Trois types de changements secouent la société :

1. une prolifération de savoir-faire techniques et de pouvoirs d'influence boostés par les technologies d'information et de communication (TIC) ;

2. des bureaucraties scientifiques, politiques et économiques incontournables ;

3°de profonds déséquilibres entre le terrain des pratiques et les étages de bureaux.

Défi du syndicalisme médical : offrir un pacte d'avenir aux milliers de membres potentiels dispersés en spécialités morcelées, y compris les fonctions cliniques, celles des médecins généralistes en premier ; un pacte résolument ouvert à toute la société pour mieux faire comprendre les besoins des praticiens.

Le syndicat idéal doit façonner des fibres éthiques et juridiques résistantes aux abus de pouvoir. Il s'agit ni plus ni moins de relier subtilement les bâtons de savoirs et de pouvoirs ancrés dans une mosaïque de pratiques, bâtons avec lesquels chaque médecin s'efforce d'ouvrir des espaces de liberté pour les malades et aussi pour sa vie personnelle. Liberté essentielle : le libre choix des organisations, en solo, en réseaux, en maisons médicales ou en institutions publiques ou privées. Car la liberté multiplie les solutions adéquates en termes de qualités techniques, humaines et financières.

Cet avant dernier article explore comment le fil subtil du syndicalisme médical doit aider à assembler les bâtons de savoirs et de pouvoirs des médecins avec ceux des malades, de leurs proches et des autres praticiens. La semaine prochaine, nous suivrons les sinuosités verticales de ce fil saisi, consolidé ou distordu par de nombreux intermédiaires jusqu'aux derniers noeuds, à trancher par les décideurs politiques.

La volonté d'unir les contraires fait la force d'un syndicat de professionnels aussi divers que les médecins. Car ceux-ci doivent non seulement mettre en oeuvre des savoirs scientifiques, mais aussi donner du sens et de la valeur à leurs actes. Sens et valeur dépendent des manières d'exercer les pouvoirs. Surgis des caractères et des talents, les pouvoirs tendent à instrumentaliser les savoirs pour le meilleur ou pour le pire. Les leaders des syndicats médicaux doivent dérouler, tendre, nouer et dénouer les fils subtils de la science, du droit, de la politique et de l'économie, depuis les lieux de contacts entre malades et praticiens jusqu'aux cénacles des grands décideurs en passant par des étages de groupes intermédiaires, entre autres les universités, les sociétés scientifiques, les organisations représentatives des hôpitaux, les associations de patients, les mutuelles, les administrations, ... .

Attitudes envers les malades

Depuis que les médecins réfléchissent à leurs relations avec les malades autrement que comme des prêtres, ils font preuve d'une grande constance dans le respect de la personne. Le paternalisme bienveillant du serment d'Hippocrate laisse la place à une démarche en deux phases, l'une d'expertise, menée par le praticien, l'autre de dialogue faite de questions, réponses et parfois controverses, étapes essentielles pour construire la confiance du patient. Lui aussi avance dans ses efforts pour écarter ses maux avec des bâtons de savoirs et de pouvoirs construits de bouche-à-oreille, de bribes de livres et revues, de TV, de radio et aujourd'hui de réseaux sociaux où des expériences s'échangent dans des styles pour le moins bariolés, souvent agressifs. Que nous l'aimions ou non, nous ne pouvons ignorer cette évolution. Le fil des relations malades-médecins s'attache à quelques principes immuables, la liberté les surplombant tous... en principe. Car chacun sait combien elle est relative pour mille raisons. Mais s'il semble très facile de justifier des procédures contraignantes dans les bureaux, leurs effets pervers se vivent vite sur le terrain. Alors, aux syndicats médicaux de défendre becs et ongles la liberté des malades comme celle des médecins.

"Aux syndicats médicaux de défendre becs et ongles la liberté des malades comme celle des médecins."

Entre collègues

Amorcé par le dialogue avec les patients, le fil des aptitudes généralistes s'étire par le dialogue entre médecins. Voilà un domaine dont les syndicats médicaux doivent s'occuper d'urgence au risque de voir s'aggraver le poids de procédures fastidieuses élaborées par des intermédiaires dont les apports ne pourront jamais remplacer une bonne dose de contacts directs entre les praticiens pour discuter des cas difficiles. Quand les patients voient de nombreux spécialistes, ils perdent souvent le fil et s'étonnent de ce qui apparaît à leurs yeux comme un manque de cohérence. En grande partie à tort, car ils ne savent pas combien les médecins correspondent entre eux et ce de plus en plus grâce aux réseaux santé...quand ils fonctionnent bien. Tâches fondamentales pour le syndicat médical idéal : 1° promouvoir entre ses membres une culture de communication finement ajustée au cas par cas et convergeant vers le médecin généraliste ; 2° le faire savoir à toute la société. Si les médecins ne bougent pas dans cette direction, qu'ils ne s'étonnent pas qu'une couche bureaucratique supplémentaire leur donne des leçons de littératie et autres jargons brouillant davantage le fil rouge dont les patients ont tant besoin.

