Ce parc photovoltaïque a priori impressionnant permettra de couvrir 5% des besoins énergétiques de l'hôpital namurois. Une goutte d'eau dans l'océan du développement durable? Eh bien non, c'est déjà un énorme défi en soi. Explications avec Christophe Plompteux, responsable du développement durable.
Et une pierre de plus à l'édifice de la stratégie de décarbonation de ses activités de soins pour la Clinique Saint-Luc de Bouge (SLBO). L'hôpital vient de recevoir ses premiers panneaux photovoltaïques, qui vont commencer à être placés sur les toits de l'édifice dans les prochains jours. Christophe Plompteux, directeur des achats, services sous-traités et hôtellerie, responsable coordination qualité et développement durable à la clinique SLBO, nous explique les enjeux et défis qui parsèment le chemin de la durabilité pour un tel établissement de soins.
Le journal du Médecin: ces 777 panneaux photovoltaïques ne couvriront "que" 5% des besoins en électricité de l'hôpital, ça paraît infime et pourtant c'est déjà un sacré challenge en soi...
Christophe Plompteux : un hôpital comme le nôtre consomme 10.000 mégawatts, chaque année, en énergie, dont 6.700 en électricité, ce qui équivaut à la consommation de 1.992 ménages (soit quasi la moitié des habitants de Bouge, NdlR). Nous pourrions poser des panneaux photovoltaïques sur toutes les maisons de Bouge, ce ne serait pas encore suffisant pour couvrir les besoins de l'hôpital. Ce qui est réellement impressionnant, c'est le fait que le secteur de la santé, au sens large du terme, a le même impact carbone que la totalité de l'aviation pendant un an. Le secteur a donc clairement de gros efforts à faire.
Ce sont vos premiers panneaux?
C'est notre premier investissement dans le photovoltaïque, oui, et d'autres investissements suivront. Nous réfléchissons encore sur les modalités en photovoltaïque puisque nous allons construire un nouveau bâtiment (premier coup de pelle prévu dans deux ans, NdlR), donc on réfléchit à mettre du photovoltaïque en toiture ou en façade car nous serons bien exposés. Il y a aussi pas mal de nouvelles techniques en photovoltaïque qui permettent d'incruster les panneaux dans les structures des bâtiments. C'est toute une réflexion actuelle avec les bureaux d'études, les architectes des services techniques et la Ville de Namur, bien sûr.
Nous faisons également d'autres choses au niveau énergétique, on prévoit ainsi de mettre en place une cogénération pour améliorer l'autonomie énergétique. Quand on aura mis les différents éléments ensemble, si on arrive à couvrir 25% de nos besoins, cela sera déjà pas mal!
Ces panneaux vont prendre place sur les bâtiments historiques de la clinique?
Oui, nous réfléchissons encore à la stratégie d'agencement pour garder un équilibre entre le photovoltaïque et la végétalisation de la toiture, qui permette à la fois d'améliorer la biodiversité sur les sites et de ralentir le flux d'eau en cas de pluies massives, lors de gros orages, pour éviter des inondations.
Vous pourriez couvrir vos surfaces de parking pour augmenter la production?
C'est une de nos réflexions, oui, mais je n'aime pas trop l'idée d'étanchéifier l'esthétique, ce n'est pas non plus toujours très joli, ces carports, donc il faut bien réfléchir à ce que l'on fait, ça doit s'intégrer correctement dans l'environnement. Nous avons rentré un projet pour agrandir nos surfaces en photovoltaïque dont le principe a été accepté à la Région - je ne parle pas de l'urbanisme - dans le cadre du plan de construction. Nous avons aussi une réflexion sur les communautés d'énergie: il faut voir s'il n'y a pas des bâtiments proches de nous qu'on pourrait couvrir et qui permettraient de satisfaire à nos besoins plutôt que de construire des éléments... qui nécessiteraient encore de l'énergie en plus pour les réaliser.
D'emblée, on imagine que les blocs opératoires sont les plus énergivores, est-ce le cas?
C'est un peu vrai, mais la première source de consommation, ce sont tous les équipements qui traitent l'air, donc à la fois qui le filtrent, le chauffent ou le refroidissent. Les flux laminaires, notamment, nécessitent des renouvellements d'air très importants. C'est énergivore, malgré tous les mécanismes de récupération d'énergie. Ensuite, nous avons quand même 35.000 mètres carrés de bâtiments qu'il faut éclairer, même si on met du LED. Puis tous les équipements médicaux qui consomment: radiologie, coronarographie, biologie clinique...
On pense au bloc opératoire, mais un PC qui tourne 24h/24 consomme plus que le scialytique LED au bloc! Les équipements informatiques de l'hôpital constituent aussi une grosse source de consommation énergétique, puisqu'on a deux salles de serveurs, 650 PC avec presque tous des écrans doubles... On est à 130 watts par poste de travail, ça va vite...
