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Une équipe de l'Université de l'Utah, en collaboration avec des chercheurs chinois, s'est penchée sur l'hypothèse d'une transmission du SARS-CoV-2 pendant les rapports sexuels, comme c'est le cas des virus Ebola et Zika et d'autres agents pathogènes viraux. L'équipe a analysé des échantillons de liquide séminal de 34 hommes chinois ayant reçu un diagnostic d'une forme légère ou modérée de COVID-19. Alors que six patients (19%) ont manifesté une gêne scrotale concernant l'orchite virale au moment de la confirmation de COVID-19, des tests effectués en laboratoire après une durée médiane de 31 jours à partir du diagnostic positif n'ont pas révélé la présence du SARS-CoV-2 dans les semences analysées. Les scientifiques ont néanmoins souhaité vérifier si le virus pourrait infecter les testicules, ce qui peut endommager à long terme le sperme et la production de spermatozoïdes.Pour y parvenir, ils ont utilisé un ensemble de données générées à partir d'un atlas d'ARNm unicellulaire de jeunes donneurs d'organes en bonne santé, fruit d'un travail antérieur. Cet atlas leur permet d'analyser le matériel génétique utilisé pour fabriquer des protéines, dans n'importe quelle cellule testiculaire. Ici, les chercheurs ont examiné en particulier l'expression de deux gènes, l'enzyme de conversion de l'angiotensine 2 (ACE2) et la sérine protéase transmembranaire 2 (TMPRSS2), documentés comme des récepteurs majeurs permettant au SARS-CoV2 de pénétrer dans les cellules et de s'y répliquer. Pour que le virus puisse accéder efficacement aux cellules, les deux récepteurs doivent être présents dans la même cellule hôte. Résultat ? Les gènes codant pour ces deux protéines ne sont exprimés que dans quatre des 6 500 cellules testiculaires, ce qui suggère qu'il est peu probable que le SRAS-CoV-2 puisse infecter et envahir les cellules testiculaires humaines.En dépit de ces découvertes permettant de supposer que le nouveau coronavirus ne serait pas sexuellement transmissible, les auteurs reconnaissent des limites à leur recherche : la petite taille de l'échantillon et l'absence de forme sévère de COVID-19 chez leurs participants. Un patient plus sévèrement malade pourrait en effet être porteur d'une charge virale plus élevée, ce qui pourrait augmenter le risque d'infection du sperme.Le Pr James Hotaling rappelle aussi qu'un contact intime peut augmenter le risque de propagation de la maladie par la toux, les éternuements et les baisers.(référence : Fertility and Sterility, 13 avril 2020, doi : 10.1016/j.fertnstert.2020.04.024)