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Grâce à cette technique qui permet de couper l'ADN à un endroit déterminé du génome, de manière précise, et de le corriger, l'équipe de recherche a réussi à injecter de l'ADN modifié dans les yeux de modèles de souris atteints de DMLA. Cet ADN a été capable de s'intégrer au patrimoine génétique des cellules et des cellules souches de la rétine.La progression de la maladie de l'oeil a été surveillée en observant la néovascularisation choroïdienne (NVC), qui consiste en la création de nouveaux vaisseaux sanguins entre la rétine et la sclère, un problème commun de dégénérescence maculaire humide. Résultat : la création de ces nouveaux vaisseaux anormaux aurait été réduite de 58%. Par contre, la dysfonction conique, un effet secondaire attendu, ne s'est pas manifestée. Seul le gène ciblé qui code pour la production de VEGF, un facteur de croissance favorisant la création des nouveaux vaisseaux, a été modifié. Le Pr Kim Jeong Hun et ses collègues ont l'espoir de valider ces premiers résultats chez l'Homme, et même de les étendre à d'autres pathologies. De nombreux malades nourrissent le même espoir mais l'actualité est venue rappeler à quel point la prudence doit être de mise avec les nouvelles thérapies qui suscitent parfois chez certains un enthousiasme sans limite.Un traitement expérimental concernant la même pathologie vient en effet de très mal tourner. Trois femmes, atteintes d'une DMLA stable (avec ou sans néo-vascularisation) et âgées de 72 à 88 ans, ont quasiment perdu la vue après injection dans le vitré des deux yeux de cellules souches dérivées de cellules adipeuses autologues.En réalité, le protocole suivi pour cet essai est particulièrement déroutant : il a consisté à prélever par liposuccion de la graisse de l'abdomen de chaque patiente, à la mélanger à son sang enrichi en plaquettes, puis à incorporer des enzymes afin d'obtenir des cellules souches. Un produit que les cliniciens ont injecté le même jour sans même prendre la peine d'en tester la sécurité sur un seul oeil comme cela se pratique habituellement.Dans les 36 heures qui ont suivi l'opération, les patientes, qui ont dû débourser, comble du comble, 5 000 dollars pour l'intervention, ont subi toute une série d'effets secondaires gravissimes : hypertension oculaire, détachement de la rétine, dislocation cristallinienne et hémorragies. Autant de complications qui ont entraîné une baisse sévère et irréversible de l'acuité visuelle des deux yeux allant de 20/200 à une cécité complète dans un cas.Les trois femmes concernées pensaient participer à un essai clinique officiel puisqu'il était répertorié sur un site de l'Institut national de la santé (NIH). En réalité, l'expérience menée dans une clinique privée de Floride n'avait pas reçu d'homologation de la Food and Drug Administration, comme le déplorent des ophtalmologistes américains, auteurs d'une étude de cas relatant cette triste histoire dans le New England Journal of Medicine. (2) Rappelant que les études cliniques sérieuses ne sont jamais financées par les malades volontaires, ils tirent la sonnette d'alarme contre ce type de dérive.Quant à l'éditorialiste de la célèbre revue médicale, il plaide pour une véritable régulation, sous l'égide de la FDA, des thérapies à base de cellules souches, ce qui n'est pas le cas actuellement aux Etats-Unis où près de 600 cliniques affirment effectuer des expériences de ce type.(références : (1) Genome Research, 16 février 2017, doi : 10.1101/gr.219089.116,(2) NEJM, 16 mars 2017, doi : 10.1056/NEJMoa1609583)