Avec quasi zéro mort, les Tigres asiatiques (Hong-Kong, Taïwan, Corée du Sud, Singapour) ont montré l'exemple tout en restant relativement démocratiques : fermeture des frontières et des aéroports, dépistages massifs, surveillance à l'aide des big datas, masques de protection y compris pour la population. Ils se sont concentrés sur les personnes positives, libérant les autres. Ils ont sauvé leur économie...

Pour nous, Européens peu prévoyants, il était trop tard...

La seule voie était le confinement, technique moyenâgeuse, efficace mais toxique pour l'économie.

Vu les pertes économiques qui s'annoncent, 2,5 milliards selon la FEB (14,5 milliards sur six semaines), le remède risque cependant d'être pire que le mal. Si cela dure, nous n'aurons plus d'argent pour la santé publique, la prévention, le cancer...

Or pour sortir progressivement du spectre du confinement, que nous faut-il ?

1/Des tests.

Sur Facebook, certains accusent les pouvoirs publics. Un arrêté-royal du 17 mars 2020 interdit la vente d'un test rapide au SARS-CoV-2. L'AFMPS (Agence fédérale des médicaments et des produits de santé) craint que " s'il est réalisé juste après l'apparition des symptômes, le patient peut continuer à transmettre le Covid-19 à d'autres personnes de son entourage en pensant qu'il n'est pas malade ". Depuis, le Pr Alain De Wever, médecin et ancien patron de l'Ecole de Santé publique de l'ULB, est sorti du bois. Il estime " que des autotests de qualité devront être utilisés par les professionnels de santé pour pouvoir "libérer" les citoyens à la fin du confinement ", évoquant notamment un test israélien. Mais des initiatives belges se font jour, telle celle du Laboratoire hospitalier universitaire de Bruxelles développée avec Coris Bioconcept. Il détecte " en 15 minutes la présence du Covid-19 chez les patients présentant une infection sévère ". A peu près tous les laboratoires pharmaceutiques en sont capables... Nathan Clumeck, " Monsieur Sida ", propose également le test sérologique d'anticorps qui pourrait nous aider à prendre des décisions sur la fin de confinement et la reprise des activités normales. Déjà DéFI demande un dépistage systématique des travailleurs ne pouvant recourir au télétravail...

Les recommandations de l'OMS du 20 mars sont claires : il est impératif de tester la population à grande échelle et, a fortiori, le personnel de santé, pour connaître le nombre de personnes infectées. Le personnel infecté ne peut en aucun cas retourner au travail, rappelait l'Absym mercredi, levant une contradiction majeure entre l'OMS et Sciensano. Le chiffre des personnes infectées est certainement considérablement plus élevé que les évaluations actuelles. Le taux réel de létalité du virus s'en verrait d'ailleurs réévalué à la baisse, ce qui pourrait diminuer la psychose qui règne dans la population.

2/Des masques en suffisance.

La pénurie de masques FFP2, beaucoup plus efficaces, que les millions de masques chirurgicaux qui arrivent sur le marché, est un scandale dans de nombreux pays européens. La plupart n'ont pas constitué de stocks suffisants. La Belgique en a même détruits car ils étaient périmés[1]. Personne ne croyait à une pandémie de cette ampleur. Dépendre de l'Extrême-Orient ou de la Turquie pour les fabriquer est une autre grossière erreur. Même la solidarité européenne n'est pas assurée. Il faut donc, pour cette pandémie et celle à venir, en produire nous-mêmes. Apprendre que l'administration pénitentiaire recherchait désespérément des machines à coudre semi-industrielles pour que nos détenus cousent des masques en prison serait cocasse si ce n'était dramatique !

Non seulement médecins et soignants doivent bénéficier prioritairement de masques, mais, comme on peut le voir dans plusieurs pays d'Asie, la population également doit en bénéficier dès que, bien entendu, le personnel soignant sera suffisamment équipé. A moyen terme, donc. Puisque les capacités en masques ce 27 mars varient entre 2 et 8 jours selon l'hôpital.

Une fois testés négatifs, nous pourrons, progressivement, sortir du confinement, rendre visite à nos grands-parents. Les commerces pourront progressivement rouvrir et l'économie redémarrer.