Combien de temps faudra-t-il pour installer ces 777 panneaux?
Ça va être assez rapide, on va installer une première phase - 550 - et on a des travaux de réfection de toiture après, sur un petit morceau, donc on installera le solde dans le courant de l'année.
Quel est le coût?
C'est un investissement de 440.000 euros, en partie subsidié par la Région dans le cadre du Plan construction Aviq et subsidié aussi par Wallonie Santé qui nous aide pour avoir un prêt à taux préférentiel. C'est un investissement conséquent, avec un retour sur investissement dans les cinq ans. Mais l'objectif est d'abord d'essayer d'utiliser nos surfaces pour participer aux objectifs de développement durable, plus particulièrement l'ODD7: "énergie propre et d'un coût abordable".
Nous sommes passés de 75.000 euros par mois en électricité en 2021 à presque 300.000 euros en plein milieu de la crise énergétique, maintenant on retombe à 130.000 euros grâce à un nouveau marché public qui nous aide. Nous avons par ailleurs une électricité déjà 100% verte via notre centrale d'achats.
Faute de pouvoir mettre davantage de panneaux, peut-on espérer qu'ils soient plus efficients dans le futur?
C'est surtout la taille du panneau qui a changé, le ratio s'est amélioré mais ils sont surtout plus grands... Pour couvrir la totalité de notre consommation, il faudrait 20 fois 777 panneaux... Mais l'avantage des hôpitaux est que leur consommation est stable (autour de 600 mégawatts/mois à SLBO), nous sommes des éléments stabilisateurs vis-à-vis des gestionnaires de réseau, ils savent que nous 'autoconsommerons' tout notre parc photovoltaïque.
La consommation est légèrement moindre de nuit, mais nos contraintes en matière d'hygiène et de sécurité font qu'on ne peut pas diminuer ou arrêter nos débits de ventilation partout. Au bloc, par exemple, si on arrêtait la ventilation, il faudrait attendre 12h avant de pouvoir y faire entrer un patient car quand on remet les machines en route, on décolle des poussières et on risque de les remettre en suspension... Ce n'est pas comme une hotte de cuisine! Nous essayons également d'avoir les équipements de ventilation les plus performants et faisons toutes les mises à jour pour les optimaliser.
Nous travaillons donc sur les deux tableaux: économies d'énergie et production optimalisée. Et nous nous sommes fixés comme challenge de travailler à volume énergétique identique avec le futur nouveau bâtiment qui fera 6.000 mètres carrés.
Et une pierre de plus à l'édifice de la stratégie de décarbonation de ses activités de soins pour la Clinique Saint-Luc de Bouge (SLBO). L'hôpital vient de recevoir ses premiers panneaux photovoltaïques, qui vont commencer à être placés sur les toits de l'édifice dans les prochains jours. Christophe Plompteux, directeur des achats, services sous-traités et hôtellerie, responsable coordination qualité et développement durable à la clinique SLBO, nous explique les enjeux et défis qui parsèment le chemin de la durabilité pour un tel établissement de soins.Le journal du Médecin: ces 777 panneaux photovoltaïques ne couvriront "que" 5% des besoins en électricité de l'hôpital, ça paraît infime et pourtant c'est déjà un sacré challenge en soi...Christophe Plompteux : un hôpital comme le nôtre consomme 10.000 mégawatts, chaque année, en énergie, dont 6.700 en électricité, ce qui équivaut à la consommation de 1.992 ménages (soit quasi la moitié des habitants de Bouge, NdlR). Nous pourrions poser des panneaux photovoltaïques sur toutes les maisons de Bouge, ce ne serait pas encore suffisant pour couvrir les besoins de l'hôpital. Ce qui est réellement impressionnant, c'est le fait que le secteur de la santé, au sens large du terme, a le même impact carbone que la totalité de l'aviation pendant un an. Le secteur a donc clairement de gros efforts à faire.Ce sont vos premiers panneaux?C'est notre premier investissement dans le photovoltaïque, oui, et d'autres investissements suivront. Nous réfléchissons encore sur les modalités en photovoltaïque puisque nous allons construire un nouveau bâtiment (premier coup de pelle prévu dans deux ans, NdlR), donc on réfléchit à mettre du photovoltaïque en toiture ou en façade car nous serons bien exposés. Il y a aussi pas mal de nouvelles techniques en photovoltaïque qui permettent d'incruster les panneaux dans les structures des bâtiments. C'est toute une réflexion actuelle avec les bureaux d'études, les architectes des services techniques et la Ville de Namur, bien sûr.Nous faisons également d'autres choses au niveau énergétique, on prévoit ainsi de mettre en place une cogénération pour améliorer l'autonomie énergétique. Quand on aura mis les différents éléments ensemble, si