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A l'heure actuelle, on estime, qu'aux Etats-Unis, 1 personne sur 8 est porteuse du virus VIH mais l'ignore. Or, 33% des transmissions du VIH sont le fait de personnes ignorant leur statut virologique. Un récent rapport pointe du doigt les insuffisances manifestes du dépistage du VIH chez les personnes de 13 à 65 ans pourtant recommandé par le CDC (Centers for Disease Control and Prévention). En effet, sur un échantillon de 20.000 américains âgés de 15 à 45 ans inclus dans cette enquête, 40% des femmes et 55% des hommes reconnaissent n'avoir jamais été dépistés et donc tout ignorer de leur statut VIH. Mais quels sont les facteurs qui influencent l'absence de dépistage ? D'abord le jeune âge, 64% des femmes et 75% des hommes de moins de 25 ans n'ont jamais été dépistés. Le statut marital ensuite puisque la majorité des personnes jamais dépistées sont soit mariées, soit cohabitants, soit encore célibataires et non cohabitants. L'éducation joue aussi un rôle mais de façon paradoxale puisque la majorité des femmes jamais testées sont des universitaires alors que, chez les garçons, ce sont ceux avec un faible niveau d'étude qui sont le moins testés. Enfin, il y a l'orientation sexuelle. Chez les hommes, les taux les plus élevés d'absence de dépistage se retrouvent chez les hétérosexuels et les bisexuels. Chez les femmes, ce sont les lesbiennes qui sont le moins testées. L'idée que ce sont les hommes pratiquant le sexe avec d'autres hommes ou les hommes en général qui sont les principaux vecteurs d'infection reste toujours largement dominante. Dans l'échantillon particulier des personnes qui ont des pratiques à risque, sexe entre hommes, entre femmes ou prise de drogues injectables, les taux de dépistage sont nettement plus élevés que chez les personnes qui n'ont pas ce type de pratique. La conscience du risque est donc réelle et salutaire. Enfin, quand on pose la question des raisons de l'absence de dépistage, les deux réponses classiques dominent : "On ne me l'a jamais proposé" et "Mon mode de vie ne m'expose pas à l'infection par le VIH". Rien de neuf sous le soleil, les idées reçues ont la peau bien dure et ni les campagnes nationales d'information, ni le système éducatif, ni les tests gratuits et discrets, ni les autotests ne semblent faire bouger les choses. Pour les investigateurs, il demeure cependant une option majeure, lutter contre une certaine inertie des professionnels de la santé. Alors qu'on contrôle systématiquement et quasi religieusement la TA, le taux de cholestérol, la glycémie ou celui des PSA à partir d'un âge critique, pourquoi tant de réticences, de blocages, de freins à simplement proposer systématiquement un dépistage du VIH lors d'un examen de contrôle dès 15 ou 18 ans ? Tabou quand tu nous tiens !Ref: Febo-Vazquez I. et al. National Health Statistics Reports, report 107, 25/01/2018.