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La découverte illustre comment une affection qui se déclare dès la naissance et qui est restée mystérieuse jusqu'à des progrès récents peut trouver un remède.Le syndrome de CLOVES (acronyme anglais pour Congenital Lipomatous Overgrowth, Vascular Malformation, Epidermal Nævi) est une maladie monogénique causée par une mutation "gain de fonction" du gène PIK3CA, qui régule la prolifération et la croissance des cellules. Ce gène n'a été découvert qu'en 2012. Lorsqu'il est trop activé, il est responsable de la croissance excessive des parties du corps touchées par la mutation.Très invalidante, la maladie se caractérise par l'apparition progressive d'excroissances lipomateuses congénitales, des malformations vasculaires combinées complexes et progressives du tronc et par des nævi épidermiques. Jusqu'à présent, il n'existait aucun traitement curatif, en dehors des embolisations ou chirurgies mutilantes. Mais un chercheur français de l'Inserm, Guillaume Canaud, s'est dit qu'il existait peut-être un médicament qui bloque les effets de la mutation de PIK3CA. Ce néphrologue de l'hôpital Necker, à Paris, a repéré plusieurs médicaments en phase d'essai. Le plus avancé, parmi les inhibiteurs spécifiques du gène, était le BYL719 du laboratoire suisse Novartis. Il est actuellement testé chez des patients atteints de cancer.En janvier 2016, le Dr Canaud a obtenu une autorisation pour un usage compassionnel chez un patient de 29 ans atteint d'une forme très avancée du syndrome de Cloves. Très simple, le traitement oral expérimental consistait à prendre un comprimé de BYL719 de 250 mg par jour. Il s'agit d'un inhibiteur de phosphoinositide 3-kinase (enzyme régulant la prolifération cellulaire) actuellement évalué dans plusieurs études de phase I et II.Au bout de 18 mois, il a été constaté une diminution importante des masses vasculaires et des excroissances, mais aussi une amélioration de la qualité de vie. Le seul effet secondaire observé était une hyperglycémie, bien contrôlée par un ajustement du régime alimentaire.Une seconde patiente, âgée de 9 ans, a pu bénéficier de ce traitement. Elle était atteinte d'une forme sévère du syndrome de Cloves menaçant son pronostic vital mais pour laquelle aucun acte chirurgical n'était possible.Compte tenu de ces résultats, depuis février 2017, le traitement a été proposé à 17 nouveaux patients dont 14 enfants, tous suivis à Necker pour le syndrome de Cloves ou des troubles apparentés, et pour lesquels le pronostic vital ou fonctionnel était engagé. Dès les premiers jours du traitement, tous ont présenté une amélioration spectaculaire des symptômes ainsi qu'une diminution de la fatigue et une meilleure résistance à l'effort. Non seulement l'ensemble des 19 patients a échappé à la chirurgie, mais ils poursuivent tous leur traitement, et leur état continue de s'améliorer.(référence : Nature, 13 juin 2018, doi : 10.1038/s41586-018-0217-9)https://www.nature.com/articles/s41586-018-0217-9