...

Les personnes connaissant une souffrance mentale ont souvent aussi des difficultés économiques car leur taux d'emploi est plus faible (de 15 à 30% plus basse). Ils se retrouvent plus souvent sans emploi (deux fois plus) et courent plus de risque de tomber dans la pauvreté. Les conséquences du mal-être mental se font également ressentir pour les employeurs qui font face à d'importantes baisses de productivité et à des taux élevés d'absentéisme pour maladie. Tout cela ayant aussi des conséquences pour l'économie puisque cela entraîne des coûts sociaux et de santé élevés.Soixante-neuf pourcent des personnes souffrant de mal-être mental disent avoir des problèmes de performance au travail, alors qu'elles ne sont que 26% parmi les personnes en bonne santé mentale à ressentir ces soucis de performance, selon l'OCDE.L'OCDE a mené son étude en examinant la situation de neuf pays, parmi lesquels la Belgique. Entre un tiers et une moitié des longues indisponibilités au travail dans les pays de l'OCDE relèvent de la santé mentale.Des changements de politiques de gestion du problème de la santé mentale s'imposent, selon l'étude. Il est primordial, selon l'OCDE, d'agir tant au niveau du moment où ces problèmes sont pris en charge -car ils le sont souvent trop tard-, que de la manière dont ils le sont et des instances qui doivent agir.Le moment de l'intervention face à un mal-être mental se fait souvent trop attendre (plus de 10 ans s'écoulent en moyenne entre le début de la maladie et le lancement du traitement). Plus de la moitié des problèmes de santé mentale ont commencé dans l'enfance ou l'adolescence. Et la période de transition entre l'école et le monde du travail est cruciale également. L'OCDE postule qu'il faut agir le plus tôt possible -dès l'école parfois où peu de structures existent-, car plus le temps s'écoule plus la (re-)mise au travail de la personne souffrante sera difficile. Un mal-être mental non traité isole souvent la personne, non seulement de son entourage professionnel mais aussi social. Et cela complique la réinsertion. Et s'il est difficile de continuer à travailler de façon performante sans traitement, le fait d'avoir un emploi contribue aussi au traitement.Pour ce qui est de l'approche de la problématique, le rapport souligne que ce qui est mis en oeuvre se révèle régulièrement être le fruit d'initiatives trop isolées des différents secteurs (enseignement, santé, monde de l'emploi).L'OCDE prône une stratégie plus intégrée qui impliquerait non seulement les spécialistes de la santé mentale mais aussi les enseignants, les médecins généralistes, les services de mise à l'emploi, les employeurs et les politiques. Cela nécessiterait évidemment pour les acteurs non-actifs spécifiquement dans la santé mentale d'acquérir quelques compétences leur permettant de mieux reconnaître et gérer ce type de problèmes. Les responsables politiques doivent agir dès maintenant, selon le rapport, notamment en investissant plus dans l'évaluation des actions menées jusqu'ici. Car il est criant, selon le rapport de l'OCDE, de constater le fossé qui existe entre les besoins des populations en matière de santé mentale et les structures disponibles pour les prendre en charge.Les incitations financières afin de progresser dans la gestion du mal-être mental devraient être un élément à considérer sérieusement, propose l'OCDE.