En introduction, le Dr Fonck rappelle le contexte. L'explosion des maladies chroniques complexes, liées au vieillissement de la population. "Les hôpitaux et les acteurs de soins sont directement concernés par cette évolution ", souligne la néphrologue.

La députée fédérale pointe les défis que doit relever le secteur hospitalier. "La continuité, la qualité et l'accessibilité restent des enjeux majeurs pour les hôpitaux. Par rapport aux autres pays de l'OCDE, la part payée par les patients belges reste relativement élevée. Le virage ambulatoire et l'articulation des hôpitaux au sein de l'architecture des soins sont aussi des points d'attention. " Elle regrette que depuis de nombreuses années, les hôpitaux et les soignants vivent dans des périodes d'instabilité liées aux décisions prises par les autorités.

Intégration des soins

" Nous allons devoir travailler pour aboutir à une vision nettement plus intégrée du patient. Des pratiques multidisciplinaires existent déjà. Par rapport à une trentaine d'années, on voit l'évolution des diagnostics, l'organisation de réunions multidisciplinaires autour de différentes pathologies. Il y a également plus de synergie entre les hôpitaux et la première ligne. L'évolution actuelle des prises en charge ne nous oblige-t-elle pas à poursuivre dans une vision encore plus intégrée? Je pense que oui. L'hôpital est maillon majeur mais il reste un maillon de la chaîne des soins. Une articulation des soins mieux coordonnée en amont est bénéfique pour le patient et peut l'être pour les hôpitaux sans oublier tout l'enjeu de l'aval. Le meilleur exemple en la matière est le patient âgé qui présente une comorbidité importante et reste un temps assez long à l'hôpital et pour lequel il faut trouver une solution d'aval parce qu'il est isolé et que sa revalidation n'est pas terminée. Si ce patient doit rester à l'hôpital, il risque d'être exposé à des infections nosocomiales."

La cheffe de groupe du cdH à la Chambre regrette la complexité institutionnelle belge qui complique la prise en charge parce que les acteurs dépendent de différentes autorités de tutelle. " Cette vision intégrée doit être une priorité des politiques. Ils n'en font pas assez. Il faut trouver des solutions intelligentes et pratiques pour les hôpitaux et les patients afin de favoriser une redistribution des prises en charge."

Le Dr Fonck cite en exemple un projet français (le Plan personnalisé de santé) qui permet d'organiser une sorte de vigilance autour du patient afin de pouvoir anticiper les complications et éviter des hospitalisations longues. "En Belgique de nombreuses initiatives existent également, mais on doit aller un cran plus loin."

Une vision pluriannuelle

" Le secteur de la santé doit avoir une volonté d'efficience, mais aborder son organisation de façon exclusivement économique n'est pas possible. Tous les six mois les hôpitaux doivent faire face à un nouveau train de mesures, que les gestionnaires n'avaient pas vu venir, ni pu anticiper. Or, ces responsables sont dans des logiques de reconstruction, d'investissement, de modernisation... Lorsqu'on connaît les résultats de l'étude Maha, l'instabilité du financement est devenue intenable. Vous le savez en tant que gestionnaires ou soignants...", a déclaré Catherine Fonck à l'intention des participants au colloque.

La députée pointe également la pression sur le nursing, qui doit prendre en charge dans des délais de plus en plus courts des pathologies plus complexes.

" Il faut fixer un cadre de stabilité. Cela a été fait pour le secteur pharmaceutique (par la ministre De Block : NDLR) . Ce n'est pas pour autant que les budgets ne vont plus bouger. Il est du devoir des politiques, au début d'une nouvelle législature, de fixer un cap budgétaire, un cap pour toutes les entreprises du non-marchand. Ce cadre va sécuriser le secteur. J'ose espérer que nous allons y arriver durant la prochaine législature."

