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Incontournables dans la trousse à pharmacie, les pansements ont longtemps été de simples bandes isolantes, inesthétiques et peu résistantes à l'eau, auxquelles on avait recours pour protéger une plaie des éventuelles impuretés de l'environnement. Mais ces vingt dernières années, ils ont considérablement évolué et sont devenus de plus en plus sophistiqués.Avec le vieillissement de la population, entraînant une hausse des ulcères de jambes, des escarres, mais aussi la progression du diabète et ses complications comme l'ulcère du pied, les plaies chroniques sont en train de devenir un enjeu majeur de santé publique. Une fièvre d'innovations a saisi la recherche dans ce domaine, le but étant d'accélérer le traitement de ces plaies longues à cicatriser, douloureuses pour les patients et coûteuses pour les systèmes de santé.Le foisonnement d'idées est aussi encouragé par l'évolution du marché mondial du traitement des plaies. Ce marché devrait représenter 20,4 milliards de dollars en 2021, contre 17 milliards en 2016, soit un taux de croissance annuel moyen de 3,6%, selon une étude du cabinet MarketsandMarkets (*) qui prédit que les pansements interactifs et autonomes se généraliseront d'ici 5 à 10 ans.Le message a été reçu cinq sur cinq par les laboratoires pharmaceutiques qui ont compris que le pansement devait se moderniser et qu'il ne pouvait plus se contenter d'isoler les plaies. A travers le monde, différentes équipes de chercheurs développent actuellement des dispositifs qualifiés "d'intelligents".Transparents, en gel, en spray pour les endroits les plus délicats, équipés de capteurs connectés, les pansements ont non seulement subi un relooking - ils sont plus confortables, plus faciles à appliquer et à retirer - mais ils se sont aussi dotés de nouvelles propriétés et fonctions.Capables de transmettre des données au médecin, certains pansements ont le pouvoir de déceler une infection ou des escarres en devenir, une inflammation chronique ou encore un retard de cicatrisation d'une plaie. D'autres, couplés avec des médicaments, promettent une guérison sur-mesure : soulager les brûlures, apaiser les ampoules, favoriser la cicatrisation ou encore empêcher les infections. Des applications sont également envisagées dans l'ingénierie tissulaire et la médecine régénératrice.Enfin de nombreuses équipes s'inspirent des "prouesses" de la nature. C'est ainsi que des chercheurs en génie mécanique de l'Oregon State University ont suggéré de reproduire le mécanisme d'adhérence du gecko aux surfaces humides pour créer un pansement biodégradable, totalement imperméable. On peut aussi citer l'usage de sang de crocodile par une équipe thaïlandaise pour favoriser la cicatrisation et éloigner l'infection ou encore tout récemment la réalisation d'un pansement à base de soie d'araignée par des spécialistes britanniques de l'Université de Nottingham. Un retour en grâce pour ce matériau résistant et lui aussi biodégradable, déjà utilisé de manière empirique dans l'Antiquité pour cicatriser les plaies des soldats grecs et romains.