3/Un traitement. En l'absence de vaccin avant plusieurs mois, un traitement efficace signifierait " game over " pour le virus. Pour le moment, le seul remède connu du grand public est celui recommandé par le Pr Didier Raoult, infectiologue à la fois réputé et controversé qui dirige Méditerranée Infection. Il s'agit de l'association hydroxychloroquine (HCQ) + Azithromycine (un antibiotique) qui n'a pas reçu d'autorisation de mise sur le marché.

En Belgique, une task-force d'experts recommande l'utilisation hospitalière de l'HCQ " pour les stades léger, moyen et sévère de la maladie ". Une étude chinoise qui ne porterait cependant que sur 100 patients conclut à son efficacité de même que celle de Didier Raoult mais qui ne porte que sur 20 patients (75% d'efficacité). Des études en double aveugle sont en cours, mais, outre qu'elles s'échelonnent sur 5 semaines, elles n'incluraient pas la " potion " de Raoult soit l'association avec l'antibiotique. Il s'agit de l'étude Discovery lancée ce week-end sur 3 200 patients européens. Elle évaluera l'efficacité de 4 stratégies thérapeutiques qui pourraient s'avérer efficaces contre le Covid-19 dont l'HCQ.

Dans le JAMA (Journal of the American Medical Association) du 24 mars, une autre sommité, le Dr David Juurlink, chef de la Division of Clinical Pharmacology and Toxicology at Sunnybrook Health Sciences Centre de Toronto recommande, puisqu'il n'existe aucune autre solution pour le moment, l'association thérapeutique du Pr Raoult au fur et à mesure que l'état du malade s'aggrave. Il ne la conseille pas à titre préventif à toute la population, étant donné ses effets secondaires.

Le Haut conseil français de la santé publique (HCSP) recommandait lundi de " ne pas utiliser ce traitement en l'absence de recommandations à l'exception de formes graves hospitalières, sur décision collégiale des médecins et sous surveillance médicale stricte " et exclut toute prescription dans la population générale ou pour des formes non sévères.

La revue Prescrire met en garde toutefois sur l'association médicamenteuse du Pr Raoult, étant donné que son étude randomisée ne porte en réalité que sur 16 patients. Le patient doit évidemment être averti des incertitudes.

Selon l'intensiviste et prof à l'ULB Jean-Louis Vincent, il existe près de 60 traitements potentiels.

Côté vaccins, l'Australie, Sanofi, Israël prennent des initiatives. Elles donneront des résultats dans quelques mois.

Prudence

Il faut rester prudent...

Côté méthode naturelle, développer des anticorps pourrait n'être qu'une protection temporaire, selon Marc Van Ranst, qui sembla un temps opter pour la " herd immunity " (immunisation de groupe), la voie choisie un temps par la Grande-Bretagne avant qu'on diagnostique à Boris Johnson 500.000 morts...

Des erreurs, on en a accumulées au départ de la pandémie, laissant des Belges revenir d'Italie sans aucun contrôle et hésitant à fermer les frontières. Le 7 mars, Emmanuel Macron recommandait encore de sortir s'amuser et certaines de nos autorités comparaient le virus à une " petite grippe ". Le 3 mars, " A votre avis " (RTBF) s'intitulait : " On va dédramatiser le coronavirus ".

Très vite, le pragmatisme a repris ses droits et pour le moment, la Belgique s'en sort bien même si, depuis le 25 mars, l'épidémie repart à la hausse et suit la même courbe que la France.

Il revient au gouvernement fédéral de trancher, aidé d'experts pas toujours en phase et ayant à l'oeil des réseaux sociaux qui ne veulent plus donner quitus aux politiciens. Difficile équilibre entre préserver des vies humaines et ne pas hypothéquer notre espoir de redémarrage économique à long terme. Car on sait que le chômage et la précarité sont aussi des tueurs de masse.

[1] Notre pays a désormais, selon le SPF, en date du 24/03, 16,5 millions de masques chirurgicaux déjà arrivés en Belgique ou en cours de distribution, ainsi que 544.000 masques de type FFP2. L'Etat belge a passé commande de 30,5 millions de masques chirurgicaux et 5 millions de masques FFP2. Selon le GH de Charleroi, certains hôpitaux n'ont plus que 2 à 8 jours de capacité en masques FFP2.

