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Dans un courrier adressé le 17 avril aux directeurs médicaux, le médecin inspecteur-général du SECM demande au nom de l'Inami, du SPF Santé Publique, de l'AFMPS et du Risk Management Group aux hôpitaux de lui envoyer - pour le 22 avril et le 5 mai - le listing des prestations et admissions réellement effectuées entre le 30 mars et le 20 avril et celles planifiées entre 20 avril et le 3 mai.Le directeur médical doit recenser les interventions effectuées (urgentes et non urgentes) au bloc opératoire, les admissions à l'hôpital de jour, les procédures endoscopiques de gastroentérologie et d'urologie et les examens IRM.Ce recensement fait partie du monitoring annoncé le 16 avril par les autorités " afin de pouvoir suivre ce qui se passe sur le terrain " et " pouvoir procéder à des contrôles ponctuels quand cela s'avère nécessaire". Est-ce le rôle des fonctionnaires de l'Inami de juger de l'utilité des soins en période de crise sanitaire ?"Je considère ceci comme un scandale ", s'indigne un médecin hospitalier. " Pendant ce temps où les patients non Covid meurent, car ils n'osent plus venir à l'hôpital pour des soins urgents, et où nous manquons toujours des moyens pour combattre le Covid-19, l'Inami poursuit sa politique répressive par rapport aux hôpitaux et médecins uniquement dirigée par des motifs financiers. Les hôpitaux ont été en première ligne de combat au Covid-19. Ils n'ont pas uniquement la mission de s'occuper des patients Covid-19, mais aussi de fournir des soins habituels et urgents aux patients qui n'ont pas été infectés par le Covid-19. Depuis des semaines, nous avons des patients qui sont sur des listes d'attente pour des interventions qui ne peuvent pas être postposées."Dans un hôpital wallon, un chef de service pointe le délai très court donné aux hôpitaux pour répondre à ce questionnaire. "Nous avons autre chose à faire pour l'instant que de remplir des questionnaires. Nos IRM tournent au ralenti depuis le 14 mars, jour du lancement des PHU. Nous en réalisons quelques-unes par jour au lieu d'une centaine pour des patients qui en ont besoin, entre autres en oncologie. En outre, nous pourrions très bien en programmer plus et, si nécessaire arrêter les machines si c'était nécessaire pour libérer du personnel pour la lutte contre le Covid. Comment va-ton assurer tous les examens d'imagerie médicale nécessaires lorsque les hôpitaux vont reprendre normalement leurs activités ? Il faudra allonger les plages horaires du service et payer des heures supplémentaires."Réagissant à notre article sur Linkendin, Stéphan Mercier, administrateur délégué du Groupe Jolimont commente ce monitoring. "Nous ne pouvons plus fournir des données supplémentaires avec des moyens d'extraction artisanaux et dans des délais intenables. Mais nous sommes favorables à la transparence et à l'équité. Toutes les données figureront dans nos bandes de facturation. Sur cette base tous les contrôles sont possibles. Ils ont été annoncés, il n'y aura donc pas de surprise. "Le Dr Phillipe Leroy, CEO du CHU Saint-Pierre, souligne que les hôpitaux ne sont pas opposés aux contrôles de l'Inami mais que la forme que prennent ceux-ci pose problème. "Il est normal que dans le cadre de n'importe quelle activité financée par l'Etat il y ait des contrôles. Ici la façon d'effectuer ce monitoring est relativement brutal. Nous avons été prévenus la veille pour le lendemain en nous demandant de fournir de nombreuses informations à l'Inami. Cette méthode est ressentie comme un manque de respect pour des professionnels qui sont à cran depuis deux mois. Lorsque la crise sera calmée, on pourra faire les comptes et vérifier les activités des hôpitaux." Vincent Claes