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En Australie, la PrEP est subventionnée par le gouvernement depuis 2018 et est disponible dans le cadre du système de santé national. Elle est donc peu coûteuse et surtout très accessible. Le Dr Medland et ses collègues du Kirby Institute (Université de Nouvelle-Galles du Sud) ont réalisé une analyse comparative directe entre les personnes éligibles à la PrEP : celles qui continuent à la prendre de façon stricte et continue, et celles à qui elle a été prescrite mais qui n'ont complété qu'une seule ordonnance. A l'aide des données de dispensation de la PrEP et du traitement du VIH (indiquant un diagnostic de VIH), les investigateurs ont estimé le nombre de personnes qui, au sein de chaque groupe, avait contracté le VIH entre 2018 et 2023. Au cours de cette période de suivi de cinq ans, 66.206 personnes ont bénéficié d'une PrEP. Si 19 % d'entre elles n'ont suivi un traitement de PrEP qu'une seule fois (une seule ordonnance retrouvée), le groupe le plus important (53 %) a pris un traitement de PrEP plus d'une fois, mais le pourcentage de jours couverts par la PrEP était inférieur à 60 %, signe d'une faible observance. Un troisième groupe (28 %) était, lui, plus appliqué et concerné puisqu'il apparaît qu'il a pris la PrEP plus d'une fois et que le pourcentage de jours couverts était supérieur à 60 %. Sur cinq ans, on a dénombré 207 diagnostics de VIH au sein des participants à l'étude : 55 % appartenaient au groupe à faible adhésion, 30 % au groupe qui n'avait suivi qu'un seul traitement de PrEP et 15 % au groupe à forte adhésion. Dans l'ensemble, l'incidence du VIH était faible, soit 1,07 pour 1.000 personnes-années. Cependant, on constate que l'incidence du VIH était très élevée chez les personnes ayant également suivi un traitement contre l'hépatite C, soit 9,83 pour 1.000 personnes-années. Par rapport aux personnes qui n'avaient pris la PrEP qu'une seule fois, l'incidence était de 62 % inférieure dans le groupe qui l'avait utilisée plus d'une fois mais dont l'observance était faible. En revanche, l'incidence du VIH était 79 % plus faible dans le groupe ayant le plus adhéré à la PrEP. En conclusion de sa présentation, le Dr Nicholas Medland a rappelé que même si ces résultats constituent une excellente nouvelle pour les programmes de PrEP puisqu'ils montrent clairement les avantages de rester sous PrEP, il est important d'attirer l'attention sur des groupes spécifiques comme les personnes plus jeunes, celles qui ne continuent pas à prendre la PrEP et celles qui ont suivi un traitement contre l'hépatite C car elles courent un risque beaucoup plus élevé de contracter le VIH et ont, de ce fait, davantage besoin des bénéfices que la PrEP peut offrir.Réf : Medland N. et al. Abstract 166, CROI 2024, Denver.