Avec quasi zéro mort, les Tigres asiatiques (Hong-Kong, Taïwan, Corée du Sud, Singapour) ont montré l'exemple tout en restant relativement démocratiques : fermeture des frontières et des aéroports, dépistages massifs, surveillance à l'aide des big datas, masques de protection y compris pour la population. Ils se sont concentrés sur les personnes positives, libérant les autres. Ils ont sauvé leur économie...Pour nous, Européens peu prévoyants, il était trop tard...La seule voie était le confinement, technique moyenâgeuse, efficace mais toxique pour l'économie.Vu les pertes économiques qui s'annoncent, 2,5 milliards selon la FEB (14,5 milliards sur six semaines), le remède risque cependant d'être pire que le mal. Si cela dure, nous n'aurons plus d'argent pour la santé publique, la prévention, le cancer...Or pour sortir progressivement du spectre du confinement, que nous faut-il ?1/Des tests.Sur Facebook, certains accusent les pouvoirs publics. Un arrêté-royal du 17 mars 2020 interdit la vente d'un test rapide au SARS-CoV-2. L'AFMPS (Agence fédérale des médicaments et des produits de santé) craint que " s'il est réalisé juste après l'apparition des symptômes, le patient peut continuer à transmettre le Covid-19 à d'autres personnes de son entourage en pensant qu'il n'est pas malade ". Depuis, le Pr Alain De Wever, médecin et ancien patron de l'Ecole de Santé publique de l'ULB, est sorti du bois. Il estime " que des autotests de qualité devront être utilisés par les professionnels de santé pour pouvoir "libérer" les citoyens à la fin du confinement ", évoquant notamment un test israélien. Mais des initiatives belges se font jour, telle celle du Laboratoire hospitalier universitaire de Bruxelles développée avec Coris Bioconcept. Il détecte " en 15 minutes la présence du Covid-19 chez les patients présentant une infection sévère ". A peu près tous les laboratoires pharmaceutiques en sont capables... Nathan Clumeck, " Monsieur Sida ", propose également le test sérologique d'anticorps qui pourrait nous aider à prendre des décisions sur la fin de confinement et la reprise des activités normales. Déjà DéFI demande un dépistage systématique des travailleurs ne pouvant recourir au télétravail...Les recommandations de l'OMS du 20 mars sont claires : il est impératif de tester la population à grande échelle et, a fortiori, le personnel de santé, pour connaître le nombre de personnes infectées. Le personnel infecté ne peut en aucun cas retourner au travail, rappelait l'Absym mercredi, levant une contradiction majeure entre l'OMS et Sciensano. Le chiffre des personnes infectées est certainement considérablement plus élevé que les évaluations actuelles. Le taux réel de létalité du virus s'en verrait d'ailleurs réévalué à la baisse, ce qui pourrait diminuer la psychose qui règne dans la population.2/Des masques en suffisance. La pénurie de masques FFP2, beaucoup plus efficaces, que les millions de masques chirurgicaux qui arrivent sur le marché, est un scandale dans de nombreux pays européens. La plupart n'ont pas constitué de stocks suffisants. La Belgique en a même détruits car ils étaient périmés[1]. Personne ne croyait à une pandémie de cette ampleur. Dépendre de l'Extrême-Orient ou de la Turquie pour les fabriquer est une autre grossière erreur. Même la solidarité européenne n'est pas assurée. Il faut donc, pour cette pandémie et celle à venir, en produire nous-mêmes. Apprendre que l'administration pénitentiaire recherchait désespérément des machines à coudre semi-industrielles pour que nos détenus cousent des masques en prison serait cocasse si ce n'était dramatique !Non seulement médecins et soignants doivent bénéficier prioritairement de masques, mais, comme on peut le voir dans plusieurs pays d'Asie, la population également doit en bénéficier dès que, bien entendu, le personnel soignant sera suffisamment équipé. A moyen terme, donc. Puisque les capacités en masques ce 27 mars varient entre 2 et 8 jours selon l'hôpital.Une fois testés négatifs, nous pourrons, progressivement, sortir du confinement, rendre visite à nos grands-parents. Les commerces pourront progressivement