groupes d'âge les plus âgés : plus de 80% des décès concerne les plus de 75 ans. C'est également pour les tranches d'âge plus âgées qu'on observe une surmortalité relative plus élevée : 78 % chez les plus de 85 ans. Parmi les 0-14 ans, en revanche, la mutualité compte 4 morts supplémentaires par rapport à 2015-2019 (14 décès au lieu de 10).La surmortalité observée parmi les résidents des MRS est élevée (95%), en comparaison des personnes vivant à domicile (28%), pointe la mutuelle. " Le surplus de décès en maison de repos (1.274 en tout) représentent près de deux tiers de la surmortalité. Le nombre de décès y était presque deux fois plus élevé que la normale. Ceci alors que les personnes âgées à domicile ont été beaucoup moins touchées. " La taille de la MRS est un indicateur de surmortalité importante en Wallonie, nonobstant l'organisation interne des établissements et le manque de recul sur la qualité de vie. Ainsi, en Wallonie où Solidaris est très présente, la surmortalité est de 79% dans les établissements comptant moins de 80 lits, 116% dans les maisons de repos de 80-109 lits, 129% dans celles de 110-149 lits et 180% pour les grandes maisons de repos de 180 lits ou plus. Ces différences ne s'observent pas en Flandre.Si les patients diabétiques sont plus vulnérables au Covid, ce n'est pas le cas des BPCO, des personnes asthmatiques ou des patients cardiaques. " Chez les patients atteints de BPCO/Asthme, nous constatons même une surmortalité nettement inférieure à celle des personnes qui ne sont pas atteintes de BPCO/Asthme ! "En outre, en comparant les BIM (bénéficiaires de l'intervention majorée, indice de niveau socio-économique plus bas), et les non-BIM, Solidaris constate une différence significative puisque la surmortalité des premiers est de 70% contre 45% pour les affiliés non-BIM.Enfin, Le Covid-19 a davantage impacté Bruxelles (122% de surmortalité), que la Wallonie (59%) et la Flandre (45%). " Au niveau sous régional, on constate une plus faible surmortalité pour les provinces de Flandre occidentale et orientale (34%) et dans la province d'Anvers (37%). A l'opposé, ce sont les provinces du Limbourg (76%), de Namur et de Liège (toutes les deux à 66%) qui enregistrent les taux de surmortalité relative les plus hauts. "Logiquement, la surmortalité est la plus élevée dans les zones les plus densément peuplées (33%), légèrement moins dans les petites villes et les communes suburbaines (28%) et la plus faible dans les communes à faible densité de population (22%).Pour Solidaris, ces différences de surmortalité observées réaffirment le besoin d'une prise en compte des spécificités locales dans la gestion de la crise. " Pour être cohérente et compréhensible la réponse face à la crise sanitaire doit se baser sur un socle national, mais doit être complétée par des mesures plus locales, provinciales voire communales, pour répondre aux mieux à la réalité sanitaire perçue sur le terrain. "Solidaris fait un appel du pied au gouvernement De Croo et au ministre de la Santé Vandenbroucke pour qu'ils tiennent compte de ces différences dans la lutte contre la pandémie, comme ils semblent d'ailleurs s'y engager dans la Déclaration gouvernementale.[1] https://www.ft.com/content/a2901ce8-5eb7-4633-b89c-cbdf5b386938