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Le personnel des hôpitaux bruxellois du réseau Iris a entamé dimanche soir à 20h00 jusque lundi une grève de 24 heures, qui s'était avérée bien suivie le lendemain. Les hôpitaux ont fonctionné comme un dimanche à savoir un minimum de consultations assurées mais un service minimum pour les patients hospitalisés et le maintien bien sûr du fonctionnement des urgences. La quasi-totalité des hôpitaux du réseau Iris étaient concernés : le CHU Brugmann, le CHU Saint-Pierre, l'Institut Bordet, l'hôpital des enfants Reine Fabiola (Huderf) et les Hôpitaux Iris Sud (Baron Lambert, Etterbeek-Ixelles, Bracops et Molière-Longchamp). Ces hôpitaux ont vu une grande part de leur personnel administratif, soignant, technique, observer un arrêt de travail pour aller exprimer en matinée son mécontentement devant le bâtiment de leur association faîtière Iris, dans la rue Dejoncker à Saint Gilles.En effet, à ce moment, se tenait une réunion du " Comité C Iris ", un comité de négociation entre les représentants syndicaux et ceux du conseil d'administration de la faitière qui chapeaute le tout, dont son président Renaud Witmeur, ancien chef de cabinet de Rudy Demotte (à gauche sur la photo).Les conditions de travail et de rémunération sont au centre des préoccupations. Le personnel déplore ainsi l'abandon il y a plusieurs années de la prime de fin d'année pour des chèques repas. Parmi les autres revendications figurent, selon le communiqué du front commun syndical socialiste (CGSP-ALR), chrétien (CSC-SP) et libre (SLFP), des réductions du temps de travail, un second pilier de pensions pour les contractuels ainsi qu'un remboursement complet des frais de transport. Le gros point noir, selon les syndicats, c'est les barèmes, dont ils souhaitent une revalorisation. Un problème récurrent à l'ensemble du secteur public à Bruxelles.Cette demande figure depuis un an et demi dans un " cahier de revendications " consacré aux personnels des pouvoirs publics de la capitale, " mais le train avance moins vite du côté hospitalier ", regrette Benoit Lambotte (CSC services publics). Les pouvoirs locaux bruxellois sont particulièrement sous-financés, avec " un différentiel de barèmes de 15-20% par rapport à la Wallonie ou la Flandre ", affirme M. Lambotte. " Ce n'est pas notre ultime moyen de pression, mais il est certain que nous en avons assez. L'action de ce lundi doit permettre d'ouvrir des négociations. Nos revendications sont connues depuis longtemps. Maintenant il est temps que la direction montre son engagement ", a-t-il ajouté. " Dans les hôpitaux aujourd'hui, il faut faire plus avec moins, ce qui entraîne une charge psycho-sociale toujours plus lourde. Les mesures d'économie voulues par le gouvernement sortant ont coûté 15 millions d'euros aux hôpitaux du réseau Iris. "Les syndicats dénoncent une sorte de cercle vicieux : le sous-financement des hôpitaux entraîne une qualité à la baisse des conditions de travail, faisant le burnout du personnel d'autant que le personnel malade n'est pas remplacé. On constate également un départ précoce des jeunes blouses blanches qui quittent le secteur hospitalier par dépit.Déjà le 7 mai dernier, avant les élections, rappelons-nous les 8 à 9.000 blouses blanches qui ont manifesté leur désarroi dans les rues de Bruxelles juste avant les élections. Yves Hellendorff (CNE) déplore cependant dans Le Soir que ces manifs n'aient eu " aucun retentissement auprès des politiques, pas même un accusé de réception. Or la situation devient explosive. Depuis des semaines et des mois, on doit gérer des préavis de grève. Le ras-le-bol est généralisé. Le personnel ne doit pas être une variable d'ajustement. Cela fait deux ans qu'on négocie un accord qui n'est toujours pas signé pour des conventions collectives de travail. Il faut dire aux informateurs en charge du prochain gouvernement qu'il faut un plan d'avenir pour les soins de santé. Les hommes politiques jouent avec le feu. "Enfin, c'est au tour des infirmiers de sonner le tocsin, sur base d'une étude réalisée en 2018 dans 16 hôpitaux de la Fédération Wallonie-Bruxelles (CHU Tivoli (La Louvière) et Marie Curie (Charleroi), l'hôpital de Jolimont ou encore les cliniques de l'Europe (Bruxelles)). Elle démontre qu'un patient prend en moyenne 68,6% du temps d'un infirmier par jour. " Ce qui représente un rapport infirmier par patient de 1/1,5, soit le double de ce que prévoit l'arrêté royal sur les normes en personnel infirmier aux soins intensifs ", calcule Arnaud Bruyneel, président de l'association francophone des infirmiers de soins intensifs SIZ Nursing.Le problème vient du fait que " les patients sont de plus en plus âgés, présentant parfois plusieurs maladies, et les durées de séjour sont de plus en plus courtes, ce qui conduit à des soins et des procédures plus complexes, une surveillance plus étroite et donc une augmentation de la charge de travail des infirmiers ".Cette étude peut être reliée au mal-être dans les hôpitaux d'Iris dans la mesure où cette charge de travail alimente le départ précoce des infirmiers du marché du travail et donc une fausse pénurie en Belgique.(avec Belga)