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La solution repose sur un "tour de passe-passe" cellulaire. Elle consiste d'abord, sous l'action d'un facteur de croissance, le FGF9, à reconstituer les follicules pileux, ce qui provoque la régénération de la graisse qui, elle, réagit aux signaux envoyés par ces follicules. Les poils et le gras ont en effet deux processus de développement différents et séparés, mais restent dépendants l'un de l'autre.Ensuite, grâce à un savant mélange d'autres facteurs de croissance produits par les follicules pileux, dont la protéine morphogénétique osseuse (BMP), les scientifiques américains ont réussi à convertir les myofibroblastes, cellules caractéristiques des tissus cicatriciels, présentes dans le lit de la plaie, en adipocytes, cellules graisseuses qui sont perdues au cours du processus de cicatrisation.Cette conversion donne à la plaie cicatrisée un aspect naturel, lisse et doux, au lieu de laisser une trace. Autrement dit, la peau s'est "reconstruite" sans former de marques inesthétiques en remplaçant le processus de cicatrisation classique par une régénération cellulaire. Jusqu'à présent, on pensait que cette transformation était uniquement réservée aux poissons et aux amphibiens et impossible pour les mammifères. Or c'est faisable chez ces derniers comme le montrent les expériences qui viennent d'être menées in vivo sur des souris, et in vitro sur des cultures de cellules chéloïdes humaines. Des expériences qui débouchent sur une découverte qualifiée de "révolutionnaire" et qui pourrait connaître des prolongements bien au-delà du soin des plaies et du processus de cicatrisation. Le procédé pourrait être également bénéfique pour les patients atteints du sida, dont les traitements antirétroviraux ont souvent comme effet secondaire une perte d'adipocytes, conditionnant un vieillissement prématuré de la peau du visage. Bref, ce ne sont pas les débouchés qui manquent...(référence : Science, 5 janvier 2017, DOI : 10.1126/science.aai8792)