rouvrir et l'économie redémarrer.3/Un traitement. En l'absence de vaccin avant plusieurs mois, un traitement efficace signifierait " game over " pour le virus. Pour le moment, le seul remède connu du grand public est celui recommandé par le Pr Didier Raoult, infectiologue à la fois réputé et controversé qui dirige Méditerranée Infection. Il s'agit de l'association hydroxychloroquine (HCQ) + Azithromycine (un antibiotique) qui n'a pas reçu d'autorisation de mise sur le marché.En Belgique, une task-force d'experts recommande l'utilisation hospitalière de l'HCQ " pour les stades léger, moyen et sévère de la maladie ". Une étude chinoise qui ne porterait cependant que sur 100 patients conclut à son efficacité de même que celle de Didier Raoult mais qui ne porte que sur 20 patients (75% d'efficacité). Des études en double aveugle sont en cours, mais, outre qu'elles s'échelonnent sur 5 semaines, elles n'incluraient pas la " potion " de Raoult soit l'association avec l'antibiotique. Il s'agit de l'étude Discovery lancée ce week-end sur 3 200 patients européens. Elle évaluera l'efficacité de 4 stratégies thérapeutiques qui pourraient s'avérer efficaces contre le Covid-19 dont l'HCQ.Dans le JAMA (Journal of the American Medical Association) du 24 mars, une autre sommité, le Dr David Juurlink, chef de la Division of Clinical Pharmacology and Toxicology at Sunnybrook Health Sciences Centre de Toronto recommande, puisqu'il n'existe aucune autre solution pour le moment, l'association thérapeutique du Pr Raoult au fur et à mesure que l'état du malade s'aggrave. Il ne la conseille pas à titre préventif à toute la population, étant donné ses effets secondaires.Le Haut conseil français de la santé publique (HCSP) recommandait lundi de " ne pas utiliser ce traitement en l'absence de recommandations à l'exception de formes graves hospitalières, sur décision collégiale des médecins et sous surveillance médicale stricte " et exclut toute prescription dans la population générale ou pour des formes non sévères.La revue Prescrire met en garde toutefois sur l'association médicamenteuse du Pr Raoult, étant donné que son étude randomisée ne porte en réalité que sur 16 patients. Le patient doit évidemment être averti des incertitudes.Selon l'intensiviste et prof à l'ULB Jean-Louis Vincent, il existe près de 60 traitements potentiels.Côté vaccins, l'Australie, Sanofi, Israël prennent des initiatives. Elles donneront des résultats dans quelques mois.Il faut rester prudent...Côté méthode naturelle, développer des anticorps pourrait n'être qu'une protection temporaire, selon Marc Van Ranst, qui sembla un temps opter pour la " herd immunity " (immunisation de groupe), la voie choisie un temps par la Grande-Bretagne avant qu'on diagnostique à Boris Johnson 500.000 morts...Des erreurs, on en a accumulées au départ de la pandémie, laissant des Belges revenir d'Italie sans aucun contrôle et hésitant à fermer les frontières. Le 7 mars, Emmanuel Macron recommandait encore de sortir s'amuser et certaines de nos autorités comparaient le virus à une " petite grippe ". Le 3 mars, " A votre avis " (RTBF) s'intitulait : " On va dédramatiser le coronavirus ".Très vite, le pragmatisme a repris ses droits et pour le moment, la Belgique s'en sort bien même si, depuis le 25 mars, l'épidémie repart à la hausse et suit la même courbe que la France.Il revient au gouvernement fédéral de trancher, aidé d'experts pas toujours en phase et ayant à l'oeil des réseaux sociaux qui ne veulent plus donner quitus aux politiciens. Difficile équilibre entre préserver des vies humaines et ne pas hypothéquer notre espoir de redémarrage économique à long terme. Car on sait que le chômage et la précarité sont aussi des tueurs de masse.[1] Notre pays a désormais, selon le SPF, en date du 24/03, 16,5 millions de masques chirurgicaux déjà arrivés en Belgique ou en cours de distribution, ainsi que 544.000 masques de type FFP2. L'Etat belge a passé commande de 30,5 millions de masques chirurgicaux et 5 millions de masques FFP2. Selon le GH de Charleroi, certains hôpitaux n'ont plus que 2 à 8 jours de capacité en masques FFP2.