L'Unité audit hôpitaux (AFMPS, INAMI et SPF Santé publique) a réalisé un audit sur la pratique des césariennes en Belgique. Elle émet six recommandations pour les gynécologues-obstétriciens et les hôpitaux.
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En raison de l'augmentation du pourcentage de césariennes dans le monde, les autorités sanitaires belges surveillent depuis quelques années cette évolution dans notre pays. L'Unité audit des hôpitaux - qui rassemble des experts de l'AFMPS, de l'Inami et SPF Santé publique) - a analysé plusieurs indicateurs, issus de la littérature scientifique : le taux de césariennes en hôpital et les facteurs qui l'influencent, la rapidité avec laquelle une césarienne non programmée peut avoir lieu et les facteurs qui l'influencent (délai décision-incision), la prévention des infections, l'information de la patiente, la gestion des données relatives aux césariennes en milieu hospitalier et l'auto-évaluation de la politique médicale relative aux accouchements.Pour analyser ces indicateurs, l'Unité audit des hôpitaux s'est basée sur les données de facturation et des données hospitalières médicales anonymisées, un questionnaire en ligne complété par tous les hôpitaux, un audit de terrain auprès d'un petit groupe d'hôpitaux, des entretiens avec les chefs des services de maternité et de soins infirmiers-obstétriques et une analyse de séjours hospitaliers sélectionnés de manière aléatoire.Les auditeurs n'ont pas constaté une augmentation inquiétante du nombre de césariennes dans notre pays, mais une variabilité entre les institutions. " Le pourcentage de césariennes par rapport au nombre total de naissances varie fortement d'un hôpital à l'autre : en 2019, il oscillait entre 13,5 et 30,6 %. Ces différences ne s'expliquent pas d'un point de vue géographique. La plupart des césariennes sont pratiquées pour des raisons médicales. La raison la plus fréquente est le fait que la patiente ait déjà dû recourir à une césarienne précédemment ", peut-on lire dans le rapport.Bonne nouvelle pour les parturientes, les maternités belges peuvent réaliser rapidement une césarienne non-programmée. " En semaine, 57 % des hôpitaux peuvent effectuer une césarienne non programmée endéans les 15 minutes, et 96% endéans les 30 minutes. La nuit et le week-end, ce pourcentage est respectivement d'environ 30% et 84 %. La région ou la taille de l'hôpital n'ont pas de grand impact sur le temps écoulé entre la décision et l'incision. En revanche, la procédure de mise en route d'une césarienne a bel et bien un impact : l'audit de terrain met clairement en évidence l'importance d'un système uniforme de 'triage' et de protocole d'urgence. Nous constatons aussi la plus-value qu'apportent de bons processus. "Autre constat : la moitié des hôpitaux n'ont administré des antibiotiques pour prévenir une infection que durant l'intervention ou lors du clampage du cordon. "Bien que ce ne soit pas toujours possible en situation d'urgence, il est néanmoins recommandé de le faire avant d'inciser : c'est à ce moment-là que la prophylaxie agit le mieux ", soulignent les auditeurs.Ceux-ci pointent quelques manquements : les informations relatives à la médication de sortie ne figuraient pas dans la majorité des lettres de sortie et le codage des diagnostics et les procédures, important pour l'établissement du budget et la réalisation d'études, ne se fait cependant pas toujours de façon correcte." Lors de nos contacts avec les hôpitaux, nous avons constaté que l'audit a déjà incité plusieurs établissements à revoir leurs processus ", soutiennent les auditeurs. Ils avancent plusieurs recommandations : éviter une première césarienne autant que possible. Elle pourrait conduire à d'autres césariennes lors de grossesses ultérieures ; raccourcir le délai entre la décision et l'incision en prévoyant un système uniforme de triage et de protocoles d'urgence. Établir une procédure pour les actes avec un délai est critique et les intégrer dans un trajet de soins ; administrer les antibiotiques avant d'inciser pour mieux prévenir les infections. Ceci peut faire l'objet de procédures ; mentionner dans les lettres de sortie toutes les informations nécessaires. Pour ça, les hôpitaux et le secteur peuvent proposer un ensemble minimal de données à y inclure ; coder correctement les données hospitalières (conformément à l'ICD-10-BE) pour qu'elles puissent être comparées et échangées entre tous les dispensateurs de soins et favoriser la concertation entre médecins et l'auto-évaluation, qui contribuent à ajuster la politique médicale concernant les accouchements.