Concours ou examen, l'essentiel est la qualité de la formation, insiste le Dr Gilbert Bejjani, président de l'Absym-Bruxelles. Pour qui le vrai plafond est la capacité de formation du système de santé. Il souligne que la Commission de planification objective désormais les besoins et que le ministre Vandenbroucke repart d'une page blanche, ce qui est tout bénéfice pour la Fédération Wallonie-Bruxelles.
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L'Absym est-elle satisfaite de l'accord sur le concours de médecine ?C'est plus compliqué que cela. Il y a eu un débat en interne assez houleux... A la Commission de planification, il y a eu un lynchage des universités autour de la liberté des jeunes. On a mal valorisé certaines spécialités cliniques. Il y eu, c'est vrai, une sur-production de médecins. Ce fut le cas de ma génération. Mais il faut rappeler que, depuis ce système européen de liberté de circulation des personnes, que tout le monde peut se déplacer ; qu'il n'y a pas un " concours européen " [de médecine], qu'on peut faire médecine où on veut comme aux Etats-Unis où on sait très bien qu'il y a des universités plus réputées que d'autres. C'est la même chose en Europe. Nous ne savons pas quel pays forme mieux les médecins... Je pense que la Belgique est assez bien classée en matière de qualité de la formation. L'Absym rappelle simplement que la qualité de la formation est importante. Le facteur limitant il est là : on ne peut pas former indéfiniment des médecins. Si on passe à l'absence totale de contingentement - j'en ai discuté avec le FEF notamment-, on retombe sur des situations assez tristes dans lesquelles l'étudiant ne parvient pas à recevoir une agréation pour exercer. Jusqu'à la révolte des assistants, ceux-ci produisaient des honoraires presqu'au même tarif que les médecins installés (75% et même plus s'ils facturent au nom d'un autre). Ces assistants font beaucoup d'heures, occasionnent très peu de coût et produisent des honoraires... Il est quasi impossible de les remplacer par des médecins installés sauf des médecins européens non-belges moins chers puisque les médecins [belges] ne veulent pas quitter l'ambulatoire pour l'hôpital. Il faut revaloriser la médecine hospitalière soi-dit en passant. On ne peut pas accepter une situation où les médecins fuient l'hôpital. Donc à l'Absym, on était partisan de trouver une modalité qui garantisse la qualité de la formation et qu'on ne se retrouve pas avec des étudiants qui finalement ne peuvent pas exercer.En cela, le concours en adéquation avec les numéros Inami vous satisfait ?L'examen était déjà un progrès...Mais ils en sortaient trop apparemment...Oui. Mais on peut moduler la difficulté ! Avec le concours, si on décide que les 100 premiers sont pris, on ne peut pas moduler. La personne qui réussit peut aussi sortir du système en cours de route. A la fin, il y a des classements qui font que certains ne sont pas pris dans certaines spécialités. Tu rentres à 100, si tu es nul, tu fais quoi ?Il y aura un buffer je crois...Il y a beaucoup de râleurs sur internet. Mais c'est la deuxième fois que le ministre fédéral fait un geste pour les surplus de numéros Inami accumulés. Ça a été le cas de Maggie De Block qui a accepté de " lisser " les numéros surnuméraires accumulés allègrement pendant 5 ans. A la fin, on s'est retrouvé avec la double cohorte. De Block a fait un geste. Cette fois, Vandenbroucke fait un geste également... Mais c'est un problème européen. Il n'y a pas de miracle : la formation n'a pas la même qualité partout. Donc soit on accepte la concurrence et on définit notre projet belge. Tu produis des médecins dont la qualité est définie par nous. Nous devons savoir quelle est la qualité des médecins que nous produisons. S'il y a deux régions mais que la solidarité joue encore entre les deux Communautés flamandes et francophones, on est forcés de discuter avec la Flandre. Madame la ministre Glatigny doit discuter. La médecine est différente que le Droit ou Polytechnique : c'est un métier pour lequel le financement est réglementé. Si on me dit que tout le monde demain trouve des investisseurs en suffisance pour avoir des hôpitaux privés qui engagent tout le monde alors le marché peut jouer. Mais notre système est réglementé parce qu'il est financé largement par l'Etat. Ce n'est donc pas un marché proprement dit. Donc, il y a l'Europe d'une part, notre projet belge de qualité d'autre part. Les ministres fédéraux ont déjà fait deux fois un geste. Donc ils durcissent l'entrée par un concours mais la Commission de planification tient compte de la demande de manière très souple déjà. La Commission de planification repart d'une page blanche. Elle tient compte des surplus des années précédentes. Ça reste démocratique.La Commission de planification prévoit-elle suffisamment de quotas ? On entend ça et là qu'il n'en est rien...Il y a deux commissions, fédérale et communautaire. La seconde redistribue les cartes. Je suis suppléant de la Commission fédérale. De ce que j'ai compris, ils font un travail scientifique qui répond à un besoin d'objectivation basé sur les évolutions sociétales (féminisation) et basé sur les ETP et donc sur la vraie force de travail médicale. " Pas assez ", qu'est-ce que cela veut dire ? Si certains estiment qu'elle ne prévoit pas assez de médecins, je pense pour ma part que la Commission est suffisamment représentative pour être proche du terrain et des besoins réels.