on arrive à couvrir 25% de nos besoins, cela sera déjà pas mal!Ces panneaux vont prendre place sur les bâtiments historiques de la clinique?Oui, nous réfléchissons encore à la stratégie d'agencement pour garder un équilibre entre le photovoltaïque et la végétalisation de la toiture, qui permette à la fois d'améliorer la biodiversité sur les sites et de ralentir le flux d'eau en cas de pluies massives, lors de gros orages, pour éviter des inondations.Vous pourriez couvrir vos surfaces de parking pour augmenter la production?C'est une de nos réflexions, oui, mais je n'aime pas trop l'idée d'étanchéifier l'esthétique, ce n'est pas non plus toujours très joli, ces carports, donc il faut bien réfléchir à ce que l'on fait, ça doit s'intégrer correctement dans l'environnement. Nous avons rentré un projet pour agrandir nos surfaces en photovoltaïque dont le principe a été accepté à la Région - je ne parle pas de l'urbanisme - dans le cadre du plan de construction. Nous avons aussi une réflexion sur les communautés d'énergie: il faut voir s'il n'y a pas des bâtiments proches de nous qu'on pourrait couvrir et qui permettraient de satisfaire à nos besoins plutôt que de construire des éléments... qui nécessiteraient encore de l'énergie en plus pour les réaliser.D'emblée, on imagine que les blocs opératoires sont les plus énergivores, est-ce le cas?C'est un peu vrai, mais la première source de consommation, ce sont tous les équipements qui traitent l'air, donc à la fois qui le filtrent, le chauffent ou le refroidissent. Les flux laminaires, notamment, nécessitent des renouvellements d'air très importants. C'est énergivore, malgré tous les mécanismes de récupération d'énergie. Ensuite, nous avons quand même 35.000 mètres carrés de bâtiments qu'il faut éclairer, même si on met du LED. Puis tous les équipements médicaux qui consomment: radiologie, coronarographie, biologie clinique...On pense au bloc opératoire, mais un PC qui tourne 24h/24 consomme plus que le scialytique LED au bloc! Les équipements informatiques de l'hôpital constituent aussi une grosse source de consommation énergétique, puisqu'on a deux salles de serveurs, 650 PC avec presque tous des écrans doubles... On est à 130 watts par poste de travail, ça va vite...Combien de temps faudra-t-il pour installer ces 777 panneaux?Ça va être assez rapide, on va installer une première phase - 550 - et on a des travaux de réfection de toiture après, sur un petit morceau, donc on installera le solde dans le courant de l'année.Quel est le coût?C'est un investissement de 440.000 euros, en partie subsidié par la Région dans le cadre du Plan construction Aviq et subsidié aussi par Wallonie Santé qui nous aide pour avoir un prêt à taux préférentiel. C'est un investissement conséquent, avec un retour sur investissement dans les cinq ans. Mais l'objectif est d'abord d'essayer d'utiliser nos surfaces pour participer aux objectifs de développement durable, plus particulièrement l'ODD7: "énergie propre et d'un coût abordable".Nous sommes passés de 75.000 euros par mois en électricité en 2021 à presque 300.000 euros en plein milieu de la crise énergétique, maintenant on retombe à 130.000 euros grâce à un nouveau marché public qui nous aide. Nous avons par ailleurs une électricité déjà 100% verte via notre centrale d'achats.Faute de pouvoir mettre davantage de panneaux, peut-on espérer qu'ils soient plus efficients dans le futur?C'est surtout la taille du panneau qui a changé, le ratio s'est amélioré mais ils sont surtout plus grands... Pour couvrir la totalité de notre consommation, il faudrait 20 fois 777 panneaux... Mais l'avantage des hôpitaux est que leur consommation est stable (autour de 600 mégawatts/mois à SLBO), nous sommes des éléments stabilisateurs vis-à-vis des gestionnaires de réseau, ils savent que nous 'autoconsommerons' tout notre parc photovoltaïque.La consommation est légèrement moindre de nuit, mais nos contraintes en matière d'hygiène et de sécurité font qu'on ne peut pas diminuer ou arrêter nos débits de ventilation partout. Au bloc, par exemple, si on arrêtait la ventilation, il faudrait attendre 12h avant de pouvoir y faire entrer un patient car quand on remet les machines en route, on décolle des poussières et on risque de les remettre en suspension... Ce n'est pas comme une hotte de cuisine! Nous essayons également d'avoir les équipements de ventilation les plus performants et faisons toutes les mises à jour pour les optimaliser.Nous travaillons donc sur les deux tableaux: économies d'énergie et production optimalisée. Et nous nous sommes fixés comme challenge de travailler à volume énergétique identique avec le futur nouveau bâtiment qui fera 6.000 mètres carrés.