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De plus en plus de bonbonnes de protoxyde d'azote jonchent les trottoirs des grandes villes, et notamment ceux de la capitale. En 2024, Bruxelles Propreté a ainsi récolté près de 75 tonnes de ce gaz, ce qui représente 50% de plus qu'en 2023. Selon l'opérateur public, cette hausse s'explique en partie par un meilleur tri des déchets: contrôle systématique, bouteilles comptées et classées selon l'origine du camion-poubelle. Il n'empêche que le phénomène est inquiétant...Ces bouteilles sont retrouvées dans des quartiers sensibles, comme Anneessens, mais aussi dans des communes plus aisées. Ce qui démontre que le phénomène ne fait que s'aggraver, relève Bruxelles Propreté. Les chiffres de l'opérateur public sont en outre sous-estimés, puisque la Région et la Stib collectent et éliment elles aussi des bonbonnes. Le nombre réel de bouteilles pourrait dès lors s'élever à 150 tonnes l'an dernier, soit le double...Plus précisément, en 2024, Bruxelles Propreté a retrouvé 5,26 tonnes de bouteilles de gaz hilarant dans les Recyparks (contre 2 tonnes en 2023) et récolté 12,4 tonnes de bonbonnes dans les poubelles publiques et leurs alentours (2,6 tonnes en 2023). Le nombre de bonbonnes dans les dépôts clandestins a aussi augmenté, passant de 41,6 à 53 tonnes.L'histoire ne dit pas si la consommation de "proto" et la vente illégale de bouteilles augmente, mais "le problème n'a certainement pas diminué", note Adel Lassouli, porte-parole de Bruxelles Propreté. "Le problème affecte de plus en plus nos opérations, nous devons continuer à travailler sur une solution." Le N2O, outre son usage en médecine pour les anesthésies (strictement réglementé), est utilisé en cuisine, sous forme de cartouches, par exemple pour les syphons à espumas. On en trouve aussi en bonbonnes de grand volume. Son usage détourné consiste à l'inhaler, après avoir percé le flacon, notamment via un ballon. À l'instar de la colle au siècle dernier, le produit, bon marché, est prisé des ados qui aiment ses effets rapides, euphorisants et les distorsions sensorielles qui accompagnent le voyage. Le gaz hilarant n'est pas sans dangers. Parmi les risques immédiats : "asphyxie par manque d'oxygène, perte de connaissance, brûlure par le froid du gaz expulsé, désorientation, vertiges, chutes", note la Mildeca en France (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives). Des troubles neurologiques sévères (notamment de la marche), des problèmes hématologiques et vasculaires (anémie ou thromboses veineuses ou artérielles) et des complications psychiatriques peuvent apparaître en cas de consommations répétées et/ou à fortes doses. Les risques sont, évidemment, accrus en cas de consommation conjointe d'alcool ou d'autres drogues.En novembre dernier, les Hospices civils de Lyon (France), suite à des dizaines de cas graves recensés dans la région, tiraient la sonnette d'alarme. " Près de 76% des appels reçus par les centres antipoison concernent des atteintes neurologiques avec parfois des séquelles persistantes nécessitant une rééducation fonctionnelle ", alertait ainsi le Dr Cécile Chevallier, du Centre antipoison et addictovigilance de Lyon.C.V. avec Belga