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Le traitement conservateur constitue l'un des domaines où on a le plus progressé ces dernières années dans la prise en charge du cancer du sein. Cependant, il apparaît que les femmes n'en bénéficient pas toujours. Le Dr Carmen Criscitiello de l'Institut Européen d'Oncologie à Milan a présenté une analyse de différents facteurs pouvant influencer la décision d'entreprendre une mastectomie radicale ou une chirurgie conservatrice. Elle s'est basée tout d'abord sur l'étude Neo-ALTTO publiée dans le Lancet cette année. Elle a inclus 429 patients et a montré que la combinaison d'un traitement par paclitaxel, lapatinib et trastuzumab double le taux de réponse biologique complet (pathological complete response, pCR) : 51,3 % versus 29,5 % (trastuzumab+paclitaxel) et 24,7 % (lapatinib+paclitaxel). Stagnation... Ces résultats ne changent rien au taux de mastectomie pratiquée après un traitement néo-adjuvant. Ce taux s'élève encore à près de 59 %. Ainsi, sur les 429 participantes, 242 ont eu une mastectomie et 187 un traitement conservateur. On s'interroge donc sur les raisons qui mènent encore à la mastectomie. Elle a été le plus souvent utilisée chez des patientes de moins de 50 ans, si elles étaient traitées dans un pays en développement et si la tumeur avait une taille supérieure à 5 cm ou un statut ER-. Toutes les patientes diagnostiquées avec un cancer lobulaire ont subi une mastectomie en dépit de la pCR obtenue. Ainsi, 68 patients ont bénéficié d'une réponse radiologique complète et malgré cela, 53 % ont subi une mastectomie. Sur les 125 patientes considérées comme traitables par une prise en charge conservatrice, l'ablation du sein a eu lieu dans 30 % des cas évalués au départ comme éligibles pour un traitement conservateur. A contrario, 30 % des femmes devant subir une mastectomie ou considérées comme inopérables ont eu une BCS. Modifier sa pratique... Pour Carmen Criscitello, "Il est clair que les médecins devraient mieux considérer les résultats obtenus par le traitement initié avant d'entreprendre toute chirurgie. Rappelons-nous que tous ces traitements existent justement afin d'éviter cette intervention radicale. Nous devons discuter de tous les cas séparément en équipe multidisciplinaire ". L'étude présentée suggère clairement que la décision chirurgicale se base sur les caractéristiques de la tumeur avant tout traitement. N'oublions pas que les patientes sont parfois elles-mêmes demandeuses de ce type de solutions radicales.