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Responsable de l'étude que vient de mener une équipe britannique de l'University College London et du Great Ormond Street Hospital, le Dr Pascale Guillot est convaincue que, dans les prochaines années, la médecine aura les moyens de ralentir le vieillissement de notre squelette et ainsi de réduire les fractures et la douleur."Nous sommes déjà habitués à mettre de la crème sur notre visage pour ralentir le vieillissement de la peau. Ce sera un peu similaire", prédit-elle.Son optimisme est bien sûr alimenté par la découverte qu'elle et ses collègues viennent de faire. Leur trouvaille ? Contrer le vieillissement des os et même renforcer la solidité du squelette humain grâce à des cellules souches provenant du liquide amniotique humain.Des cellules souches de tissus foetaux humains extraites de cordon ombilical sont déjà connues pour réduire les taux de fractures osseuses chez les souris, mais la transplantation n'améliore pas la solidité des os, seule une augmentation de la plasticité est observée.Cette fois, il est question de cellules souches mésenchymateuses du liquide amniotique qui peuvent se multiplier indéfiniment et qui ont le potentiel de donner naissance à tous les organes et tissus de l'organisme. Avec des perspectives nettement plus encourageantes.Les scientifiques ont donc prélevé ces cellules souches sur des échantillons de femmes enceintes et en bonne santé, 12 semaines avant la naissance de leur enfant. Stockées, ces cellules ont ensuite été injectées dans des souris souffrant d'ostéoporose ou d'une ostéogenèse imparfaite, aussi appelée maladie des os de verre, responsable du décès de certains bébés peu de temps après la naissance. Les résultats de ce travail se sont avérés particulièrement concluants. L'étude a révélé que la transplantation des cellules souches a contribué à dynamiser les ostéoblastes, cellules participant à la minéralisation des os et ayant un rôle important dans la croissance et la reproduction du corps de l'os. Avec le temps, ces ostéoblastes ont tendance à devenir paresseux. Ici, leur activité naturelle a donc été boostée.Les chercheurs ont aussi observé que les cellules mésenchymateuses ont favorisé la densification des os de la souris, stimulant leur force et leur flexibilité.Grâce à leurs propriétés régénératrices, ces cellules ont même permis de baisser de 79% le risque de fractures, soit une réduction à près d'un cinquième de leur niveau d'origine.Si les bénéfices de cette nouvelle technique ont été observés sur des souris, les chercheurs se montrent enthousiastes quant aux résultats qui pourraient être obtenus sur les humains. D'autres études sont d'ailleurs prévues dans les prochaines années afin de confirmer ou non les conclusions de ces premiers travaux." Des essais cliniques devraient en effet commencer d'ici deux ans", confirme le Dr Guillot. "S'ils devaient s'avérer concluants, nous pourrions alors parler d'une avancée majeure qui concernera toutes les personnes souffrant d'ostéoporose. La qualité de vie des seniors serait ainsi considérablement améliorée et de nouveaux traitements contre la maladie des os de verre chez les enfants pourraient également voir le jour."La directrice de recherches évoque aussi un autre intérêt potentiel. " Ce sera notamment très important pour les voyages spatiaux, afin de pallier le manque de gravité qui favorise la fragilité des os." Il est vrai que la masse osseuse des astronautes peut perdre jusqu'à 2,5% de sa densité pour chaque mois passé dans l'espace.Rappelons que toutes ces belles perspectives reposent sur des cellules que l'on trouve dans le fluide protecteur qui entoure le bébé dans l'utérus. Ce n'est pas pour rien que l'on dit que la grossesse, c'est magique...(Source : Scientific Reports, 20 décembre 2016, doi : 10.1038/srep39656)