Une croissance à 2,2%

Le bureau du plan a défini une croissance du budget des soins de santé à 2,2% tenant compte de l'évolution socio-démographique de la population. "S'il y a des possibilités d'efficience budgétaire, celles-ci doivent être réinjectées dans le secteur des soins de santé, y compris les hôpitaux. Les économies ne doivent pas boucher les trous de certains sous-secteurs du budget des soins de santé. Durant cette législature, tous les secteurs ont été responsables. Ils ont chaque fois refinancé le secteur pharmaceutique qui avait une responsabilisation extrêmement faible par rapport à ses dérapages." La revalorisation des actes intellectuels est également une priorité de la députée.

Quant aux soins à basse variabilité, le Dr Fonck demande qu'il soit possible d'apporter des corrections au nouveau système introduit le 1er janvier 2019. "Les effets pervers et écueils n'ont pas été anticipés. Ils doivent être pris en compte pour que les hôpitaux ne se retrouvent pas dans des situations catastrophiques. L'exemple de la néonatologie est évident. Il faut corriger les problèmes avant toute avancée sur les moyennes/hautes variabilités."

Plus globalement, l'ancienne ministre de la Santé estime que la réforme du secteur hospitalier devra " être déterminée en concertation étroite avec les acteurs de terrain. La priorité politique doit être de donner un cadre permettant de développer un projet de soins du réseau en évitant que les concurrences externes ne deviennent des conflits internes."

Préoccupée depuis des années par la problématique de la démographie des professions de santé et de la qualité de la formation (entre autres au niveau des connaissances linguistiques des médecins étrangers travaillant en Belgique), Catherine Fonck estime qu'il faut soutenir les médecins en formation. " Il faut améliorer le statut MACCS par étapes, en priorité le volet pension."

https://uclouvain.be/fr/facultes/fsp/cycle-de-perfectionnement-en-sciences-hospitalieres.html

Des soins de santé dans le respect de la cohésion sociale

Pour le volet santé de son programme électoral, le cdH défend cinq priorités :

Renforcer le caractère universel de l'assurance maladie et lutter contre la dualisation des soins de santé.

Accompagner l'allongement de la vie et permettre aux aînés de rester à leur domicile par la mise en place d'une assurance autonomie des aînés.

Adapter l'offre de soins aux nouveaux défis : assurer la cohérence de l'offre à l'échelle des bassins de vie, renforcer la collaboration et la spécialisation des structures de soin, développer la télémédecine, permettre la délégation des tâches.

Assurer une planification équitable de l'offre médicale par une meilleure prise en compte des pénuries de médecins et par une adaptation des numéros Inami.

Promouvoir la solidarité intergénérationnelle en tenant compte des innovations en matière de logements, de domotique et de l'aide aux personnes (télémédecine).

