C'est la voie originale, et qui semble prometteuse, qu'ont empruntée des chercheurs français issus de différentes institutions scientifiques (Inrae, Anses et Alfort), entrouvrant peut-être la porte à une future tactique vaccinale contre les maladies vectorielles.
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Comment lutter contre Borrelia, cette bactérie portée par certaines espèces de tiques et à l'origine de la maladie de Lyme? En France, l'Institut national de la recherche agronomique (Inrae) imagine une piste innovante, en collaboration avec l'École nationale vétérinaire d'Alfort (Enva) et l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses): réduire le volume des colonies de bactéries présentes dans la tique en perturbant son microbiote. Non pas en s'attaquant à la tique elle-même directement, mais bien indirectement, en passant par sa future victime, en vaccinant cette dernière pour qu'elle produise des anticorps qui vont, eux, avoir un impact sur la flore de la tique. Soit un vaccin dit "antimicrobiote".Les premiers résultats de cette recherche viennent d'être publiés dans la revue Microbiome.Parmi les différents pathogènes qui nichent dans leur microbiote et que peuvent transmettre les tiques, les chercheurs français se sont plus particulièrement penchés sur le sous-génotype afzelii CB43 de Borrelia burgdorferi, à l'origine de borrélioses de Lyme, présente chez les tiques de type Ixodes ricinus. Comme "taxi" pour véhiculer leur vaccin, ils ont utilisé une bactérie inoffensive (E. coli BL21). Le vaccin a été injecté à des souris qui ont ensuite développé des anticorps. Ces anticorps, une fois les souris mordues par des tiques, ont montré une capacité à interagir avec le microbiote des tiques, à le perturber et ainsi, au final, à moduler la population bactérienne de B. afzelii jusqu'à la réduire.La comparaison des tiques entre les deux groupes de souris (vaccinées versus non vaccinées) montre que les tiques qui ont mordus des souris vaccinées portent moins de Borrelia. Le vaccin protège donc les tiques contre le colonisation bactérienne mais, souligne l'Inrae, il ne protège toutefois pas la souris de la maladie."Ces travaux se concluent sur une double avancée : de nouvelles connaissances sur l'importance du microbiote dans l'infection des tiques par Borrelia et une possible stratégie de vaccination innovante. En effet, les résultats confirment que le microbiote des tiques est un élément primordial pour le développement de Borrelia dans la tique. Une donnée essentielle qui laisse envisager le développement d'une stratégie de vaccination innovante qui vise à perturber le microbiote du vecteur de l'agent de la maladie de Lyme", se réjouit l'Inrae.Les maladies infectieuses qui se transmettent par des vecteurs tels que les tiques ou les moustiques sont particulièrement complexes à combattre via la vaccination directe car leurs agents pathogènes mutent beaucoup pour pouvoir s'adapter constamment à l'environnement. Moduler le microbiote de l'hôte grâce à un "cheval de Troie" pour le rendre moins "accueillant" et moins infectant, pourrait permettre de lutter contre différentes maladies vectorielles (paludisme, Zika, etc.), tant chez l'homme que chez les animaux.Pour rappel, en Belgique, il est possible de suivre le risque d'exposition de la population aux tiques via TiquesNet, le réseau de surveillance de Sciensano.