Envers les autres praticiens

Ici aussi, le syndicat médical idéal a une double tâche : 1) étendre le fil de la communication efficace au sein de la triade patients-médecins-soignants et autres praticiens et 2) porter en haut lieu, un des thèmes de la prochaine conclusion, le besoin de circuits de communications courts et sécurisés entre prestataires et malades.

Suite et fin de la saison 4 dans l'épisode 4/20 : Pacte d'avenir 2 Attitudes envers les mutuelles, les administrations et les politiques.

La volonté d'unir les contraires fait la force d'un syndicat de professionnels aussi divers que les médecins. Car ceux-ci doivent non seulement mettre en oeuvre des savoirs scientifiques, mais aussi donner du sens et de la valeur à leurs actes. Sens et valeur dépendent des manières d'exercer les pouvoirs. Surgis des caractères et des talents, les pouvoirs tendent à instrumentaliser les savoirs pour le meilleur ou pour le pire. Les leaders des syndicats médicaux doivent dérouler, tendre, nouer et dénouer les fils subtils de la science, du droit, de la politique et de l'économie, depuis les lieux de contacts entre malades et praticiens jusqu'aux cénacles des grands décideurs en passant par des étages de groupes intermédiaires, entre autres les universités, les sociétés scientifiques, les organisations représentatives des hôpitaux, les associations de patients, les mutuelles, les administrations, ... . Attitudes envers les maladesDepuis que les médecins réfléchissent à leurs relations avec les malades autrement que comme des prêtres, ils font preuve d'une grande constance dans le respect de la personne. Le paternalisme bienveillant du serment d'Hippocrate laisse la place à une démarche en deux phases, l'une d'expertise, menée par le praticien, l'autre de dialogue faite de questions, réponses et parfois controverses, étapes essentielles pour construire la confiance du patient. Lui aussi avance dans ses efforts pour écarter ses maux avec des bâtons de savoirs et de pouvoirs construits de bouche-à-oreille, de bribes de livres et revues, de TV, de radio et aujourd'hui de réseaux sociaux où des expériences s'échangent dans des styles pour le moins bariolés, souvent agressifs. Que nous l'aimions ou non, nous ne pouvons ignorer cette évolution. Le fil des relations malades-médecins s'attache à quelques principes immuables, la liberté les surplombant tous... en principe. Car chacun sait combien elle est relative pour mille raisons. Mais s'il semble très facile de justifier des procédures contraignantes dans les bureaux, leurs effets pervers se vivent vite sur le terrain. Alors, aux syndicats médicaux de défendre becs et ongles la liberté des malades comme celle des médecins.Entre collèguesAmorcé par le dialogue avec les patients, le fil des aptitudes généralistes s'étire par le dialogue entre médecins. Voilà un domaine dont les syndicats médicaux doivent s'occuper d'urgence au risque de voir s'aggraver le poids de procédures fastidieuses élaborées par des intermédiaires dont les apports ne pourront jamais remplacer une bonne dose de contacts directs entre les praticiens pour discuter des cas difficiles. Quand les patients voient de nombreux spécialistes, ils perdent souvent le fil et s'étonnent de ce qui apparaît à leurs yeux comme un manque de cohérence. En grande partie à tort, car ils ne savent pas combien les médecins correspondent entre eux et ce de plus en plus grâce aux réseaux santé...quand ils fonctionnent bien. Tâches fondamentales pour le syndicat médical idéal : 1° promouvoir entre ses membres une culture de communication finement ajustée au cas par cas et convergeant vers le médecin généraliste ; 2° le faire savoir à toute la société. Si les médecins ne bougent pas dans cette direction, qu'ils ne s'étonnent pas qu'une couche bureaucratique supplémentaire leur donne des leçons de littératie et autres jargons brouillant davantage le fil rouge dont les patients ont tant besoin. Envers les autres praticiensIci aussi, le syndicat médical idéal a une double tâche : 1) étendre le fil de la communication efficace au sein de la triade patients-médecins-soignants et autres praticiens et 2) porter en haut lieu, un des thèmes de la prochaine conclusion, le besoin de circuits de communications courts et sécurisés entre prestataires et malades.Suite et fin de la saison 4 dans l'épisode 4/20 : Pacte d'avenir 2 Attitudes envers les mutuelles, les administrations et les politiques.