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La PrEP administrée quotidiennement est un outil formidable de prévention de l'infection par le VIH mais son avantage coût/bénéfice n'est vraiment intéressant que pour les personnes à haut risque d'exposition. Dès lors, quelle protection, autre que la PEP souvent difficile à obtenir en urgence, proposer aux personnes exposées au VIH de manière très occasionnelle ? Réponse avec une équipe du General Hospital de Toronto, qui a testé la "PEP in pocket" (PIP), une ordonnance de PEP de 28 jours préétablie pour auto-administration en cas de contact suspect non protégé.PrEP et PEP sont deux outils très efficaces de prévention de l'infection par le VIH, mais aucune de ces deux stratégies ne constitue un meilleur choix pour les personnes exposées de façon tout à fait occasionnelle au VIH. Partant de ce constat, une équipe d'investigateurs canadiens a testé auprès d'une centaine de candidats une forme intermédiaire de prévention, la "PEP in pocket" (PIP), qui consiste à prescrire d'avance une PEP pour 28 jours que le patient peut initier immédiatement en cas de contact non protégé à haut risque. Le patient, pour sa part, s'engage à consulter au plus vite son centre de référence pour être suivi durant la prise de PIP.Qui sont les candidats à la PIP ? L'utilisateur type de PIP est exposé de 0 à 4 fois par an à un contact à haut risque d'infection. Ce sont des personnes prudentes qui utilisent toujours un préservatif, mais il peut arriver que celui-ci se déchire lors du rapport ou il peut arriver que le patient n'en dispose pas lorsque l'occasion se présente. Il peut aussi s'agir d'un utilisateur de PrEP qui décide d'arrêter cette stratégie de prévention mais désire malgré tout une solution de secours, ou de quelqu'un qui partage rarement son matériel d'injection ou encore de quelqu'un qui a des difficultés à obtenir rapidement une PEP classique parce qu'il vit en zone rurale, loin d'un centre d'urgence, ou ne dispose pas de moyen de locomotion pour s'y rendre.Le groupe observé de façon rétrospective par nos confrères canadiens était constitué de 112 personnes, majoritairement des hommes (96 %) âgés de 37 ans moyenne. Sur ces 112 personnes, 35 (31 %) ont effectivement fait usage de leur prescription préétablie après une exposition accidentelle : 16 n'ont eu recours à la PIP qu'une seule fois au cours du suivi moyen de deux ans, et 19 y ont eu recours de multiples fois. Sur les 69 cures de PIP entamées, aucune infection par le VIH n'a été observée. Cinq personnes ont arrêté d'utiliser la PIP, quatre en raison d'une modification de l'évaluation des risques par leur prestataire de soins, et un pour cause d'effets indésirables. Si 31 % ont décidé de commencer l'utilisation d'une PrEP durant la période d'observation, 30 % ont fait le chemin inverse et sont, eux, passés vers une PIP. Enfin, dernier point et non des moins intéressants, les investigateurs ont estimé que la PIP coûte 43 % de moins sur base annuelle que la mise sous PrEP de ces personnes à risque occasionnel. Au final les avantages de la PIP par rapport à la PrEP et la PEP sont nombreux lorsque la fréquence des expositions à haut risque est peu élevée : efficacité virologique, accès immédiat à la prévention, coût inférieur et, pour le patient, autonomie et liberté d'action. Reste à présent à mettre sur pied une étude pro cette fois pour confirmer ces premières observations intéressantes.Réf: Billick MJ et al. IDWeek 2023, Boston.