www.lecdh.be

En introduction, le Dr Fonck rappelle le contexte. L'explosion des maladies chroniques complexes, liées au vieillissement de la population. "Les hôpitaux et les acteurs de soins sont directement concernés par cette évolution ", souligne la néphrologue.La députée fédérale pointe les défis que doit relever le secteur hospitalier. "La continuité, la qualité et l'accessibilité restent des enjeux majeurs pour les hôpitaux. Par rapport aux autres pays de l'OCDE, la part payée par les patients belges reste relativement élevée. Le virage ambulatoire et l'articulation des hôpitaux au sein de l'architecture des soins sont aussi des points d'attention. " Elle regrette que depuis de nombreuses années, les hôpitaux et les soignants vivent dans des périodes d'instabilité liées aux décisions prises par les autorités." Nous allons devoir travailler pour aboutir à une vision nettement plus intégrée du patient. Des pratiques multidisciplinaires existent déjà. Par rapport à une trentaine d'années, on voit l'évolution des diagnostics, l'organisation de réunions multidisciplinaires autour de différentes pathologies. Il y a également plus de synergie entre les hôpitaux et la première ligne. L'évolution actuelle des prises en charge ne nous oblige-t-elle pas à poursuivre dans une vision encore plus intégrée? Je pense que oui. L'hôpital est maillon majeur mais il reste un maillon de la chaîne des soins. Une articulation des soins mieux coordonnée en amont est bénéfique pour le patient et peut l'être pour les hôpitaux sans oublier tout l'enjeu de l'aval. Le meilleur exemple en la matière est le patient âgé qui présente une comorbidité importante et reste un temps assez long à l'hôpital et pour lequel il faut trouver une solution d'aval parce qu'il est isolé et que sa revalidation n'est pas terminée. Si ce patient doit rester à l'hôpital, il risque d'être exposé à des infections nosocomiales."La cheffe de groupe du cdH à la Chambre regrette la complexité institutionnelle belge qui complique la prise en charge parce que les acteurs dépendent de différentes autorités de tutelle. " Cette vision intégrée doit être une priorité des politiques. Ils n'en font pas assez. Il faut trouver des solutions intelligentes et pratiques pour les hôpitaux et les patients afin de favoriser une redistribution des prises en charge."Le Dr Fonck cite en exemple un projet français (le Plan personnalisé de santé) qui permet d'organiser une sorte de vigilance autour du patient afin de pouvoir anticiper les complications et éviter des hospitalisations longues. "En Belgique de nombreuses initiatives existent également, mais on doit aller un cran plus loin."" Le secteur de la santé doit avoir une volonté d'efficience, mais aborder son organisation de façon exclusivement économique n'est pas possible. Tous les six mois les hôpitaux doivent faire face à un nouveau train de mesures, que les gestionnaires n'avaient pas vu venir, ni pu anticiper. Or, ces responsables sont dans des logiques de reconstruction, d'investissement, de modernisation... Lorsqu'on connaît les résultats de l'étude Maha, l'instabilité du financement est devenue intenable. Vous le savez en tant que gestionnaires ou soignants...", a déclaré Catherine Fonck à l'intention des participants au colloque.La députée pointe également la pression sur le nursing, qui doit prendre en charge dans des délais de plus en plus courts des pathologies plus complexes." Il faut fixer un cadre de stabilité. Cela a été fait pour le secteur pharmaceutique (par la ministre De Block : NDLR) . Ce n'est pas pour autant que les budgets ne vont plus bouger. Il est du devoir des politiques, au début d'une nouvelle législature, de fixer un cap budgétaire, un cap pour toutes les entreprises du non-marchand. Ce cadre va sécuriser le secteur. J'ose espérer que nous allons y arriver durant la prochaine législature."Le bureau du plan a défini une croissance du budget des soins de santé à 2,2% tenant compte de l'évolution socio-démographique de la population. "S'il y a des possibilités d'efficience budgétaire, celles-ci doivent être réinjectées dans le secteur des soins de santé, y compris les hôpitaux. Les économies ne doivent pas boucher les trous de certains sous-secteurs du budget des soins de santé. Durant cette législature, tous les secteurs ont été responsables. Ils ont chaque fois refinancé le secteur pharmaceutique qui avait une responsabilisation extrêmement faible par rapport à ses dérapages." La revalorisation des actes intellectuels est également une priorité de la députée.Quant aux soins à basse variabilité, le Dr Fonck demande qu'il soit possible d'apporter des corrections au nouveau système introduit le 1er janvier 2019. "Les effets pervers et écueils n'ont pas été anticipés. Ils doivent être pris en compte pour que les hôpitaux ne se retrouvent pas dans des situations catastrophiques. L'exemple de la néonatologie est évident. Il faut corriger les problèmes avant toute avancée sur les moyennes/hautes variabilités."Plus globalement, l'ancienne ministre de la Santé estime que la réforme du secteur hospitalier devra " être déterminée en concertation étroite avec les acteurs de terrain. La priorité politique doit être de donner un cadre permettant de développer un projet de soins du réseau en évitant que les concurrences externes ne deviennent des conflits internes."Préoccupée depuis des années par la problématique de la démographie des professions de santé et de la qualité de la formation (entre autres au niveau des connaissances linguistiques des médecins étrangers travaillant en Belgique), Catherine Fonck estime qu'il faut soutenir les médecins en formation. " Il faut améliorer le statut MACCS par étapes, en priorité le volet pension."