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Avec ces deux derniers, "le cancer du col de l'utérus fait partie des trois cancers pour lesquels il existe des recommandations du Conseil de l'Union européenne, encourageant les Etats à mettre en place des programmes de dépistage", indique Anne Vandenbroucke. "Je pense qu'on y arrivera dans les 5 ans" dans le sud du pays, précise-t-elle. Si ce n'est pas le cas aujourd'hui, c'est pour une question d'argent, et parce que le travail est axé sur les autres dossiers déjà en cours, estime-t-elle.Côté flamand, le Dr Marc Arbyn, spécialiste rattaché à l'ISP, s'est chargé d'écrire le protocole de l'étude qui va être menée. Quelque 40.000 femmes entre 30 et 65 ans, sélectionnées pour n'avoir pas eu de frottis depuis 2008 (les frottis sont enregistrés au Registre des cancers) vont recevoir chez elles, par courrier, un kit d'auto-prélèvement, précise-t-il. "Il s'agit d'une petite brosse, qu'on introduit dans le vagin et qu'on tourne quelques fois. Ensuite on la met dans l'emballage prévu à cet effet, et, avec l'enveloppe pré-payée inclue dans l'envoi, on la fait parvenir au laboratoire."Sur ces échantillons, un test HPV va être réalisé. Il s'agit d'un test qui détecte la présence du virus du papillome humain, la première cause du cancer du col de l'utérus. Le test qui est remboursé tous les 3 ans par l'Inami est différent: il s'agit du Pap-test, le traditionnel frottis, qui vise à détecter la présence de cellules anormales, précancéreuses. Mais seul le test HPV, et non le test cytologique (Pap-test), peut fonctionner avec du matériel d'autoprélèvement, selon Marc Arbyn. Dans le cas d'un Pap-test, on doit en effet prélever des cellules directement sur la surface du col utérin."Nous avons effectué une comparaison des études internationales, basées sur deux stratégies: envoyer du matériel d'auto-prélèvement, ou inviter les patientes à se présenter chez le médecin pour un frottis. La conclusion était qu'on pourrait augmenter le mieux la couverture du dépistage (et atteindre les femmes récalcitrantes aux visites chez le médecin, même après invitation, ndlr) avec l'envoi d'un kit d'auto-prélèvement", précise-t-il. "Dans certains pays, l'effet est spectaculaire. Dans d'autres non, avec un taux de réponse très faible. Si en Flandre nous obtenons un taux de réponse de 20% ou plus, cela voudrait dire que le programme est efficace".L'étude vise à déterminer un taux de réponse à ce type de stratégie, mais aussi un taux de suivi. Car les personnes dont le test HPV s'avère positif doivent ensuite se rendre chez le médecin pour un test cytologique.Les coûts d'une telle étude "sont variables", indique le Dr Marc Arbyn. Il faut compter l'envoi vers le groupe-cible, puis l'expédition des échantillons vers le labo, ainsi que le matériel d'auto-prélèvement en lui-même et le test HPV. "Jusque récemment, un test HPV était plus cher à effectuer qu'un test cytologique. Mais nous avons vu que ce n'est plus forcément le cas. Aux Pays-Bas, un appel d'offres avait été fait pour sélectionner, pour tout le pays, un seul test HPV. Et dans une telle situation le coût d'un test HPV devient même substantiellement moins cher que le frottis".A noter qu'une recommandation scientifique aux autorités fédérales avait été émise par le KCE en janvier, préconisant le test HPV comme seul outil de dépistage, car il est considéré comme plus efficace que le Pap-test pour protéger les femmes de plus de 30 ans contre les cancers du col de l'utérus. Par ailleurs, selon les recommandations scientifiques, le test HPV ne doit être effectué que tous les 5 ans (contre 3 pour le Pap-test). Le test cytologique serait alors réservé aux personnes testées positives au HPV en première instance.Augmentation de la couverture de dépistage, test à effectuer moins fréquemment et dépistage plus efficace pourraient par ailleurs avoir un intérêt économique par rapport à la situation actuelle."Nous regrettons que rien n'ai encore bougé en ce sens", conclut Marc Arbyn.