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Oublier est une faculté essentielle à nos prises de décision éclairées, à nos aptitudes à l'abstraction et à notre adaptation au quotidien. Tel est l'enseignement essentiel d'une nouvelle recherche entreprise par deux neuroscientifiques de l'université de Toronto.Après avoir passé en revue les principales études abordant le thème de la mémoire, Blake Richards et Paul Frankland ont découvert que notre mémoire n'a de sens que dans ses deux dimensions : le stockage du souvenir d'un côté et l'oubli de l'autre. Ils ont trouvé suffisamment de preuves que les neurones qui permettent de mémoriser les données ne sont pas les mêmes que ceux qui participent au processus d'effacement.Comment le cerveau s'y prend-il pour oublier ? Deux mécanismes sont à l'oeuvre. L'un d'eux consiste à affaiblir délibérément certaines connexions synaptiques entre neurones qui servent à coder la mémoire. L'autre génère de nouveaux neurones à partir de cellules souches et quand ces neurones s'intègrent dans l'hippocampe, les nouvelles connexions remodèlent les circuits existants, ce qui complique l'accès à certaines informations et affaiblit certains souvenirs.Selon les auteurs, le fait que le cerveau consacre autant d'énergie à éliminer les souvenirs superflus et les informations parasites démontre que l'enjeu est important. Ils y voient deux raisons : d'une part, faciliter notre adaptation aux situations nouvelles et, d'autre part, nous permettre de généraliser des événements passés afin de nous aider à prendre des décisions éclairées en fonction des nouvelles circonstances.(référence : Neuron, 21 juin 2017, DOI : 10.1016/j.neuron.2017.04.037)