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De nombreux articles ont été écrits sur la relation entre cancer du sein et la consommation d'alcool. Finoulst et Vankrunkelsven ont mis ce lien en perspective dans Tijdschrift voor Geneeskunde en Gezondheidszorg (2023). En ce mois de juillet a été publiée, sur le site Gezondheid en Wetenschap, la réponse du Dr Finoulst à la déclaration du Dr Peuskens, expert en toxicomanie et psychiatre, dans De Morgen du 6 juillet 2024, selon laquelle un seul verre d'alcool par jour augmente le risque de cancer.Selon le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC, 2010), il existe des preuves irréfutables que la consommation d'alcool augmente le risque de sept types de cancer (côlon, oesophage, bouche et lèvres, pharynx, foie, pancréas, sein). Le CIRC a donc ajouté l'alcool aux substances cancérogènes du groupe I (preuves suffisantes de cancérogénicité pour l'homme).L'éthanol est l'un des rares facteurs de risque de cancer du sein sur lequel les femmes peuvent avoir une influence. Quelque 4 à 6% de tous les décès par cancer sont attribuables à l'alcool, et 7% des cancers du sein sont causés par l'alcool (Rumgay et al, Lancet Oncol, 2021). Le risque augmente dès le premier verre ! Les femmes ont un risque de 8,8 % de développer un cancer du sein. Un verre augmente ce risque de 0,6 %, deux verres de 1,2 %. À raison de deux verres par jour, les femmes ont environ 10 % de chances de développer un cancer du sein avant l'âge de 75 ans. Le compromis est délicat, car un à deux verres par jour ont un effet protecteur sur les maladies cardiovasculaires. Mais plus la consommation est faible, plus le risque de cancer du sein est réduit. Chikritzhs et ses collègues ont affirmé en 2015 dans Addiction que l'effet cardiovasculaire bénéfique limité d'une consommation modérée d'alcool ne devrait pas être un facteur de décision.Le cancer du sein est une maladie multifactorielle. La prédisposition génétique, l'environnement et le mode de vie jouent, chacun, un rôle; 20 à 30 % sont dus à des expositions qui pourraient être évitées (Sun et al, Int J Biol Sci, 2017). Une revue de compilation ("revue parapluie") très récente a mis en évidence un risque accru en cas d'obésité chez les femmes ménopausées, de tabagisme et de consommation d'alcool, et un risque réduit grâce à une activité physique suffisante (Hoxha et al., Hematol Oncol Clin North Am, 2024). Cependant, la relation de cause à effet et les mécanismes de cancérogénèse ne sont toujours pas clairs (Iwase et al, Int J Cancer, 2021 ; Zhou et al, Eur J Epidemiol, 2022). Les modifications des hormones sexuelles, l'acétaldéhyde (métabolite), la malabsorption des folates, le stress oxydatif et l'inflammation sont mentionnés comme des causes potentielles.Il n'y a pas de seuil à ne pas dépasser et la relation dose-réponse met l'accent sur une consommation faible ou nulle d'alcool (Zhou et al., 2022 ; Driutti et al., The Breast, 2023). La communication auprès de la population des risques sanitaires liés à la consommation d'alcool, en particulier auprès des jeunes femmes, est essentielle (Driutti et al., 2023 ; Doyle et al., BMC Public Health, 2023). Elles ne sont pas suffisamment conscientes de l'association entre l'alcool et le cancer du sein.Un programme de prévention efficace devrait être fourni pour les facteurs de risque modifiables (Poorolaljal et al., JRHS, 2021). Les différents canaux médiatiques peuvent jouer leur rôle (Rudge et al., Int J Environ Res Public Health, 2021).L'abstinence totale reste la meilleure habitude en matière de prévention du cancer.