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L'histoire est belle. Celle de la naissance d'un petit garçon de 2,970 kg qui pourrait bien devenir un jour aussi célèbre que Louise Brown, le "premier bébé-éprouvette" né il y a 40 ans d'ici en Grande Bretagne, après une fécondation in vitro. Il est en effet le premier à avoir vu le jour à l'issue d'une transplantation d'utérus entre jumelles homozygotes. La maman, une femme de 38 ans, d'origine serbe et italienne d'adoption, est née sans utérus en raison d'une malformation congénitale rare, le syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser (MRKH) et, a priori, elle n'avait aucun espoir de devenir mère. Mais, en mars 2017, elle a reçu un cadeau très précieux de sa soeur jumelle, déjà maman de 3 enfants : le don de son utérus. Avantage de ce geste généreux entre ces deux vraies jumelles : elles ont le même patrimoine génétique et l'utilisation d'immunosuppresseurs, traitement indispensable en temps normal après une transplantation pour éviter le rejet du greffon et contraignant à vie pour le patient greffé, n'a dès lors pas été nécessaire. L'utérus n'a en effet pas été reconnu comme étranger par l'organisme de la patiente.Ensuite, c'est un spécialiste de ce genre de greffe, le chirurgien Mats Brännström, directeur de Stockholm IVF, branche du groupe Eugin, qui a fait le reste avec son équipe. Il a fallu 15 heures d'intervention chirurgicale pour réaliser la transplantation d'utérus : dix heures pour le prélèvement de l'organe et cinq pour son implantation chez la receveuse. Elle a été réalisée au Children University Hospital de Belgrade, en Serbie. La jeune femme a ensuite suivi un traitement de procréation médicalement assistée à Stockholm avec implantation réussie d'un embryon cryoconservé. Après une grossesse sans complications, le bébé est né sous césarienne, en pleine santé, à l'hôpital universitaire Sant'Orsola de Bologne."C'est une étape importante dans le domaine de la médecine de la reproduction et de la chirurgie de la transplantation" a déclaré le Pr Mats Brännström. "Cela s'ajoute au succès initial de la transplantation mère/fille où nous avons constaté un taux de naissance de 85%." Le programme de transplantation de l'utérus initié par le Pr Brännström a débuté en 2013. A son actif : neuf greffes ayant abouti à huit naissances dont la première en octobre 2014 et à une grossesse en cours. D'autres équipes de médecins se sont également lancées dans l'aventure et, au total, 11 bébés sont déjà nés avant le petit Italien grâce à cette technique encore assez confidentielle.En revanche, il s'agit bien de la première transplantation entre deux vraies jumelles, le côté gémellaire apportant une dimension supplémentaire.Cette prouesse médicale offre un espoir à de nombreuses femmes atteintes d'infertilité utérine chez lesquelles une grossesse est actuellement impossible. Il peut s'agir de femmes atteintes d'un syndrome de MRKH, ou qui ont dû subir une hystérectomie à la suite d'un cancer ou qui ont été victimes d'une hémorragie de la délivrance.Stockholm IVF - EUGIN, press release, 28 juin 2018http://stockholmivf.se/wp-content/uploads/2018/06/Press-release-press-conference28.06.2018_SO.pdf