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Ils avaient reproduit le mécanisme remarquable des orteils du lézard qui utilisent de minuscules poils ramifiés capables de se mettre instantanément en mode "on" ou "off", ce qui permet au gecko d'adhérer ou de se déplacer sur une surface solide, sans avoir l'air de produire vraiment d'efforts et sans être collé au support.Récemment, c'est l'araignée qui a suscité l'intérêt d'un expert et d'un chimiste de l'Université de Nottingham. Ils sont parvenus à utiliser la soie des toiles d'araignée pour fabriquer un pansement cicatrisant et régénérant. Un retour en grâce pour ce matériau, déjà utilisé de manière empirique dans l'Antiquité pour cicatriser les plaies des soldats grecs et romains.Les chercheurs britanniques ont développé un système de "clics" pour attacher des molécules choisies à de la soie d'araignée entièrement synthétisée par la bactérie E. coli. Les molécules peuvent être "cliquées" ou imbriquées dans la protéine de soie soluble avant qu'elle ne forme des fibres, ou même après. Le procédé nécessite donc la production des protéines de soie dans une bactérie enrichie d'un acide aminé qui permet ensuite cet effet "cliquable". Les auteurs de ce travail ont ainsi obtenu des fils de soie enrobés des molécules choisies. Une découverte qu'ils ont testée avec du lévofloxacine, un médicament prescrit en cas de bronchites chroniques ou d'infections bactériennes intestinales. Ils ont pu constater que, grâce à leur soie de toile d'araignée synthétisée, la molécule pouvait être libérée progressivement pendant cinq jours. De plus la soie d'araignée est résistante, biocompatible et biodégradable, donc respectueuse de l'environnement, et elle est constituée de protéines qui ne semblent pas provoquer de réaction immunitaire, inflammatoire ou allergique.Outre le transport et la libération de molécules, on peut imaginer diverses applications possibles à partir de cette soie thérapeutique dans le soin des plaies et autres lésions cutanées, l'ingénierie tissulaire, et la médecine régénératrice. Elle peut en effet être utilisée pour créer des pansements adaptés à diverses applications médicales."Grâce à notre technique, l'infection pourrait être prévenue pendant des semaines ou des mois par une diffusion contrôlée de médicaments", s'enthousiasme le Pr Neil Thomas. "En parallèle, la régénération des tissus serait accélérée par les fibres de soie, fonctionnant comme soutien temporaire avant de se biodégrader." Ajoutons encore que ce type de pansement pourrait faciliter le traitement des blessures à guérison lente comme les ulcères diabétiques et donc venir en aide à certains patients, comme les diabétiques, chez qui l'insuffisance du flux sanguin ralentit la cicatrisation.(référence : Advanced Materials, 28 décembre 2016, DOI : 10.1002/adma.201604245)