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La Fondation du CHU Saint-Pierre de Bruxelles lance un appel à projets d'aide et de collaboration avec les collègues dans les villes et les campagnes grecques. Apporter des idées, créer des liens et envisager comment soutenir les actions futures seront les sujets d'un forum " Pour une campagne de solidarité médicale avec la Grèce " la semaine prochaine." L'appel que nous avons adressé aux membres de notre réseau médical nous assure déjà la participation d'une dizaine d'hôpitaux belges dont l'hôpital Erasme à une campagne d'actions concrètes en Grèce mais aussi de sensibilisation de l'opinion publique et donc des institutions belges et européennes ", indiquent les co-organisateurs, les Drs Pleros, Kampouridis, Kolyvras, Van Alphen et les Prs Kapessidou et Degueldre.Que vous travailliez seuls, en groupe, en maison médicale, en centre de santé, en clinique ou en hôpital, chaque maillon de cette chaîne de solidarité médicale est un pas vers plus d'humanité envers les soignants et les patients du pays d'Europe qui est devenu une urgence médicale.La philosophie qui justifie cette démarche tient notamment au fait que " le droit aux soins médicaux est un des composants majeurs des droits de l'homme ", s'accordent à dire les initiateurs. Participation au forum La Fondation du CHU Saint-Pierre vous propose de nous réunir jeudi prochain, 3 décembre 2015, de 20 à 23h dans l'Espace Forum de l'Hôpital Universitaire Saint-Pierre, 322 rue Haute à 1000 Bruxelles.Veillez confirmer votre participation auprès du Dr Patrick Van Alphen, responsable au CHU Saint-Pierre, par mail via info@fondationchusaintpierre.be ou par téléphone au 32 (0)495 94 17 13. Accès Parking réservé. Pistes de réflexion Les soins de santé en Grèce gardent d'importantes séquelles des années de récession et de restrictions budgétaires pour s'en extirper. Une problématique aiguë et actuelle vient pourtant exacerber les difficultés rencontrées par le système de santé grec: la crise des réfugiés. Les équipes médicales et humanitaires sur place observent une augmentation dramatique du nombre de demandeurs qui traversent la mer Méditerranée, des milliers chaque jour.Ces réfugiés demandent naturellement des biens de première nécessité mais ont également besoin de consultations médicales, de soutien psychologique. Certains doivent être référés vers des hôpitaux locaux, et engorgent les structures qui n'étaient pas prévues pour un tel afflux.Il n'y a pour ainsi dire pas d'infrastructures de réception pour ces réfugiés. Des hôtels abandonnés, des cliniques de fortune, des installations branlantes pour l'eau.Le ministère de la Santé a indiqué qu'il avait dépensé jusqu'ici plus de 800.000 euros en soins apportés à environ 2.000 migrants et réfugiés. En l'absence de tout financement européen. Problème systémique Enumérons ici de façon non exhaustive quelques tendances plus structurelles du système de santé en Grèce. Le pays est l'un des rares à ne pas disposer d'une couverture d'assurance maladie universelle pour un ensemble de services essentiels. Les chômeurs de longue durée et de nombreux travailleurs indépendants grecs ont d'ailleurs perdu leur assurance santé sous l'effet de la crise économique.Aux côtés de la Corée, du Portugal ou du Mexique, c'est sur la péninsule hellénique que la part de la consommation des ménages consacrée aux dépenses médicales est la plus élevée. La proportion de la population déclarant avoir des besoins non satisfaits de soins médicaux en raison des coûts y est la plus élevée en Grèce. Elle a plus que doublé suite à la crise économique.Parallèlement, la Grèce est l'un des pays qui affichent le plus grand nombre de médecins par habitant (>6 pour 1.000), et même beaucoup plus de médecins par rapport au nombre d'infirmiers. Le nombre de médecins par Grec a fortement augmenté entre 2000 et 2008, pour se stabiliser ensuite. Après la récession de 2008-09, ce volume a continué à croître dans la plupart des pays de l'OCDE. Toutefois, un ralentissement a été constaté dans certains pays tels que... la Grèce. Fuite des soignants Un nombre croissant et préoccupant de médecins grecs, plus particulièrement de spécialistes, abandonnent leurs postes pour pourvoir des fonctions à l'étranger, s'inquiète l'association médicale d'Athènes (Iatrikos Syllogos Athinon, ISA). Près d'un millier ont quitté la Grèce cette année, alors que jusqu'en 2009, la moyenne des médecins émigrant tournait autour de 550 personnes par an. Dans un avenir proche, l'ISA craint d'ailleurs de graves pénuries pour l'ensemble des professionnels de la santé." L'une des plus grandes pertes causées par la crise, c'est la fuite de nos cerveaux ", confiait le directeur de l'association, Giorgos Patoulis. " Dans très peu de temps, le système de santé disposera d'un personnel trop âgé et sera incapable d'assurer les services ".Aucun prestataire n'est épargné. Ainsi, plus de 8.000 infirmières qualifiées sont actuellement sans emploi. Et l'on dénombrait dernièrement 350 expatriations par an, contre une septantaine en 2010. Notons que, conséquence encore une fois de la crise économique, la rémunération des infirmiers a été amputée dans certains pays européens, comme la Hongrie ou l'Italie. En Grèce, elle a été réduite en moyenne de 20 % entre 2009 et 2013, indique les données les plus récentes de l'OCDE. Carence gouvernementale La Grèce est le troisième pays avec les dépenses les plus élevées en produits pharmaceutiques au détail par habitant et en part du PIB (721 dollars, contre 752 USD pour le Japon et 1.026 USD pour les Etats-Unis).Un ensemble de mesures visent à décharger quelque peu le budget public des dépenses pharmaceutiques pour les reporter sur les payeurs privés, ménages ou assurances privées complémentaires. Elles prennent rarement la forme d'un déremboursement des produits, à l'exception notable de la Grèce, où 49 médicaments ont été déremboursés après une révision des prix en 2011. Au moins une douzaine de gouvernements nationaux ont mis en place ou augmenté les coûts à la charge des usagers pour les médicaments au détail sur ordonnance, dont l'exécutif athénien.La Grèce est l'un des pays européens à réaliser le moins d'économies par le biais des médicaments génériques. Et pour cause, les médecins n'y ont aucune obligation de se tourner vers des alternatives meilleur marché.Dans le cadre des négociations avec ses créanciers, la Grèce a dû réduire ses dépenses pharmaceutiques l'année dernière à 2 milliards d'euros, contre 5,6 milliards en 2009. Sur cette même période, les prix des génériques ont enregistré une faible baisse tandis que les prix des médicaments de marque ont diminué de moitié.Le précédent gouvernement athénien s'était fixé comme objectif de porter la part de marché des médicaments génériques à au moins 30% d'ici fin 2014. Et de viser les 60% d'ici la fin de cette année. Mais faute de mesures politiques adéquates, la Grèce a manqué sa cible, la proportion stagnant autour des 20%.Notons qu'entre-temps, les laboratoires ont continué à fournir les produits tout en laissant s'alourdir les impayés. Le gouvernement grec a ainsi une ardoise de plus d'un milliard d'euros. À ajouter au montant dû aux créanciers institutionnels.Les gouvernants grecs sont garrottés, leur politique de santé tout autant. On en voudra pour autre exemple le fait que ministre grec de la santé a proposé de sanctionner les patients atteints de cancer qui n'avaient pas préalablement subi de dépistages. Et ce, en les obligeant à couvrir la moitié de leurs frais de traitement. Une sorte de " taxe prévention "...F.R.> Suivez-nous sur les réseaux sociaux: @jdmedecin ou Le Jdm